Color my life with the chaos of trouble

Non, disait-elle, désignant ensuite Sheng. Ace suivit le pinceau du regard, regardant l'autre homme occupé avec une enfant. Le message était clair, et compréhensible. Ils avaient leur petit cocon, leur zone de confort ; si Sheng venait à se mêler aux problèmes d'Ace, leur quiétude se changerait en tempête, et Ace en serait responsable. Il ne le voulait pas non plus. S'il n'en dit rien, il eut la sensation de fermer une énième porte mentalement, bloquer un passage en prévention des risques. Une image de soi lente, mais une décision prise en un éclair, pour éviter une cascade de problèmes.
Sheng se retournait vers eux, soulignant que la gamine avait fait de la pluie ; à ce moment là, Ace se permit un rire. « Sérieux ? J'aurais dit les grosses fesses d'un dragon. » Après une profonde inspiration, ses épaules se détendirent et il s'efforça d'avoir l'air un peu moins morose. Il changeait légèrement de couleur de son côté, mélangeant un peu de blanc et de jaune pour changer légèrement la tête ─ il semblait savoir ce qu'il faisait d'ailleurs. « Par contre Haiwee, t'es sûre de ce que tu peins ? On dirait un peu une sirène là, plus qu'un oiseau. » Petit regard dans sa direction. « Tu veux de l'aide ? »

La réaction brusque de Sheng aurait pu le faire rire, si bien qu'Ace se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas montrer un trop grand sourire amusé à sa réaction. La scène devient alors lunaire ; Haiwee se défendit de son oeuvre comme étant quelque chose d'abstrait, et Sheng se faisait refaire le fessier par sa voisine de bas âge, alors qu'Ace se retenait de rire. La pluie de la gamine semblait venir s'abattre pour créer un arc-en-ciel sur Sheng, et Ace admirait la patience de l'homme qui ne se transformait pas en tigre à la seconde même où le pinceau avait touché son bêtement.
Il les aimait bien, ces deux là. La dynamique était plaisante, et s'il en oubliait ses problèmes, il ne doutait pas un seul instant du bon temps qu'il pouvait passer en leur compagnie. Il se fit violence pour détourner le regard de ce qui l'amusait autant, pour finir sa propre oeuvre qui était indéniablement une rose. Une rose seule, au rouge coulant certes un peu de ses pétals, mais une rose qu'il aimait et l'apaisait un peu malgré les deouleurs. Dans un dernier mouvement qui rappelait un arc de parasol pour délimiter un fond blanc, Ace recula ensuite de quelques pas, faisant bien attention à ne pas se prendre le pied dans le pot de peinture voisin, et observa la fleur avec des émotions... conflictuelles. Mais un léger sourire sur le visage, et le regard définitivement plus doux.