Ses oreilles bourdonnent. Les abeilles lui manquent tant. Le bruit de leur ailes qui vibrent. Le miel qu’elles produisaient au fond du jardin. Holly se remémore cette atmosphère si douce. Ce calme divin. Ce repos perpétuel. Elle sentirait presque le sucre enivrant des magnolias. Le baiser tendre de sa mère sur son front. Son parfum qui pouvait supprimer tous les chagrins. Cela fait deux mois qu’elle a radicalement changé de vie. Deux mois qu’elle entre en collision avec une réalité qui lui déplaît. Elle ne pourra pas survivre dans cet environnement. Il lui manque ses étoiles. Ses grillons qui la berçaient le soir. Ici, il n’y a que des véhicules qui circulent et qui infectent ses tympans. La végétation a commencé à envahir son appartement. Elle s’y sent déjà mieux, mais cela ne pourra jamais remplacer le marais. S’ils savaient combien elle souffre. Elle est déracinée, plantée dans un endroit peu fertile. Et il y a ces cendres sur l’étagère. Cette urne qui contient cet être qui a été au centre de son univers. Elle n’a pas idée de ce qu’elle fait dans cet endroit érigé pour détruire l’oreille humaine. Son pouls est si rapide. Les informations trop nombreuses. Ils semblent tous si .. heureux. Le décalage se creuse. L’incompréhension se lit sur son visage. Ils appellent ça une boite de nuit. Holly aimerait en modifier l’appellation, ceci est l’Enfer. Ils bougent sur des rythmes décadents. Ils boivent des breuvages infects. La foule l’oppresse, elle et son masque chirurigical sensé la protéger d’attaques microbiennes. Son regard obscur saute sur les individus désarticulés. « Salut ma jolie » Une main se dépose sur son épaule. Elle se retourne et fronce ses sourcils « Depuis quand je t’appartiens ? » La peur ne sera jamais dans son camp. Jamais. Mère l’avait prévenu, les hommes prennent tout pour acquis. Le type s’esclaffe, rejoint par ses camarades bien éméchés. L’effet de masse, une nouveauté pour la solitaire. « Meuf, t’es pâle comme Dracula, tu fais grave flipper, tu connais pas Sephora ? » Et ça rit. Les joues de la demoiselle s’empourprent. Des femmes se joignent à eux. Un cercle se forme. Un sentiment insidieux se glisse en elle, ce que l’on appelle communément la honte. « Poussez vous ou j’appelle la police » Aucune insulte ne s’échappe de ses lèvres. Elle ignore également quel est le numéro des urgences. Elle nage dans l’inconnu. « Mais pourquoi tu portes un masque au fait ? Faites gaffe, elle a peut-être un truc grave qui vient d'sa planète de dégénérés » Le groupe se met à glousser alors que le meneur s’approche pour susurrer des propos obscènes à l’oreille de la blonde. Le sang chauffe. Un genou s’élève et par dans son entrejambe. La situation dégénère subitement. « J’vais te buter » qu’il peine à articuler, les mains sur ses précieuses parties.
(Holly Abernathy)
fuck what they think
✧ The moon shimmers in green water. White herons fly through the moonlight. The young man hears a girl gathering water-chestnuts