Reborn from ashes || ((ft Wendy))

Il n'avait pas bien eu le temps de s'ennuyer jusqu'à maintenant Lyssandre. Depuis son arrivée en Italie, il avait enchaîné les plans divers et variés, s'était arrangé pour rester toujours très occupé. Il y avait une raison pour laquelle il avait décidé de ne pas passer ses journées allongé à lézarder sur le sable, une raison pour laquelle cette année les vacances semblaient rimées avec quelque chose de moins léger que les années précédentes. Ce n'était pas à cause de la compétition à laquelle il participait chaque année, ni à cause de la destination qui pour lui était un choix idéal, c'était à cause de quelque chose de plus subtile, quelque chose de plus personnel qui ne cessait de refaire son apparition dans ses esprits à intervalles réguliers : Florian. Encore et toujours, le blond hantait son coeur et son esprit, le laissant seul, éploré chaque fois qu'il y pensait. Heureusement pour lui, la Sicile regorgeait d'activité en tout genre et ses coéquipiers lui changeaient souvent les idées sans même le savoir par leur discussion farfelues de même que le nom de leur équipe qui fait horreur à l'art de la pizza par un seul ingrédient : l'ananas. De quoi leur jeter probablement des tomates pourries pour cette infamie des temps modernes, qui pour sa part le faisait beaucoup rire. Après tout, les bases de la pizza étaient simples :sa pate, sa forme, de la tomate et du fromage. Pour le reste, il suffisait de faire preuve d'audace.

Comme lui lorsqu'il avait lancé cette invitation à celle qui, assurément, ne lui laisserait pas le temps de penser à son coeur brisé depuis plusieurs mois maintenant. Wendy. Il se souvenait encore de cette fameuse balade à cheval l'année dernière, et bien que ce soit lui qui ait choisi leur activité du jour, il ne doutait pas vraiment que la rousse ait dans sa poche un plan de secours cette fois encore pour le torturer comme elle savait si bien le faire. Une amitié étrange et unique, pas si différente de celle qu’il pourrait avoir avec un crabe vu le nombre de fois où il avait été pincé par l'ancienne poupée d'or. Aujourd'hui encore, il s'y attendait, surtout quand elle saurait ce qu'il lui a réservé.” J'espère que tu as bien pensé à ton plus beau maillot de bain ! Qu'il affirme comme introduction alors que leur guide les réunit pour fournir quelques explications. Il allait subir les foudres de la belle, ça c'était certain.

Les promesses du Japon ont doucement laissé place aux désillusions siciliennes. Et j’avoue que dans mes veines, c’est plus que d’habitude que pulse le sang de haine. J’ignore même ce que j’espérais. Mais dans tous les cas, ça ne ressemble pas aux scénarios que j’envisageais. La vérité, c’est que j’enchaîne les fiascos. Dan, Milo … Presque, j’appréhende la journée aux côtés de Lyssandre. Cela dit, j’ai tout de même dit oui pour le voir aujourd’hui. Un attrait pour le risque, peut-être, et un besoin de me changer les idées.

Et possible que j’aurais dû plus me méfier, ayant occulté de mes pensées, la torture qu’il avait éprouvée lorsque nous avions fait du cheval, l’an dernier. Mais parce que ça ne tourne pas rond chez moi en ce moment – période qui s’étire de plus en plus sur la durée – j’ai facilement accepté. Je me raccroche aux années d’université avant de rentrer à Boston et de gérer l’empire que j’ai créé.

Après un rapide trajet, j’arrive donc au point de rendez-vous accueilli par un guide qui nous baragouine quelques directives dans un anglais approximatif, me rappelant que j’en ai déjà marre des italiens, mais c’est lorsque Lyssandre me dit ; « J'espère que tu as bien pensé à ton plus beau maillot de bain ! » avec beaucoup trop d’entrain que je réalise que ça ressemble à un foutu piège, tout ça. « Alors la réponse est oui. » Même s’ils sont tous beaux, ils sont surtout hors de prix. « Mais ton sourire ne me donne pas envie. » De me risquer à faire son activité. Quoi se le dise, je n'aurais absolument aucun scrupule à le laisser seul pour son activité. J’ai déjà trop subi durant cet été, c’est le genre d’événement dont il ne faut pas abuser.

Il ne l'admettra jamais, mais quelque part, c'était le meilleur remède contre l'ennui et la solitude Wendy. Elle avait ce mordant qui l'obligeait à se montrer tout aussi hargneux Lyssandre, qui l'obligeait à se bouger, qu'il le veuille ou non. Elle avait cette capacité à lui faire oublier ses problèmes, simplement parce qu'elle ne leurs laissait aucune place, parce qu'elle écrasait tout le reste par sa façon d'être. Il ne peut que sa visite à la coterie cet hiver lui avait apporté un peu de bien, parce qu'elle ne l'avait pas traité avec pitié comme d'autres l'avaient fait. Elle l'avait traité comme elle le traitait toujours, avec suffisance et dédain. Elle était la seule d'ailleurs, dans son entourage à se comporter ainsi, mais elle était aussi la seule à le mettre autant à l'épreuve, à le pousser à se surpasser. Un mélange de rivalité toxique et d'amitié non assumée, c'est un peu comme ça qu'il voit sa relation avec la bostonnienne Lyssandre. Même en vacances.

Il n'a pas oublié l'été précédent, n'a pas oublié ce qu'elle lui a infligé. Cette balade à cheval, si ancrée dans son enfance à elle, dans cette vie de standing qu'elle mène, mais aujourd'hui, il allait la faire redescendre un peu, lui offrir une activité à la fois atypique, mais qui allait sans aucun doute la faire hurler en même temps. Le sourire du Wayne en dit d'ailleurs déjà long alors qu'il la questionne, s'assurant qu'elle n'a pas oublié l'indispensable du jour : un maillot de bain. Elle n'est pas prête pour ce qu’il l'attend, et il jubile déjà Lyssandre à l’idée de voir sa tête quand elle réalisera. Oui, il se réjouissait de sa souffrance, mais c’était de bonne guerre entre eux, sûrement aussi maso l'un que l'autre. Alors que leur guide les martèle d'informations dans un anglais approximatif, le petit groupe se met à avancer le long des sentiers, commençant à voir ce pour quoi ils étaient venus. Et dans un fort accent, il leur désigne de petite cabane dans lesquelles se changer, laissant entendre à Wendy ce qui l'attend pour le reste de la journée : un bon bain de boue. ” Mi sono detto che la spa era troppo ordinaria. “ Tente t-il de plaisanter pour justifier son choix.


Traduction : Je me suis dis que le spa, c'était trop banal.

Les informations continuent de nous parvenir, approximativement, évidemment, parce que l’italien mélangé à l’anglais, ce n’est pas la chose la plus compréhensible qui soit. Mais ce que je perçois, c’est surtout que la satisfaction ne veut pas quitter le visage de Lyssandre et ça… Ca ne me dit rien de bon quant à la suite de notre petite réunion. Mais parce que je me vante de toujours assumer, de me rire du danger… Bien sur que je le suis dans le sentir, que j’écoute lorsqu’on me dit d’aller me changer, et que je déchante quand je comprends et que lui reste toujours autant souriant. ” Mi sono detto che la spa era troppo ordinaria. “ J’en ai ma claque de l’Italie et de l’italien. Je comprends l’idée principale, cela dit. Et qu’on se le dise, je suis toujours ok pour me faire chouchouter, j’adore prendre le temps de me prélasser… Néanmoins, ce n’est qu’un piège que je vois ici. Un piège pour humilier Wendy. Une idée qui aurait pu naitre dans le machiavélisme de mon esprit. « Tu crois que j’ai peur de me salir ? » Peur non, mais clairement, je n’apprécie pas l’idée. Alors je serre les mâchoires tout en lui expliquant, « Ce qui me fait le plus chier dans cette histoire… » regarde Lyssandre, mon sourire carnassier, admire comme je ne perds jamais pieds, « c’est que tu vas devoir me rembourser un maillot de bain à 1500$. » puisque c’est ton activité qui va le flinguer, et je conserve mon sourire avant d’approcher de la cabine pour me changer. « Je ne t’invite pas à partager. » affichant un air de dégoût, le temps de le jauger… Mon regard glissant de haut en bas, plusieurs fois. « Non, vraiment pas. » Supérieure, je ne perds le contrôle, Lyss, qu’en de rares fois, et il m’en faut plus que ça.

Contrairement à ce que la rousse pourrait bien penser, il ne s’était pas mis en tête l’idée absolue de la faire souffrir le Wayne. Au contraire. Il avait cherché des idées de sorties abordables et originales pour s’occuper et finalement, quand il l’eut trouvé, il s’était dit qu’inviter Wendy rendrait l’expérience encore plus formidable, même s’il devait en souffrir par la suite. Car il ne doute pas un instant que la jeune femme trouverait le moyen de lui faire payer son geste, d’une façon ou d’une autre. Il faut dire que les serres de la Witter étaient acérées, son esprit suffisamment malin pour fomenter un plan destiné à rendre au Wayne la souffrance qu’il lui a infligée au centuple. Et le pire, c’est que même en le sachant, il accepterait son sort Lyssandre. Mais en attendant, il ne perd pas son sourir, continue d’afficher cet air satisfait qu’il espère fait intérieure perdre son air stoïque à la jeune femme. « C’est pas le cas de toutes les divas dans ton genre ? » Celui des princesses et autres filles à papa qui donnent l’impression de mourir dès qu’une saleté les effleure. Mais elle n’en perd pas son sourire carnassier pour autant, alors qu’elle lui annonce le prix de la facture, celui que Lyssandre devra payer - ou non - pour les dégâts matériels. « Déjà, trop cher pour un maillot de bain… » Parce que même s’il comprend qu’elle en ait les moyens, il ne comprend pas comment un si petit morceau de tissu peut coûter aussi cher. Certes, il y a le prix du tissu, du savoir-faire et peut-être de l’unicité mais quand même… « … Et ensuite, ne t’en fait pas, je te mettrai sur mon testament pour que tu puisses récupérer ton dû. » Ou comment lui dire gentiment que jamais il ne lui rembourserait cette somme. Comme quoi, lui aussi savait garder son assurance. Et comme pour lui montrer qu’il se fiche bien de ses pseudos menaces, il s’avance avec elle vers la cabine, sourit plus largement alors qu’elle le jauge dans un regard lourd de jugement duquel il ne s’étonne pas. « Wendy Wendy Wendy… » Répète le prénom, pour un effet plus dramatique. « Tu devrais pourtant le savoir… » Malgré le risque que cela comprend, il la pousse sans violence à l'intérieur de la cabine, s’engouffre dedans avant de refermer la porte derrière lui. « … Que je passe bien d’invitations. » Encore moins de sa part, à elle.

C’est comique, tout de même, de croire que je ne suis qu’une fille superficielle, que je ne supporte pas me salir les doigts. Les idées que l’on se fait sur ma personne parce que je suis bien née. Parce que je ne montre au monde que ce que j’ai bien envie de lui confier. Parce que j’ai une image à conserver. Mais si tu me connaissais, tu saurais, que pour gagner une stupide compétition, je me suis baignée dans la boue, pour récolter quelques fonds, j’ai récuré les enclos d’un foutu zoo. En fait, Lyssandre, je te le dis, il ne faut pas sous-estimer une Wendy. « C’est pas le cas de toutes les divas dans ton genre ? » Et là, tu te trompes encore, si bien que tu m’arraches un sourire que je mords, « Je ne suis pas toutes les divas. » Aucune n’est comme moi.

Et je balaie ta phrase au sujet du montant de mon maillot de bain, pour soupirer lorsque tu parles de ton testament. L’envie sur le bord des lèvres de te signifier que j’estime que tu as une dette envers moi. Peu importe ce que tu en diras. Mais j’imagine que ce serait d’autant plus jouissif que je te le rappelle au moment où je te ferais rembourser, n’est-ce pas ?
Puis il ose, et j’en serre les dents en un réflexe de protection, « Wendy Wendy Wendy… » je vais te le faire bouffer, Lyssandre, mon prénom, « Tu devrais pourtant le savoir… » et plus il s’approche, plus j’ai du mal à le croire, « … Que je me passe bien d’invitations. » Je ne te pensais pas aussi con. Mon index s’enfonce dans la chair de son épaule, cherchant à rendre le niveau de sa clavicule douloureuse à la force de mon ongle, « Lyssandre. » le prénom prononcé avec le ton le plus sérieux du monde. « Si t’es pas sorti dans moins de dix secondes. » J’avise, parce que je fais preuve de gentillesse, après tout, j’aurais pu me mettre à crier derechef, « Je hurle. » Et il sait que j’en suis capable, puisque je suis assez convaincue de lui avoir déjà sorti ce refrain, une fois. Lorsque j’annonce quelque chose, il est totalement inutile de douter de moi. Lyss’, si t’as envie de survivre à cet après-midi, sors de là.

Parmi toutes les filles superficielles de ce monde, il sait très bien le Wayne que Wendy à de quoi sortir son épingle du jeu. C’est d’ailleurs pour cela que c’est si amusant de la provoquer, de la chercher, parce qu’il sait que s’il y en a bien une qui ne se laissera pas faire, qui ne cherchera pas à se défiler, c’est elle. Mordante et divertissante, il doit bien avouer - à lui-même seulement - que la bostonienne n’a pas de rivale à ce jeu et qu’il en est conscient Lyssandre. Mais l’admettre, ça serait un peu comme ternir leur relation, la rendre moins colorée, moins éclatante. « Non, bien sur. T’es la pire. » Celle en haut de la liste, en tête du podium, la numéro un, une challengeuse unique.

Mais elle doit sûrement savoir au fond d’elle même que le Wayne n’est pas en reste, que lui aussi n’est pas comme tout les emmerdeurs de ce monde que la Witter a pû connaître un jour. Il ne se laisse pas abattre pas le possible montant de la dette qu’il pourrait contracter auprès d’elle à la fin de sa journée, ne se gêne pas pour exprimer l’absurdité que lui évoque le prix de ce maillot de bain mais ainsi soit-il. Son argent, elle le récupérera quand il sera mort. Si elle ne l’est pas avant. Et si elle ne change pas la forme de cette dette d’ici là. Pas impossible vu comment l'étudiant la provoque.

Dans la cabine, ça ne s'arrête d'ailleurs pas. Il rentre sans y avoir été invité le Wayne, provoque les foudre de la rousse. Mais il ne recule pas, même lorsque son ongle se plante dans son derme, laissant une légère douleur pointer dans son épaule. Il l’observe, jauge le sérieux de sa menace. Réel, il le sait. « Ca resterait une façon de te faire hurler. » Il lui adresse un clin d’oeil avant de reculer d’un pas. Il n’a pas envie de s’en prendre une et encore de se retrouver avec une plainte sur le dos. « J’te retrouve dehors. Traîne pas. » Qu’il souffle en poussant la porte derrière lui pour sortir et aller se changer dans une autre cabine.

Je n’ai jamais douté du fait que je suis unique. Que personne ne m’arrive à la cheville. Mais ça me fait toujours plaisir de le préciser. C’est un mignon petit péché. « Non, bien sur. T’es la pire. » Et je lui en sers un sourire carnassier. Le visage incliné, je me délecte de sa phrase et d’ailleurs… « J’adore quand tu me complimentes. » La reine des pestes, c’est mon rôle préféré.
Mais même si j’affirme adorer ses petits mots doux, je déteste la suite des évènements, si bien que j’en grince des dents. Alors je l’avise lorsqu’il envahit mon espace vital, sachant très bien qu’il va sortir, mais qu’avant de m’accorder ce que je désire, il va tout de même chercher à me donner envie de le maudire. « Ca resterait une façon de te faire hurler. » J’en ris du nez, l’air dépité, tandis que lui m’offre un clin d’œil avant de rebrousser chemin. « J’te retrouve dehors. Traîne pas. » Parce qu’il croit être en droit de me donner des ordres en plus de ça ?

J’en plisse les paupières quand il referme derrière lui, l’air mauvais, et me laisse finalement à mon changement de tenue. Je crache un soupir et me déshabille, je rumine d’avance la suite de cette journée. Même si dans le fond, c’est cet été tout entier que je me devrais de ruminer. Quand je fais les comptes, la Sicile, c’est ce qui se rapproche le plus de mon enfer personnalisé.

Une fois que je suis en maillot de bain, je ressors, ne prend pas la peine de couvrir mon corps… La silhouette de Lyssandre est retrouvée du regard, et je m’approche de lui, reprenant sur le thème précédemment abordé. « T’en rêves tellement, ça devient désespérant. » De me faire hurler, évidemment. Puis je finis par lui dire, tout en m’approchant de ce bain naturel de boue… écœurant. « A toi l’honneur. » Vas-y Lyss, plonge dedans.