small victories can lead to bigger ones (lenya #1]

Après une course acharnée, il fallait bien avouer qu’Anya avait du mal à laisser retomber la pression. C’était elle qui l’empêchait de se laisser aller à la douleur qu’allait provoquer les courbatures dans ses muscles encore tendus par l’effort. Mais celle-ci était bénéfique, une douleur saine et revigorante qui permettait d’oublier les tracas du quotidien. La joie de la victoire se fit ressentir parmi l’ensemble des membres du clan du grand corbeau. Un éclat lumineux se retrouva dans les yeux des membres de l’équipage dont l’avance finale n’avait laissé aucun doute quant à la victoire, ce qui ne les avait pas empêchés de redoubler d’efforts après avoir pu trancher la chaîne, un léger détail qui avait fortement amenuisé leur écart avec les autres groupes. En ces instants de triomphe, Anya ne songeait pas du tout à son époux ni à sa vie plutôt morose de femme au foyer. Ce n’était pas le fait d’être une housewife qui la dérangeait, bien au contraire, mais il s’agissait plutôt de la personne pour qui elle l’était. Et c’est cette pause dans sa vie courante qui la rasséréna. Ça et l’adrénaline qui circulait toujours dans ses veines.

Prenant une grande inspiration de cet air que la rivière rendait légèrement plus frais, le regard de la brunette se perdit un court instant au loin tandis que les autres se levaient à tour de rôle pour sortir du bateau. Sentant son voisin se redresser, la slovaque tourna le regard vers lui sans même y penser. Alors que l’homme prit appui sur le rebord de l’embarcation pour en sortir, il tendit son autre main vers la brunette dans un geste de galanterie auquel elle ne s’attendait pas. Après une milliseconde d’hésitation, la jeune femme glissa sa main délicatement dans celle de son voisin de course, les rayons forts du soleil d’été faisant plisser ses yeux. Son camarade de course la fit glisser vers la terre ferme et prit la parole simultanément, approuvant leur course et lui souhaitant la bienvenue à terre tandis que ses pieds rejoignirent le ponton. Il lui adressa alors un sourire communicatif auquel Anya ne put s’empêcher de répondre. Ce moment si joyeux et si pur, elle le garderait dans sa mémoire, elle en était sûre. Le torse bombé par la fierté, elle lui répondit : « Je vous remercie infiniment Skipari ». Il s’agissait d’un terme Viking signifiant matelot qu’elle avait lu dans la brochure et qui lui semblait parfaitement adapté à la situation. Les autres drakkars poursuivaient leur périple mais la suite du résultat leur importait peu. Le score à venir semblait plutôt serré tandis qu’ils se rapprochèrent de la ligne d’arrivée. D’une voix douce mais enjouée, la dame ajouta à l’intention de son voisin : « Cela va être dur de revenir à la vie normale après cette superbe victoire ! ». Elle espérait sincèrement que le moment allait se prolonger, souhaitant profiter de ce triomphe encore un instant dont la durée ne dépendait pas d’elle.