silence becomes king (naby)

mardi 27 aout, 20h.
@Ruby Mayfield -- tu pourrais les compter, les jours. sans l'avoir vu. et t'auras beau t'enrouler, dans tous les mensonges. t'as rien oublié. elle, son parfum, sa peau. rien. ancré dans la tête, comme les gravures sur un arbres. l'écorce saignée, indélébile. les marques à jamais. les pas lourds, pas l'envie de venir, ici. pas l'envie d'être là. revoir ses traits, ceux que tu pourrais dessiner sans même douter. pas l'envie de l'écouter. pourtant, là. le rendez vous donné, tu veux savoir ce qu'elle veut t'cracher depuis des semaines. en face à face, uniquement. l'envide se venger, peut être, la blonde. trouver dans des ébènes, toute la peine d'être là, en face des démons. ceux que t'as cherchés.  semelle qui bute dans la pierre, roule plus loin. arrive jusqu'à elle. le froid, glaciale. salut. sang chaud devient gel.

@Naim Wolford -- moment aussi attendu que redouté. ce soir tu vas lui avouer ton pire secret. le tien. va devenir le votre. il y a un mois tu refusais de lui en parler. ne plus jamais le revoir. et le chagrin a laissé place à quelque chose d'autre. la colère. la volonté qu'il souffre lui aussi. l'envie qu'il sache, qu'il soit obligé de faire son deuil, lui aussi. revanche égoïste. mais t'en as besoin.  besoin de lui faire regretter ses choix. vider ton sac. et au fond, l'inavouable : besoin de partager ça avec lui. espérer, peut-être, pouvoir partager ça à deux. sol du parc foulé, t'arrives dans la direction opposée. lèves la tête quand le cailloux s'arrête à tes pieds. - salut. suture qui s'arrache, cœur qui saigne. plaie béante. - tu devrais t'asseoir. désigne le banc d'un signe de tête. froideur qui ne te ressemble pas, toi le soleil.

@Ruby Mayfield -- t'asseoir. quand toi tu veux partir. quand toi tu ne veux pas rester longtemps, ici. tu veux fuir. toi, elle. tes conneries. soupire, bruyant. le banc derrière toi, accueil ta carcasse trop lourde. j'écoute. vite, que tu te casses, fumer un joint, voir scott, faire chier un de tes sœurs. bref. que tu dégages de là.

@Naim Wolford -- wolford docile, s'exécute à ta demande. moment rare. tu l'observe un court instant. il t'a manqué. regard détourné. pas le moment de s'adoucir et de regretter le passé. tout est terminé. plus de vous. juste ce qu'il reste, ce secret. - je ne sais pas comment te le dire. ça s'annonce comment ce genre de chose ? tu souffles, replaces tes mèches blondes derrière tes oreilles. - j'ai fait une fausse couche. mi-juillet. droit au but. t'observes sa réaction. colère qui revient en te remémorant que t'as perdu ce qui aurait pu être le trésor de ta vie. - pendant que tu comblais ta frustration avec des blondes différentes chaque soir, comme t'as dit, moi je perdais notre enfant. reproches crachés à la figure. tu le détestes pour ça.

@Ruby Mayfield -- et tu exécutes. docile pour mieux partir. attends qu'elle parle. les jambes trop écartées, dégaine nonchalante, ici. et le corps se redresse. les mots piques. quoi ? muscles raides. corps tendue. tu veux rire, c'est juste une blague. elle te fait juste marcher. mais les paroles continuent. le coeur ne fait qu'un tour. corps retrouve dans le banc. sans rien dire. mots qui manquent. l'air manque. tout va lâcher, le poids du sol se dérobe sous les pieds. plus la force de parler. de rien. regarde le vide.

@Naim Wolford -- tu les vois, les émotions. dansent dans son regard. elles changent rapidement, puis disparaissent. plus rien, yeux vide de tout. tu savais que ça allait lui faire mal, ça. c'est pour ça que tu voulais lui dire. besoin de le voir aussi malheureux que toi. envie qu'il ait mal, lui aussi. - pendant que tu t'amusais moi je... paroles coupées par l'émotion. gorge serrée, larmes au bord des azurs. grande inspiration avant de reprendre. - moi j'étais toute seule. j'ai regardé le sang couler sur mes cuisses toute seule. je suis allée chez le gynéco toute seule. j'ai fait des tests toute seule. t'étais pas là putain, alors que t'aurais dû l'être. t'aurais dû être là quand j'ai perdu ce qu'il restait de nous. l'enfant que t'as toujours désiré, toi. les larmes inondes tes joues.

@Ruby Mayfield -- et tu n'entends plus. des mots s'ecorchent contre toi. dévastent ton âme. les billes se relèvent, tombent sur son visage. les larmes coulent sur les joues. tu veux les sécher. la prendre dans tes bras. mais tu ne peux pas. tu ne bouges pas. tu ne parles pas. impossible. trop longues secondes s'écoulent. mains s'écrasent sur le visage. ta gueule putain. murmures s'écrasent donc là peau. ta gueule ruby, ta gueule. le corps se lève cette fois. tourne en rond. incapable de savoir quoi faire.

@Naim Wolford - les mots se faufilent entre tes lèvres. impossible d'arrêter. tu revis le cauchemar en flashback. ce moment là, en france. t'aurais envie de lui montrer les images, celle que t'arrives pas à oublier. il se lève, mots qui te demandent de la fermer. lion en cage que tu observes d'un regard noir. le bleu de tes yeux est devenu orage. - me dis pas de la fermer  quand tu ne comprends même pas un dixième de ce que je ressens. égoïste. à juste titre ? - si t'avais pas été un connard ça ne serait peut-être pas arrivé. si t'avais été avec moi ce jour là, tout aurait été différent. tout est de ta faute. et je te déteste. torrent sur tes joues. - tu voulais que je te haïsse ? c'est fait. je ne te pardonnerai jamais tout ça. méchante. ruby en quête vengeresse. tu ne penses même pas les mots que tu dis.

@Ruby Mayfield -- accusations tombent. tu veux hurler. plus fort. plus fort qu'elle. plus fort que les émotions. impossible. pourtant. rien ne sort. je.. putain. l'envie de gerber. les tripes se retournent. à imaginer. tu penses à l'enculé que tu peux être. pour elle, les autres. je vaux pas mieux que lui, hein. ton père ton géniteur. celui qui s'est barré et qui l'a laissé, ta mama. les murmures, quand la voix retombe.

@Naim Wolford - la colère se déverse en même temps que tes mots. but de lui faire mal ce soir. par vengeance. par tristesse aussi. celle de ne plus être avec lui, de ne plus pouvoir te blottir dans ses bras alors que t'as envie de t'y réfugier. celle de ne pas l'avoir eu à tes côtés, quand tout s'est produit. lui, étonnée, d'abord, quand tu penses qu'il parle de ton père, et puis tu comprends qu'il parle du sien. le géniteur connard qu'il haïe. - mh toi au moins tu ne le savais pas. pas tout à fait comme lui, de ce que t'en sais.