dance with our demons, sonny

@Sassia Fahrat — la culpabilité pour bercer tes nuits. ta vie, comme une mélodie au refrain raté. le vinyl égratigné, tourne-disque écorché, trop de fois avait-il  cessé de tourner pour ne cracher que quelques notes étouffées. toujours la même rengaine. haïr les mortels, mais pas autant qu'il pouvait se mépriser, lui. à en crever. sombrer. c'est une besogne qui se faisait solo. pouvait entraîner personne avec lui. ne le ferait pas, peu importe qu'on le supplie. tu gueules, beugles, cries à t'en époumoner. te fends l'âme au passage. écorchures sataniques. mais, comme un mauvais rêve, personne ne t'entend. pas même sûr qu'on te voit. sleep paralysis. rêve aux tons de gris, cauchemar vivant. t'es le seul à te faire guerre, et pourtant, c'est contre le monde entier que tu te défends.


sassia, tu l'avais repérée depuis un moment déjà. toi, terré dans un coin ombragé, à la manière d'un prédateur guettant sa proie. à l'exception seule que tu n'avais rien d'un prédateur. mais elle avait tout d'une proie. animal blessé qui se pavane sous le regard hostile des rapaces. tu n'oses détourner le tien; pourraient s'en saisir. t'oses pas t'approcher, préférant veiller dessus à distance – comme un ange démon gardien. un bref signe de la main lorsqu'elle pose son regard sur toi, pieds ancrés au sol, n'osant pas bouger.