Gelato therapy || (ft Ascella)

Le séjour se poursuivait sans encombre pour Lyssandre, à condition qu'il mette de côté la dispute survenue quelques jours plus tôt avec sa cadette, restée à Boston. Une dispute récurrente qu'il avait décidé d'abandonner cette fois, conscient que cela pourrait pourrir l'intégralité de ses vacances ou presque. Le petit-ami de la belle provoquerait toujours chez son aîné une rage incontrôlable. Il le détestait Lyssandre, et plus le temps passait pire c'était. Mais il était loin de Boston, de sa soeur et du petit-ami de cette dernière alors mieux valait-il oublier tout cela. Jusqu’à la prochaine dispute. En attendant il profitait de son séjour, de la richesse culturelle de l’Italie pour décider de ses visites et sorties. Toutes n’avaient pas pour but de se vouloir instructives, après tout c’était les vacances, mais toutes avaient pour vocation de lui changer les idées. Ou de changer les idées à quelqu’un d’autre. Il ne sait pas à qui profiterait le plus cette journée, mais l’idée de retrouver Ascella lui apportait un certain réconfort, le sentiment d’être un peu à la maison sans vraiment y être. « Hey ! Comment vas-tu ? » C’est avec un large sourire et un bisou sur la joue qu’il l’accueille alors que sa silhouette se détachait enfin de la foule. « Prête pour la meilleure glace de nos vies ? » En tout cas l’espérait-il.

C’était insoupçonnée, cette amitié qui liait désormais Lyssandre à Ascella. Certes, l’entente à la coterie avait toujours été bonne, les échanges multiples, quand chacun rentrait le soir et qu’ils étaient nombreux à se partager les parties communes, mais avec Ascella, c’était légèrement différent. Ils avaient commencé à échanger de façon plus régulière, mais aussi plus intime. Et étonnamment, il pourrait dire avec précision quand cela commencé Lyssandre, comme s’il n’avait suffit que d’un petit évènement pour mettre le feu aux poudres déjà présentes. Depuis son invitation au bal, alors qu’il s’attendait simplement à réaliser une action un peu chevaleresque et bien que la soirée ne s’était pas passée comme prévue, ils s’étaient liées d’une relation nouvelle qu’il n’avait pas peur de qualifier d’amitié. Ascella était celle qui réussissait à percer doucement la coquille du Wayne, et il le sentait. Tout comme il avait rapidement réussi à mettre la blonde en confiance, suffisamment pour évoquer des sujets personnels tels que son intimité avec les autres ou la façon dont elle la concevait. Il s’interroge d’ailleurs sur l'avancée de sa relation avec une certaine personne, un homme dont il a entendu parlé à plus d’une reprise Lyssandre, et serait impatient de rencontrer si les choses venaient à se concrétiser. Les bras d’Ascella autour de lui, il lui rend son étreinte, dépose ses lèvres sur sa joue de façon un peu fraternelle. « J’espère bien ! Je me poserais des questions sur ce que tu penses de ma présence à la coterie sinon. » Il la taquine, parce qu’il sait qu’il n’est pas toujours facile de vivre avec ses amis ou les gens qu’on aime, que certaines habitudes de vie se retrouve vite au coeur des conflits, comme quand lui laisse traîner ses pinceaux dans l’évier de la cuisine ou le lavabo de la salle de bain. Rapidement, ils se joignent à une file, attendant leur tour pour commander de quoi les rafraîchir. « Super ! On a fini deuxième à la première épreuve. Il fallait explorer une grotte pour trouver des reliques, résoudre des énigmes. Et tout ça alors qu’on se connaît à peine pour le moment et que l’un d’entre nous est claustrophobe. Alors on est plutôt confiant pour la suite. Certes, le but est de s’amuser, mais on a aussi très envie de gagner. Si on gagne pas, vous allez m’entendre en parler de toute façon quand on rentrera ! » Parce que s’il y avait une activité à laquelle il excellait Lyssandre, c’était râler.

A la question de la blonde, il hausse les épaules le Wayne. Il sait très bien de quoi elle parle, mais ferait-il le plaisir de s’exprimer sur le sujet ? Il faut croire que oui. « Je mets de la couleur dans vos vies comme ça ! Et puis ça vous manquerait si je le faisais plus, vous auriez plus de raisons de râler, ce qui ferait moins d’ambiance et vous rendrait morose. CQFD ! » Défense bancale, mais la seule qu’il ait en réserve Lyssandre. Parce qu’il faut bien avouer que le nettoyage des pinceaux, ce n’est pas forcément son activité favorite mais qu’il n’est pas non plus question de laisser la peinture sécher sur ces derniers, alors, à défaut d’avoir un point d’eau dans sa propre chambre, il avait prit l’habitude de les laisser trainer un peu partout là où les éviers et lavabo étaient disponibles. « Et vous avez de la chance, parce que je pourrais aussi m’installer dans le salon pour peindre ou laisser traîner mes palettes. Finalement, les pinceaux c’est un moindre mal non ? » Ou en tout cas, le moins imposant.

Mais ils ne sont pas là pour parler de Boston, qu’ils retrouveront malgré eux bien plus vite qu’ils ne l’imagine, mais pour évoquer la Sicile, la culture italienne, le soleil ainsi que la compétition à laquelle Lyssandre s’est inscrit. La première épreuve déjà derrière lui, il était plutôt fier du déroulé de celle-ci, de ce qu’ils avaient accompli. « Carrément ! On avait une carte, des torches, même une trousse de premier secours. Au cas où un de nous se serait blessé je suppose. Mais franchement c’était trop cool ! On s’est bien amusé. » Et c’est ce qu’il en retiendra avant tout Lyssandre. Le plaisir d’explorer avant le résultat de la compétition. « Oui, toutes les équipes soutiennent une association. Enfin, là c’est plus des entreprises. Mais on a décidé de soutenir une clinique pédiatrique solidaire. Ca reste une bonne cause. Et ça donne envie de se surpasser. » Pas uniquement pour lui-même, mais aussi pour les autres, pour ceux que l’argent pourra aider par la suite. La file avant progressivement, si bien qu’il peut commencer à distinguer les pots de glace dans la vitrine. « Fais le l’année prochaine alors ! Parce qu’en vrai, les épreuves ne sont pas si nombreuses, et je pense qu’elles peuvent être très intéressantes aussi pour découvrir certaines choses. Et puis y a pas besoin d’être un super sportif ou quoi, c’est vraiment accessible pour tout le monde. » Même si un peu physique, tout le monde s’en était bien sorti.

Il doit bien reconnaître la souplesse et la patience de ses colocataires Lyssandre. Même si son bordel se concentrait majoritairement dans sa chambre, il avait tendance à toujours laisser trainer un ou deux trucs dans les parties communes. Qu’ils s’agissent d’une veste, d’un pull, un chargeur ou des pinceaux il disséminait involontairement - ou du moins par négligence - des traces de son passage face auxquelles ses colocataires étaient plutôt compréhensifs. Même s’ils le charriaient, personne ne l’avait jamais vraiment engueulé ou ordonné de dégager ses affaires. Alors lui aussi préfère rire de ces pseudos reproches, ces pseudos menaces qui ne sont que des taquineries bonnes enfants qui se font souvent entendre entre eux. « Chacun son truc je suppose. Moi je ne pourrais jamais lire autant de livres que toi. Ni même rédiger des essais, des résumés ou des critiques. Tu es certainement bien plus douée avec les mots que moi. Et moi, je suis doué avec les couleurs. » Chacun son talent comme dirait l’autre. Tout comme pendant cette première épreuve de compétition où ses coéquipers et lui avaient tenté de se répartir les tâches en mettant à profit les compétences de chacun. La meilleure option pour réaliser leur objectif. « Oui ! Je me dis que je fais une bonne action tout en m’amusant. Alors ça me donne envie de me donner vraiment à fond. Même si le directeur de la clinique nous a déjà remercié de notre participation, j’ai envie qu’il voit qu’on était vraiment motivé ! » Même si la reconnaissance n’est pas ce qu’il cherche, il avait encore que son geste compte le Wayne. « Ah ! Je suis ravie de l’entendre ! Je suis sûr que tu t’en sortiras très bien en plus, et puis qui sait, on pourra peut-être même faire équipe ! » Et pour sûr que ça lui ferait plaisir, de pouvoir faire équipe avec elle. Le comptoir se rapprochant enfin, il fronce le regard Lyssandre, tente de déchiffrer la liste des gouts alors qu’il constate, comme la blonde, un large choix de possibilités, à faire tourner la tête. « Jte juge si t’en prends pas trois oui ! » Parce que là, la question ne se posait même pas. « Y a quoi qui te tente ? Parce que si on en prend trois chacun, autant prendre des goûts différents pour en goûter le plus possible. Enfin, moi ça ne me dérange pas que tu goûtes les miennes. » Il précise, parce qu’il sait que tout le monde n'est pas à l'aise avec le partage d’assiettes, de verres et toutes ces choses qui consiste à poser ses lèvres sur la même chose qu’une autre personne. A voir si Ascella en faisait partie ou non.