(flashforward) JUDAYLIN ▬ We really need to talk.

Je n’étais pas le père le plus doué du monde, ça c’est sûr et certain. Mais lorsqu’Aylin m’avait appris qu’elle voulait aller à l’Eliot House, ça m’avait mis juste hors de moi. Parce que je ne voulais pas que ma fille soit l’une des leurs, car je détestais les Eliot, je détestais ce qu’ils représentaient et ils m’avaient beaucoup trop pourris la vie dans le passé pour que ça change. Mais Aylin était ma fille, et je ne pouvais pas lui en vouloir trop longtemps. J’avais pourtant essayé de m’excuser, mais elle m’avait gentiment envoyé bouler et ça m’avait bien fait chier. Je profitais donc d’une pause déjeuné à l’hôpital pour aller directement à l’Eliot House. Je garais la voiture devant la maison, et je m’asseyais sur le capot de la voiture, les bras croisés à attendre que ma fille sorte et qu’on aille déjeuner ensemble, je n’en pouvais plus de son silence.

Ca faisait une semaine à tout casser que j'avais intégrer les eliots et je m'y sentais bien. J'étais avec mon petit ami et ma meilleure amie bref que du bonheur. Je ne pouvais pas espérer mieux et même si la Lowell House me manquait parfois, je ne regrettais pas du tout mon choix, même si ça avait pu m'éloigner de mon père entre autre. Aaron m'avait soutenue ce qui avait été assez étonnant, parce qu'il n'est pas fan des eliots même si sa copine y vit, au moins ça me fait un problème de moins. Il était midi et entre mon derniers cours de danse et le déjeuner, j'étais repassée à la Eliot House faire un tour dans la chambre de Viktor si vous voyez ce que je veux dire. Je suis encore vierge hein faut pas exagérez mais j'aime bien passer du temps avec lui dans ses bras et ne rien faire, c'est reposant. Bref mon ventre gargouille et je décide d'aller déjeuner en sa compagnie. Nous sortons main dans la main de la maison, tombant nez à nez avec .. mon père ?! Bordel il fout quoi ici ? Il a pas des gens à soigner ou je sais pas ? Surtout que nous sommes en froid depuis qu'il sait que j'ai changé de maison. Il n'arrive pas à passer au dessus de ses préjugés pour le bonheur de sa fille unique alors soit qu'il ne vienne plus me voir. Je ne comprends pas ce qu'il fait là. En le voyant, je fais demi-tour afin de partir dans le sens opposé, entrainant Vik avec moi et espérant que mon père ne me rattrape pas.

Je n’avais pas la même complicité avec Aylin qu’avec Aaron. En fait, ça avait toujours été assez compliqué dans le sens où je n’avais pas élevé Aylin comme j’avais élevé Aaron. J’avais toujours eu Aaron avec moi alors que je ne voyais pas Aylin souvent lorsque Roxanna et moi étions séparés et comme ça avait été quand même une longue période… ça ne rendait pas les choses faciles. Aylin pensait tout le temps que je préférais son frère à elle et elle se trompait. Je l’aimais, vraiment même si parfois j’étais maladroit avec elle. Et ça avait été le cas quand elle m’avait annoncé qu’elle voulait entrer à l’Eliot House. Mais le fait qu’elle refuse carrément mes excuses m’avait braqué et j’étais bien décidé à en découvre avec elle. Je la regardais sortir de la maison avec son petit ami et… elle m’ignorait ? Je fronçais les sourcils, « Aylin ? », criais-je, un peu en colère qu’elle m’ignore de la sorte alors que je prenais le temps de venir la voir. Je me redressais, la suivant en continuant de crier, « AYLIN BILLIE MONTGOMERY ! TU T’ARRÊTES TOUT DE SUITE ! » Je serrais les dents, elle avait intérêt à m’écouter, je venais ENCORE pour m’excuser, elle n’allait pas m’éviter bien longtemps tout de même, j’étais son père !

Je priais intérieurement pour que mon père se casse d'ici et arrête d'essayer de me parler pour s'excuser. Parce que je suis rancunière des fois que vous l'auriez pas remarqué. Il a osé critiquer ma meilleure amie et dire des choses franchement pas sympas bref je le déteste. Vik capte pas trop ce qui se passe mais c'est pas grave. Je l'entends dire mon prénom avec une pointe de colère, j'espère juste qu'après mon silence, il parte loin, très loin mais non. AYLIN BILLIE MONTGOMERY ! TU T’ARRÊTES TOUT DE SUITE ! C'est lui qui a commencé merde. Je crois que le déjeuner en amoureux ça va pas être pour ce midi. J'embrassais Vik lui promettant de passer le voir après mes cours ce soir. Je me retournais et voyais que mon père m'avait carrément suivie, en gueulant en plus de ça. Il veut me foutre la honte c'est ça le délire ? J'sais pas s'il se rend compte que j'ai une réputation ici à tenir. QUOI ?! Qu'est ce qu'il y a ? Tu en avais marre que ta conscience te tourmente papa ? Je sais pas comment tu oses venir me crier dessus ici. Maman, Cora, Aaron, Vik et même A&A avaient essayé de me convaincre d'aller parler à mon père mais s'il croyait que c'était moi qui irait, ils se mettaient le doigt dans l'oeil.

Ça, on peut dire qu’Aylin avait hérité du meilleur trait de mon caractère et de celui de sa mère que nous avions en commun : être têtue et avoir beaucoup de personnalité. Elle ne se laissait pas marché sur les pieds et elle avait raison, mais face à moi, c’était différent. J’étais son père, et c’était la deuxième fois que je faisais un pas vers elle pour me faire pardonner de ma mauvaise réaction face à sa nouvelle de l’autre jour. Elle me fuyait, comme je l’avais redouté et bien entendu, je criais son prénom pour qu’elle arrête de marcher. Ce qu’elle fit immédiatement lorsque je gueulais son prénom. Elle dit au revoir à son petit ami et me demanda sur un ton que je n’aimais pas du tout : QUOI ?! Qu'est ce qu'il y a ? Tu en avais marre que ta conscience te tourmente papa ? Je sais pas comment tu oses venir me crier dessus ici. Je fronçais les sourcils et je m’avançais vers ma fille, « Toi plutôt, comment tu oses parler à ton père comme ça, hein ? » Je soupirais et je m’arrêtais en face d’elle, « J’me suis excusé une fois, et là j’viens pour qu’on déjeune ensemble… j’suis ton père, et ma fille me manque… », avais-je avoué sur un ton un peu moins autoritaire que tout à l’heure, parce que c’était la vérité. Elle me manquait et je détestais l’idée qu’elle puisse m’en vouloir à ce point-là.

On peut pas dire que j'ai ma langue dans ma poche malheureusement pour moi et pour les autres. Je dis ce que je pense que ça plaise ou pas et je savais déjà que ce que je venais de dire ne plairait pas du tout à mon père. Mais il l'a cherché aussi. Limite s'il avait pu me renier quand je lui ai appris pour la eliot house il l'aurait fait j'en suis sûre. De toute manière, il n'y a qu'Aaron qui réussit tout comme papa veut. Enfin bref, s'il croit que je vais me taire parce qu'il est mon père il rêve. Toi plutôt, comment tu oses parler à ton père comme ça, hein ? Il s'arrête juste en face de moi. Tu vois pas que tu me fous la honte là ?! dis je en le regardant dans les yeux. Oui oui j'suis une adolescente rebelle on peut le dire. J’me suis excusé une fois, et là j’viens pour qu’on déjeune ensemble… j’suis ton père, et ma fille me manque… Il disait ça plus calmement que tout à l'heure. Forcément son ton baissait le mien aussi. Je croisais mes bras sur ma poitrine. Ouai et ben il fallait peut-être réfléchir avant. Je fais la moue et je boudais clairement. En plus je commençais à avoir faim moi. Mon ventre gargouillait et je priais pour que cette discussion se finisse rapidement.

Tu vois pas que tu me fous la honte là ?! Je fronçais les sourcils alors que je m’approchais de ma fille. Alors comme ça, je lui foutais la honte ? Je venais juste pour discuter avec elle, déjeuner avec ma fille et qu’on recommence à avoir la relation que nous avions comme avant, c’était elle qui avait pris la fuite. J’essayais donc de paraître plus calme histoire de calmer un peu le jeu et ça semblait marcher puisqu’elle aussi baissa le ton, et encore heureux j’ai envie de dire. Ouai et ben il fallait peut-être réfléchir avant. Je soupirais et je levais les yeux au ciel, « Aylin, tu connais le truc qui s’appelle le pardon ? Je me suis excusé, je n’aurai pas dû réagir aussi mal mais c’est fait et je m’en excuse. Tu crois que ça me fais plaisir de savoir que tu me fais la tête ? » Je regardais autour de nous puis je sortais mon portefeuille de ma poche de jean, sortant des bons de réductions dans un resto japonais pas très loin d’ici où nous avions l’habitude de déjeuner de temps en temps rien que tous les deux. « J’ai ça… tu as faim ? » J’espérais vraiment qu’elle ne m’enverrait pas bouler, parce que je ne savais pas quoi faire d’autre pour me faire pardonner.

J'avais toujours mes bras croisés sur ma poitrine, regardant mon père. Je n'avais pas envie d'être sympa avec lui et je crois qu'il l'avait compris. Je peut être une véritable peste quand j'en ai envie et là je comptais bien l'être. Je ne lâcherais pas le morceau, plus têtue que moi il n'y a pas. Oui parce que je l'ai hérité et du côté paternel et du côté maternel alors forcément je suis extrêmement bornée et mes amis sont les premiers au courant après ma famille. Aylin, tu connais le truc qui s’appelle le pardon ? Je me suis excusé, je n’aurai pas dû réagir aussi mal mais c’est fait et je m’en excuse. Tu crois que ça me fais plaisir de savoir que tu me fais la tête ? Je soupirais, roulant des yeux. Patati patata, cause toujours tu m'intéresses. Le pardon je connais mais il n'avait pas à me dire ça. Je ne répondais pas à se pseudos excuses, ouai non je m'en fichais à vrai dire. J'attendais juste que le temps passe et qu'il parte en fait pour pouvoir rejoindre mes amis à la cafétéria. Là je le vis sortir des tickets pour un restaurant japonais où nous allions souvent quand nous n'étions pas en conflit ensemble. J’ai ça… tu as faim ? Il faisait exprès de me prendre par les sentiments, il sait que j'adore cet endroit. C'est pas juste, c'est de la triche de sortir ça. Joker please. Je me pince la lèvre décroisant mes bras. Bon ok excuses acceptées mais c'est juste parce que je meurs de faim et que j'adore manger japonais ! J'estimais que je n'avais pas marcher sur ma fierté en disant ça. J'avais accepté ses excuses mais pas de suite, je l'avais laissé mariner exprès.

J'en avais vraiment marre de cette petite guerre avec ma fille. J'essayais d'être un bon père, vraiment. Ce qui n'était pas toujours facile puisque la seule figure paternelle que j'avais eu dans ma vie s'était éteinte quand j'avais neuf ans. Disons que je faisais à l'instinct mais parfois, je me plantais. Quand Aylin m'avait annoncé qu'elle voulait aller chez les Eliot, ça m'avait mis en colère et je m'étais emporté mais j'avais vite pris conscience que c'était stupide et je m'étais excusé. Sauf que mademoiselle avait un caractère de chien et elle m'avait gentiment envoyé bouler. Il fallait donc que je sorte les bonnes cartes au bon moment. Il était midi, l'heure de manger et j'avais ces coupons de réduction dans notre resto japonais préféré. Je n'étais pas sûr que ça suffirait, mais autant essayer. Je lui montrais mes coupons de réduction et je vis tout de suite que cet argument était un argument de choc et qu'elle baissait les armes. ENFIN ! Bon ok excuses acceptées mais c'est juste parce que je meurs de faim et que j'adore manger japonais ! Je souris en coin et je lui fis signe de venir avec moi, commençant à marcher vers la voiture. C'était une mini victoire, vraiment. Je lui ouvrais la portière de la voiture et je pris place côté conducteur, démarrant la voiture pour aller vers le resto japonais qui n'était qu'à quelques minutes du campus. « Alors... comment ça va..? » C'était le seul truc que je trouvais à dire. A vrai dire, nous n'avions pas parlé depuis longtemps alors qu'est-ce que je pouvais bien dire d'autre ? Il fallait que je prenne des nouvelles et que je m’intéresse un peu à sa vie. « Les cours, ça se passe bien ? », demandais-je en regardant la route et ma fille l'un après l'autre.

Je venais d'accepter ses excuses mais seulement parce que j'avais faim et qu'il m'avait sortie des bons pour un restaurant japonais, notre préféré en plus, pile dans un moment de faiblesse. Je ne peux que dire bien joué, il a gagné sur ce coup là et puis je pense que je l'ai fait assez poireauter comme ça. De toute manière, je ne peux pas rester fâcher avec lui indéfiniment. Déjà parce que je suis obligée de le voir rien qu'avec Aaron, pour les trucs qu'il doit signer, etc et puis j'ai pas envie d'aller seule à l'autel quand je serais plus âgée. Autant se réconcilier avec lui maintenant et puis ma fierté est intacte. C'est lui qui est venu me voir pas moi. On monte dans la voiture pour partir en direction de ce fameux restaurant. Il me demandait si ça allait et si les cours ça allait aussi. Je voyais bien qu'il me regardait de temps en temps mais je fixais la route. Moui ça va et les cours se passent bien, j'suis la meilleure de toute façon, je me fais pas trop de soucis ! Je ne mentais pas, c'était vrai et ça peut paraitre prétentieux mais je suis la première. J'étudie la danse et uniquement ça, maman m'a appris pleins de choses depuis que je suis toute petite et j'ai l'espoir d'intégrer une compagnie un jour.