(adlum) summer of love

Le summer camp se transformait doucement en un voyage à travers l'Europe. Aucune découverte du côté d'Imogen, mais c'était toujours appréciable de vagabonder dans les rues de la capitale française, d'autant plus avec les Jeux Olympiques. Quincy était aux anges avec ces célébrations sportives qui popaient à la moindre occasion et il n'en fallait pas plus pour donner le sourire à la blonde. Néanmoins, ce soir-là, son bonheur était teinté par l'anxiété qu'elle ressentait depuis des semaines. La faute à la petite voix intérieure qui ne cessait de lui répéter qu'elle était amoureuse d'un homme volage pour qui elle ne sera jamais suffisante. Ahum. Un soupir lui échappe des lèvres pendant une fraction de seconde quand elle se laisse tomber sur le lit. Durant un instant, elle a oublié la présence de l'étudiant dans la pièce. Il ne pouvait pas louper le changement d'humeur qui se jouait devant ses yeux. _ Qu'est-ce qu'il y a ? Son sourcil parfaitement épilé se dresse pour l'encourager à cracher ce qu'il a en tête. Peut-être qu'elle avait besoin qu'il lui tende la perche pour qu'elle s'élance dans cette discussion qui lui brûlait les lèvres depuis le début des vacances.

@Quincy Adler

L’émerveillement brille dans ses iris, se lit à travers ses fossettes creusées par ce sourire béat constant. L’gamin transcendé. Devant ses héros du premier jour devenus ses coéquipiers, devant l’engouement passionné des jeux, devant Immy et la douceur de leur séjour dans la capitale. Presque un paradis perdu. L’temps d’un instant, le nuage noir qui menaçait de recouvrir le grand ciel bleu de leur.. relation s’était dissipé. Jusqu’à ce qu’il ne le soit plus. Jusqu’à ce qu’il revienne s’inviter de pleine force ce soir à l’hôtel. Elle devait le sentir l’orage qui planait au dessus d’eux, il n’en doutait même pas, l’étudiant plus que de raison lorsqu’elle avait le regard tourné. Les changements subtiles de son humeur ne lui échappait jamais et ce soir, ce n’était pas une exception. Aucune surprise ne vint à se lire dans l’visage du brun quand elle le confronte. Aucune réflexion ne lui passe par la tête quand il lui répond. Tu vois quelqu’un ? De but en blanc. Le pansement arraché à une vitesse grand V - sans doute à une trop grande vitesse au vu d’la confusion que sa question pouvait générer. J’veux dire, en dehors de… ça.  Le geste qui la pointe elle et lui, ensemble, l’entité qu’ils formaient à deux. Eux. De nous, qu’il faillit même laisser échapper, qu’il retient au fond d’sa gorge, l’estomac soudainement noué par une culpabilité dont il ignorait la source. Ou plutôt dont il préférait ignorer.

S'il y avait bien une question à laquelle elle ne s'attendait pas, c'était celle-ci. Question pourtant légitime puisqu'ils étaient libres de faire ce qu'ils voulaient. Aucune étiquette ne les définit. Il était peut-être là le problème ? À trop vouloir de liberté, cela ne faisait que compliquer les choses quand les sentiments se pointaient à la surface. La blonde qui avait toujours de la ressource pour dire un peu trop fort ce qu'elle pensait se trouvait muette pendant un instant. Sourcils qui se froncent face à l'incompréhension, elle se demande si elle ne va pas lui voler dans les plumes pour être aussi stupide. Évidemment, elle ne voit personne d'autre que lui et, quand bien même elle le voudrait, elle n'y arriverait pas. C'est la clarification qui l'achève. Elle s'insurge d'un soupir exaspéré et se lève aussitôt pour lui faire face. _ De ça ? C'est tout ? Tu n'as pas mieux ? C'en était blessant d'être réduite à un vague geste de la main, comme si leur relation ne valait pas grand chose finalement.

La question la prend de court - à juste titre. Même lui ne s’attendait pas à ce que sa langue le trahisse plus vite que sa tête. Et l’instant regret sur son approche se lit par la grimace et sur le visage d’Immy, des traits qui se déforment d’une expression qu’il connaît on ne peut trop bien. Ce mélange de contrariété, contestation et déception. Qui renversent sens dessus-dessous ses organes. C’est pas c’que je voulais dire.. Il imiterait presque aussi bien son soupir si son mécontentement, à elle, le faisait pas si simplement paniquer. Surtout quand elle se trouvait face à lui, maintenant. Et que l’espace entre eux se réduisait. En fait, je sais pas. Je sais pas ce que je voulais dire. Je sais pas comment nous qualifier parce que je sais pas ce qu’on est. Il clarifie d’un ton frustré, montant légèrement ce ton malgré lui, s’avançant d’un pas vers elle aussi malgré lui. Le regard se suspend dans le sien. J’ai couché avec une autre cet été. Deuxième pansement arraché. Et comme le premier, l’envoi - trop instantané - du message était à revoir. Enfin, pas ‘une autre’ sous-entendu que je t’ai.. Trompé ? Non, choisis un autre terme dude. Avec quelqu’un d’autre j’veux dire. J’ai couché avec quelqu’un d’autre. Il se raccroche aux branches, Adler, se rattrape après s’être négligemment raclé la gorge. Le même poids qui pèse au fond d’son estomac, ce sentiment de faute qui le poursuit et tache le ciel bleu qui s’était récemment instauré au-dessus d’eux. Ce sentiment qui le pousse à éviter son regard, décidément pas prêt à se confronter à une quelconque peine dans ses pupilles.

Ça. Les souvenirs du passé l'envahissent et Imogen peine à garder son masque impénétrable. Un brouillard s'invite, masquant ses pensées raisonnables, tandis qu'une bouffée de chaleur se laisse apparaitre à la naissance de sa nuque. Ça, c'est le palier qu'ils n'ont jamais su dépasser ; à croire qu'ils tournaient inlassablement en rond à défaut de se tourner autour. Une fois encore, elle vint lui faire face, prête à endurer ce qui allait suivre.
S'ils n'ont jamais défini leur relation, elle espérait que les signes soient assez importants pour qu'il comprenne où elle voulait en venir. Étonnamment, elle aurait pu se laisser berner par la compassion. Blum aurait pu garder son calme et entamer une conversation mature pour étiqueter leur relation. En réalité, elle en mourrait d'envie. Puis, cinq mots qu'elle connait par cœur résonnent dans la chambre d'hôtel, vidant cette dernière de son oxygène. L'air de ses poumons s'échappe d'un rire qui ressemble étrangement à un sanglot. Reprends-toi Imogen. Ses poings se serrent et se relâchent avant qu'elle n'explose. _ Si tu n'es pas capable de mettre des mots sur notre relation, mais que tu es capable de te taper la première qui croise ton chemin, c'est que t'en as rien à foutre, Quincy ! Oubliez la colère, tout ce qui restait dans son regard, c'était de la lassitude. Elle était blasée d'avoir ces sentiments pour lui et de ne rien avoir en retour. Elle était en colère contre elle-même de tomber dans le même piège sans prendre de précaution. Sa main vint glisser sur son visage, soudainement défaite par la situation. Elle tourne les talons pour rejoindre le pied du lit et regarder l'environnement qui les entoure. _ Notre relation, c'est moi qui suis amoureuse de nous et toi qui ne sais pas quoi faire de ça. Mais maintenant, cela n'avait plus d'importance dans la mesure où ils revenaient une nouvelle fois dans leur impasse.