now we're both sorry (sheng&willow)

J'ai promis à mon père que la présentation du Gala serait fini pour midi heure Américaine et j'y suis presque. Vraiment, il ne me reste plus que quelques choses à rajouter sur le powerpoint qu'il m'a fait faire et tout sera bon pour le rendez-vous que j'ai avec lui à treize heures, heure de Boston. Je profite donc de cette matinée pour me balader dans Raguse, dernière vile de mon petit trip en Sicile avec les filles. Alors qu'elles sont toutes sorties jusque pas d'heures hier, je suis restée à l'hôtel pour tenter de boucler ma présentation. Du coup, pendant qu'elles dorment toutes, je me balade en ville. Il est aux alentours de dix heures lorsque j'arrive sur la place du Dome de Raguse, prête à prendre un café et profiter de la vue. Cependant, quelqu'un en Vespa manque de me renverser et je ne peux m'empêcher de crier Non mais ça va pas dans votre tête ? Probablement un local qui ne comprendra rien de ce que je lui. Seulement, la Vespa s'arrête brutalement et un visage se tourne vers moi. Pas si italien que ça parce que je n'en ai pas vu beaucoup parler anglais depuis mon arrivée. Faut regarder où on roule mon grand ! Ou ma grande, j'en sais trop rien. Tout ce que je sais c'est qu'une discussion haute en couleur risque de démarrer au milieu de la rue silencieuse et ça me revigore quelque peu. Un peu de feu avec tout ce stress, le combo parfait pour me permettre de me détendre.

Il y a déjà plus de heures à ma montre que j’ai quitté l’hôtel sur un coup de tête pour aller courir sur la rive et prendre un café avec trois amis. Il est presque dix heures et j’imagine qu’Haiwee ne m’a pas attendu, préférant aller vadrouiller dans les musées plutôt que de regarder bien sagement la télé, à observer des tableaux et des statues plutôt que de contempler les étagères prendre lentement la poussière dans une chambre d’hôtel.

Alors il m’a fallut revenir à la réalité et à mes responsabilités, revenant en quatrième vitesse au guidon du Vespa loué pour notre séjour à Raguse. Comme l’avait souligné Ace, ce n’est pas si désagréable que çà que de voyager autrement qu’à bord d’une voiture de luxe. Le confort en moins certes, mais nettement moins ennuyé par les bouchons et les ruelles étroites qui nervurent la ville. Presque à destination, il y a cependant cette chevelure rousse un peu plus loin, une passante assez svelte et élancée qu’en quelques secondes je crois pouvoir identifier : Witter. Elle est beaucoup trop proche de notre hôtel c’est suspect, encore à vouloir nuire à notre tranquillité. Alors consciemment le poignet s’abaisse et la direction est calculée pour la frôler jusqu’à l’entendre avec une profonde satisfaction hurler. Non mais ça ne va pas dans votre tête ? Puis il est temps d’affronter la furie, me stoppant sur le bas coté pour déplier la béquille, raflant les quelques brins d'herbe s'échappant des pavés et voir….. que je me suis complètement planté de cible. Faut regarder où on roule mon grand !  Elle est bien rousse et je l’ai déjà bien croisée, elle est bien du grand monde mais ce n’est pas celle que j’espérais. Le casque est ôté, posé sur la sellerie, agacé de m'être foiré sur ce coup. " Désolé. C'est pas toi que je visais. " Mais j'aurais peut-être dû puisque c'est la best friend de Wendy. " Je t'ai confondu avec quelque d'autre. Une autre rousse aux dents longues, " et qui souhaite faire main basse sur le monde. " T'as rien au moins.... " Pas vraiment une question parce qu'elle ne semble pas avoir été touchée, juste peut-être dans sa fierté.

Cet été en Europe aura été des plus mouvementés. Entre mes aller-retours et les folies de mes amies, je n'ai pas eu trop le temps de vraiment profiter de quoi que ce soit, ce qui n'est pas si grave que cela. Pour commencer, je connais l'Europe parce que j'y ai grandi, mais aussi parce que je pourrais revenir quand je le souhaite, je le sais. Mais entre les tumultes de ma vie, je prends cette matinée pour me balader et visiter. Cela me permettra probablement d'avoir un regard neuf sur la fin de mon powerpoint et la réunion qui m'attend avec mon père plus tard. Enfin, pour cela, il faudrait que je ne me fasse pas tuer, ce qui me semble compromis. Je ne peux m'empêcher de me faire entendre et lorsque la voix s'avère être masculine, je prie intérieurement pour qu'il s'agisse de mon Paolo à moi. Après tout, nous sommes en Italie, je suis américaine et même si nous ne sommes pas à Rome, ça peut se faire. Manque de bol, ce n'est ni Paolo ni Roméo mais Sheng, ce qui me fait grimacer légèrement. Je t'ai confondu avec quelque d'autre. Une autre rousse aux dents longues. Incapable de me retenir, je lève les yeux au ciel et soupire doucement. Bordel, j'ai passé la moitié de mon séjour à croiser sa copine et maintenant c'est sur lui que je tombe. Vraiment, le monde m'en veut. T'as rien au moins.... Je ne peux m'empêcher de le dévisager et de souffler Comme si t'en avais quelque chose à carrer sérieusement. On ne me la fait pas à moi. Elle t'obsède toujours autant, à ce que je vois. C'est triste pour Pocahontas, elle apprécierait pas de savoir que t'as tout fait pour avoir une raison de passer du temps avec Wendy. Et si moi j'arrive à mettre le feu à qui que ce soit, ça me va. Ça me fera vraiment tout oublier, même Ford et bordel, c'est le bienvenue ça !

Une rousse contre une autre rousse, le deal était plutôt équitable et le monde ne s’en serait porté que mieux… J’ai loupé l’occasion de le rendre un peu meilleur, une opportunité qui ne reviendra pas de si tôt. « Comme si t'en avais quelque chose à carrer sérieusement. » Du même acabit que Witter, sa langue fourche dans un vocabulaire qui laisse franchement à désirer, loin du jargon utilisé dans la bonne société. Mais il parait que l’on peut tout se permettre lorsqu’on est friqué alors je suppose que c’est comme une seconde nature pour elle et que tous l’en excusent sans broncher.  « J’me force, pour les témoins, » la sympathie surjouée pour que tous me prennent en pitié, pour leur faire croire que c'était vraiment la faute à pas de chance si tu as failli y passer.
« Elle t'obsède toujours autant, à ce que je vois. » Wendy ? Oui mais que lorsqu’il est question de nourrir d’étranges envies la concernant et aujourd’hui le lubrique n’était pas au rendez-vous, c'était uniquement pour le plaisir de la faire hurler et de lui gâcher sa journée. « C'est triste pour Pocahontas, elle n’apprécierait pas de savoir que t'as tout fait pour avoir une raison de passer du temps avec Wendy. » Le regard balayant les hauteurs des murs en crépit, elle ne pouvait pas plus se planter en pensant que je traquais la rousse dans les allées. « Je ne sais pas Médusa. Peut-être que je souhaitais la faire rapatrier au plus vite aussi. » Lui écourter son séjour et pouvoir profiter de la ville sans avoir à la croiser.... Une possibilité. « Puis étant son amie, tu serais repartie avec, » solidarité féminine oblige. La petite répartie lancée, c'est dans mes poches que mes mains vont se fourrer pour y ranger les clefs et quitte à pousser le vice à propos de sa générosité et de son empathie pour certains bien nés.... « T'aurais pas une petite pièce pour un café? »

Je commence vraiment à croire que quelqu’un m’en veut. Pourquoi est-ce que je ne croise que des gens dont je ne souhaite pas la compagnie et qui ne peuvent rien m’apporter ? Haiwee il y a quelques jours et maintenant lui. C’est désolant et triste pour moi qui comptait sur l’Italie pour me détendre avant le retour constant au travail. Mais non, ce n’est pas encore aujourd’hui que je trouverai le regard d’un bel italien, d’un Paolo digne de ce nom. J’me force, pour les témoins. Je glisse le regard sur ma droite et ma gauche, désabusée par la situation. Quels témoins ? Le papy au loin qui n’a même pas bougé d’un centimètre ? Soit. Et alors que je le détaille, je me dis que dans une autre réalité, il aurait pu faire l’affaire. Après tout, j’adore Mulan et Li Shang. Sheng, Shang, on est pas loin non ? Mais manque de bol pour lui, il n’y a rien qui se passe. Je ne sais pas Médusa. Peut-être que je souhaitais la faire rapatrier au plus vite aussi. Puis étant son amie, tu serais repartie avec. Je ne peux m’empêcher de lâcher un petit rire. Même pas en rêve. Je ne suis pas là avec Wendy - et ne l’ai même pas tant vu que ça ces derniers jours - mais en plus, il n’y a pas qu’elle dans ma vie, c’est fou ça. T'aurais pas une petite pièce pour un café ? Je grimace et vois tous mes rêves de princesse Disney s’envoler pour de bons. T’es pas genre… supposé pouvoir te payer ton café ? Papa ne te donne pas d'argent de poche ? Que je demande, perplexe comme jamais. Il se fout de ma gueule en plus de ça ? C’est sympa. Je sais bien qu’on est près d’une Cathédrale mais demander l’aumône, c’est un peu fort, non ? Surtout que je n’ai besoin que de quelques secondes pour voir qu’il n’a pas besoin des dix euros que je pourrais lui filer, par pur charité. Et je préfère qu’un homme m’invite. Surtout quand il m’importune et manque de me tuer. Pour être honnête, je me fiche bien de payer ou autre mais le premier verre, quand même ! La galanterie, ce n’est vraiment plus ce que c’était.