— con te partirò (wendy)

con te partiro Je mentirais si je disais que l’initiative de Milo ne m’avait pas surprise. Etant donné que dans nos échanges, c’était tendu qu’il me paraissait. Mais peut-être que je le serais aussi, si j’avais engrossé une gamine et que je ne voulais plus d’elle, ni de la chose qui grandit dans son bide. On me pardonnera mon manque de tact, il faut dire que les délires d’enfants, ça me dégoûte toujours autant. Me renvoie direct les réminiscences de mon propre avortement. Une connerie qui semble dater d’une autre vie.

Alors j’ai délaissé Dan, cet étrange début de vacances, pour accepter la visite guidée et dégustation de vin que Milo avait proposé. Installée dans la voiture, après quelques minutes, c’est sur son visage que mes iris vont se fixer, à défaut du paysage, je choisis d’observer ses traits, cherche à y lire ce que de Boston, il a voulu fuir. Les véritables raisons qui l’ont fait bouder ma proposition de venir au Japon. Mise à part l’envie de me rendre dingue et de ne pas se plier à mes quatre volontés. Cependant avant que je ne puisse demander quoi que ce soit, le moteur ralentit et sa voix retentit, « Merde.. j’ai oublié de faire le plein. » Je ne saurais pas expliquer ce que je ressens après cette phrase-là. Tout est mélangé, mais surtout, plus puissante que le reste, l’envie de le frapper. Si bien que je m’entends cracher, « Milo, t’es pas en train de me faire ça. » Le coup de la panne, comme un idiot que normalement, il n’est pas. Ces vacances siciliennes sont un cauchemar permanent.

> @Milo Musat 

con te partiro Tandis que je sens mon énervement grimper crescendo, je secoue le visage par la négative, je refuse de croire que cette situation est vraiment en train d’arriver. Déteste tout, à la vérité. « Tu crois que j'ai envie d'être coincé sur une route de campagne ? » Les paupières plissées pour mieux le regarder. Justement, je suis en train de me le demander. Parce qu’il me connaît. Il sait que je ne laisse rien au hasard. Que je refuse de me laisser surprendre. Que je garde le contrôle absolument sur tout. Alors s’il voulait me satisfaire, il aurait dû être paré à cette éventualité. Avoir vérifié la voiture plusieurs fois. « Si les miracles existent, ils ont laissé un bidon dans le coffre. » Tu parles.

Je n’ajoute rien, me mords la langue alors qu’il sort et va vérifier, douze secondes avant qu’il ne revienne au niveau de ma fenêtre. « Rien. Et la nuit va bientôt tomber. » Je vais donc le tuer dans la campagne Sicilienne, j’espère qu’il est prêt. La respiration saccadée, l’irritation à son paroxysme et la crise d’urticaire pas loin, je crache ; « Va te faire foutre. » Les mots sont sortis seuls, en fait, et je ne m’en excuserai pas. Ni maintenant, ni plus tard, ni jamais. Parce que les insultes ça vaut possiblement mieux que de le gifler. Bien que cela reste une véritable option. Je sors de la voiture, comme une furie, et le fusille du regard lorsque je hurle sans maitriser la nervosité dans mon ton, « Trouve une putain de solution. » Parce que ses vacances sont déjà merdiques, alors être bloquée ici, il en est, juste, hors de question.

> @Milo Musat 

con te partiro C’est un cauchemar. Cette escapade. Ce voyage. La Sicile dans son entièreté. C’est un foutu rêve qui tourne à la catastrophe. Et je n’ai plus qu’une seule envie, celle de rentrer. Pas maintenant, mais de façon générale. Je veux rentrer à Boston. Point. Et lui se met à rire après que je l’ai insulté. Il se fout de ma gueule, et j’ai de plus en plus envie de le baffer. « Arrête d’être ingrate, je voulais juste te faire plaisir. » Tu parles. Une journée dans un spa ça me suffisait. Tout le monde sait que le vin, je le déteste, à l’excès. Encore plus maintenant à ne pas en douter. Et c’est moi, la foutue ingrate.

Il tourne en rond et rien ne se passe. On est toujours là, toujours coincés, d’ailleurs il vient me le confirme. « Toujours pas de réseau, ni de passage sur cette route. » Comme si j’étais stupide et que je n’avais pas remarqué. « Canalise-toi avant de réagir mais.. j’crois qu’à ce rythme, on va passer la nuit ici. » Moi vivante, jamais ! Et je n’en démordrai pas, il est hors de question que je reste là. « Plutôt mourir. » que je crache entre mes dents, je récupère mon sac à main à travers la fenêtre ouverte de la voiture. Avant de marcher d’un pas décidé sur le bord de la route, « Reste en enfer. » moi je le quitte, je rentrerai à l’hôtel, quoi qu’il m’en coûte.

> @Milo Musat