des cours de danse (ft. izzy)

Izzy prit une grande gorgée de la bouteille d'eau, se demandant comment formuler sa réponse à la question d'Esteban. Les mots flottaient dans son esprit, et elle hésitait un instant, réfléchissant à la meilleure façon de répondre. "Je m’y suis mise pour une amie," dit-elle finalement en se mordillant la lèvre inférieure, une habitude qu'elle avait quand elle réfléchissait. "Elle est en train de vivre une période post-rupture assez difficile, et apparemment ça lui faisait plaisir de m’y voir dessus. Alors pour elle, je m’y suis mise…" Izzy se sentit un peu gênée de ne le lui dire que maintenant. Lui annoncer de la sorte qu’elle ne recherchait pas vraiment quelque chose. Izzy sourit doucement, cherchant la compréhension du jeune homme. Elle réalisa que la danse l'avait ouverte d'une manière qu'elle n'attendait pas. Ce n'était pas seulement une question de rythme et de mouvements, mais aussi une manière de se dévoiler, de se connecter à un autre niveau. "Et toi, Esteban ? Qu'est-ce que tu cherches ?" demanda-t-elle en retour, curieuse de savoir ce qui avait poussé un gars comme lui, si dynamique et charismatique, à utiliser l’application.

Izzy hésita un instant, surprise par la question d'Esteban. Ce n'était pas le genre de chose qu'elle partageait facilement, surtout pas lors d'un premier rendez-vous, mais il y avait quelque chose chez Esteban qui la mettait à l'aise. Il semblait sincèrement intéressé et respectueux, et elle ne ressentait aucune pression de sa part. Elle lui lança un regard en coin, un sourire malicieux aux lèvres. "Eh bien, tu entres directement dans le vif du sujet, hein ?" plaisanta-t-elle avant de prendre une respiration. "Pour être honnête, je n'ai pas eu de relations sérieuses - disons que c'était plutôt des expériences." Evita de rentrer dans les détails afin lui dire qu’elle n’avait eu qu’un amour de jeunesse et qu’elle avait perdu celui-ci trop tôt. Elle ressentait encore à ce jour les cicatrices de cet amour perdu trop tôt. La discussion était devenue plus personnelle, mais cela ne dérangeait pas Izzy. Elle appréciait cette honnêteté brute, cette manière qu'ils avaient de se parler sans masque ni artifice. "Et toi ?" demanda-t-elle, curieuse à son tour. Il avait cette manière désarmante de parler avec simplicité et franchise, et Izzy ne pouvait s'empêcher de se sentir attirée par cette qualité rare. Les relations avaient toujours été un sujet délicat pour elle, mais avec Esteban, la conversation se déroulait naturellement, comme s'ils s'étaient connus depuis bien plus longtemps qu'une simple soirée. La musique continuait de jouer doucement en arrière-plan, emplissant la salle d'une atmosphère paisible. Izzy se surprit à apprécier ce moment de calme après l'énergie débordante de leur danse. "Tu sais," dit-elle en le regardant droit dans les yeux, "je pense que c'est une bonne chose de ne pas avoir de plan précis. Parfois, les meilleures choses arrivent quand on s'y attend le moins."

Izzy sourit en entendant la confession d’Esteban. Elle était contente de voir qu’il se montrait aussi ouvert et honnête. Elle trouvait rafraîchissant de discuter de leurs expériences personnelles avec quelqu'un qui ne cachait pas ses propres vulnérabilités. La musique latine continuait de jouer doucement en arrière-plan, créant une ambiance détendue et presque intime. « Je suppose qu'on a tous nos propres histoires… » répondit-elle en hochant la tête. « Je n'avais pas prévu de parler autant de moi ce soir, mais c'est plutôt agréable de le faire avec quelqu'un qui semble vraiment écouter. » Elle se tourna légèrement pour faire face à Esteban, les yeux scintillants d’une lueur de complicité. « Inexpérimentés, hein ? Je ne sais pas si je dirais ça comme ça, mais je suppose que chacun a ses propres expériences qui le façonnent. » Elle quitta le regard du jeune homme pour regarder l’horizon devant elle. Dans un murmure, elle lui confia « J’ai aimé un seul homme – et je l’ai perdu quand j’avais 15 ans. Depuis, c’est compliqué. » Pourquoi elle le lui disait à lui ? elle qui avait toujours enfoui ce moment du passé.

Izzy hésita un moment, les souvenirs de son premier amour flottant à la surface de son esprit. Elle n'avait pas souvent l'occasion d'en parler, mais il y avait quelque chose chez Esteban qui l'encourageait à se confier. Peut-être était-ce sa manière d'écouter, ou simplement la sincérité dans son regard. Elle prit une profonde inspiration avant de répondre, le regard fixé sur le sol pour rassembler ses pensées. « Ce n'est pas un sujet facile pour moi, mais je suppose que ça fait partie de qui je suis aujourd'hui, » commença-t-elle doucement. « Il s’appelait Lucas. On s'est rencontrés au lycée, et il était... mon premier vrai amour. » Izzy fit une pause, ses yeux s'adoucissant à la mention de son prénom. « Il était quelqu'un de spécial. Drôle, intelligent, un peu rêveur aussi. Il avait cette façon de voir le monde qui te donnait envie de croire en des choses que tu n'aurais jamais imaginées possibles. » Fit une légère pause, ne s’autorisant pas à laisser couler des larmes. C’était il y a quinze ans, elle devait passer à autre chose. Ou du moins, elle ne pouvait plus laisser cette histoire lui faire autant de mal. « Malheureusement, il est tombé malade. C'était si soudain et... injuste, » ajouta-t-elle. « Perdre Lucas a été la chose la plus difficile que j'ai jamais vécue. Je pense que c'est pour ça que je n'ai pas eu de relations sérieuses depuis. Peut-être que je me protège un peu, je ne sais pas. »

Izzy observa la réaction d’Esteban alors qu’il serrait doucement sa main. Elle sentit un mélange de gratitude et de réconfort face à son empathie. La confession d’Esteban concernant la perte de sa mère apporta un lien immédiat et indéniabl, un fil fragile mais fort de compréhension mutuelle. Elle n’était pas seule à porter ce poids. Elle hocha la tête, reconnaissante d’avoir trouvé, quelqu’un qui semblait comprendre l’impact profond et durable de la perte. « C'est vrai, » admit-elle, la voix légèrement tremblante mais déterminée. « Perdre quelqu'un que tu aimes, ça change tout. On essaie de continuer, de garder la tête haute, mais cette peur de perdre encore devient une ombre tenace. » Pour un premier rendez-vous, la conversation avait prit un tournant auquel n’avait pas pensé Izzy. Et c’était peut-être trop pour elle. Tout en retirant sa main de la sienne, elle le regarda doucement avant de se lever. « Je pense que je vais y aller… » Parce qu’elle savait dans tous les cas qu’elle ne serait plus capable de danser avec lui ce soir, ou de le regarder droit dans les yeux. Elle avait besoin de prendre du recul, surtout si elle souhaitait le revoir… « Merci encore. » Elle déposa un léger baiser sur sa joue, avant de rajouter. « Je te dis, à bientôt ? »