Americano? Benvenuto! [Ace

« J'préfère qu'on m'appelle Ace. » sonnait une voix dans le dos du capitaine de l'équipe des ananas sur pizza. Ayant entendu son nom, Ace s'était automatiquement approché de l'homme venu le chercher, sachant qu'il ne le reconnaîtrait sûrement pas ; et vice versa. Séparé de Rose et d'Amore depuis quelques courtes minutes, Ace était arrivé depuis seulement une quinzaine de minutes et se traînait encore sa valise ainsi qu'un sac à dos, la casquette sur le crâne pour cacher les épis bordéliques de sa chevelure suite à ses longues heures de vol. Tendant la main pour serrer celle de Sheng, il lui offrit un salut amical, semblant détendu, bien qu'ayant quand même l'air assez fatigué. « Merci d'être venu m'chercher, et encore désolé du retard. On a le temps de passer par l'hôtel, vite fait ? Pour que j'dépose ma valise temporairement. » L'homme devant lui faisait sa taille, et avait aussi une sacrée carrure. De quoi le faire instantanément apprécier Sheng, juste sur une question de vibe et d'allure. Un gars costaud, quelqu'un qui inspirait la force.

La poigne est ferme et assurée. Sheng lui avait fait bonne impression à première vue, mais sa poigne lui confirme ce sentiment ; nullement timide, ou forcée. Un respect mutuel qui s'imposait dès les premiers regards échangés, et c'était une chose rare. La méfiance habituelle du Chung se terrait au fond, peut-être fatiguée du voyage, ou apaisée par l'atmosphère italienne ─ ou peut-être que la disponibilité de Sheng pour l'accueillir avait suffit à la faire taire. « Toujours rien ? J'ai bien fait d'arriver tôt. » Il lança un regard vers la sortie indiquée de l'aéroport, et les deux hommes se mirent en marche. Le jour s'était levé en Italie, mais la nuit était tombée sur Boston, de quoi dépayser légèrement Ace qui n'avait pas vu la nuit passer. « J'irai probablement faire ça ouais, non pas que j'sente le bouc mais... après plus de onze heures de voyage, ça va me réveiller un peu. » Il posa le regard sur Sheng tout en marchant, l'observant toujours un peu, comme pour tenter de percevoir le genre d'homme qu'il était. « T'as pu croiser les autres équipes ? »

Non, pas vraiment, du coup. Ace avait déjà un peu fouiné de son côté, mais irait vérifier un peu avant la compétition qui étaient les autres participants ─ c'était quand même pas un secret d'État, si ? Réajustant son sac sur son épaule, Ace ne fit aucun autre commentaire au sujet des équipes. Il verrait bien assez tôt de lui-même. La conversation changea pour parler hôtel, et Ace eut un doute sur le nom. « Euh, laisse-moi revérifier... » Avec toute cette agitation, il n'était même plus sûr. Téléphone sorti, il fouilla dans ses mails sans s'arrêter de marcher. « ... B&B Mondello Design, apparemment. » Téléphone rangé, ignorant les quelques messages reçus pour l'instant, il relevait le nez vers Sheng. Ils sortaient de l'aéroport et la chaleur attaquait sauvagement Ace qui expira lentement. « Punaise ça n'a rien à voir avec Boston. Heureusement que j'encaisse bien la chaleur parce que ça tape. J'espère juste qu'ils vont pas nous faire courir un marathon, y'aura des morts sinon. » Mais lui ? Non, jamais. Il suerait sang et eau, mais il finirait la foutue course s'il y en avait une.

A voir Sheng, Ace l'aurait imaginé bien costaud face à la chaleur, mais il fallait admettre que le choc thermique pouvait être assez conséquent. C'était d'autant plus flagrant que le climat de Boston n'avait rien à voir avec celui de l'Italie, et comme pour le décalage horaire, il leur fallait un temps... d'adaptation. Ace ne cacha pas son sourire amusé. « Bah, on est là jusqu'à la fin du mois, on aura l'temps de s'y faire. J'espère. » Sinon, ils allaient juste souffrir, et prendre leur mal en patience. Valise tirée, détendu mais fatigué, Ace suivit Sheng jusqu'à l'hôtel, faisant connaissance avec lui au passage. Un trajet tranquille et détente, mais durant lequel il sentait l'horrible sensation qu'il allait s'écrouler à tout moment. « J'vais aller poser ma valise puis me shooter au café pour cet aprem. J'vous retrouve là-bas. » déclarait-il alors qu'il rangeait son téléphone après avoir regardé l'heure. « Merci d'être venu m'chercher, et à plus tard ! » Et après un bref salut de la main, il disparu dans l'ascenseur.

Fin