Hear my thoughts in every note. - Savan.

Je pose mon téléphone et je pars vite me rafraichir dans la douche. Ce soir, je le rejoins en espérant qu'il ne soit pas en compagnie d'une autre femme ou même d'un homme. j'ai tendance à oublier qu'il aime "tout". tant que c'est légal, mine de rien, j'ai bien cerné qu'il était droit sous ses airs bourrus. J'enfile un jogging et un top moulant avant de me diriger vers son logement. J'ai le coeur qui est lourd, comme depuis mercredi. je me sens lourde et je sais que ce n'est pas à cause des hormones du moment. Je déteste me disputer avec Nevan même si ça fait partie de la vie. Ce n'est pas la première, peut-être pas la dernière. Ca reste désagréable quand même ! Je frappe à sa porte, je venais avec une proposition avec un drapeau blanc symbolique. Je ne lui dirais pas qu'il me manque même si je le pense beaucoup -trop-.

Quand tu entends frapper, tu chausses tes baskets puis préviens ton père que tu rentreras que demain matin. Tu ouvres la porte et la refermes aussitôt. Même une location, tu n'aimes pas ramener tes meufs là où il y a ta famille. Refuge sacré qui ne peut être souillé - même si c'est Sana. Relation en dents de scie qui perdure. Tu réalises contre ton gré que tu t'habitues beaucoup trop à elle mais tu ne luttes plus. - Que puis-je pour toi ? T'aimes bien résister quand même. Tu fourres tes mains dans ton jogging avant de t'éloigner de chez toi.

Je le déteste autant qu'il fait vibrer ce petit quelque chose que j'étouffe en moi depuis des années. Impossible pour moi de ne pas lever les yeux en l'air avec sa non-chalance. Je pensais pouvoir rentrer "chez lui" ce soir et le câliner un peu. On ne pourra pas oublier cette petite embrouille rapidement mais la tendresse peut être de mise. Mais il s'éloigne de la porte. Je soupire alors qu'il me demande ce que je veux. -- Oh rien de spécial, je viens voir ton père pour demander ta main. je dis d'une voix évidemment ironique. ce n'est pas mon genre. Je le rejoins et vient briser cette petite couche de glace qu'il forge naturellement en venant placer mes avant-bras en haut de ses épaules. -- Je voulais passer la soirée avec toi. On peut manger, se balader... Juste toi et moi ? je viens lentement glisser mes doigts à la naissance de sa chevelure, au niveau de sa nuque. Je ne prends pas un air doux mais plutôt malicieux bridé par un visage voulant cacher ses émotions.

Quand les mots tombent, mes lèvres se serrent si fort pour cacher les émotions qui me transpercent. Cela, au point que mes dents s'enfoncent dans la chaire pour m'empêcher de trembler face à cette réalité. La distance est mise - pour une fois - par moi. Quand il me dit qu'il se considère être marié à feu sa femme. Il mets en évidence qu'il n'a pas terminé son deuil et que j'essaie d'avoir une place que je ne mérite pas, je peux rien dire. Il souffre encore. Ma machoire se tord et je regarde ailleurs, pour qu'il ne me lise pas. Presque quatre ans à se cotoyer, ça n'aide pas à se cacher. -- Allons y. A mon tour, j'ai les mains dans mes poches alors que je marche vers la sortie du petit jardin. On arrive sur l'asphalte et je prends la direction de la rue commerçante que j'avais repéré avant de venir. -- Tu veux manger quoi ? froide, je le suis, je le sais, mais j'en ai besoin le temps de me reprendre et d'afficher la Sana habituelle. ça pique à l'intérieur de ma bouche, les hormones n'aident pas,je suis plus sensible que tout.

Tu la regardes s'éloigner, ses paroles résonnant encore dans ta tête. Tu ne voulais pas que ça prenne cette tournure, mais les mots ont été échangés, et maintenant il y a ce mur entre vous. Un mur que tu as contribué à ériger, et que tu ne sais pas vraiment comment abattre. Est-ce que même tu en as envie ? Probablement. Tu te dis que c'est mieux ainsi, que la distance te protégera, mais tu sais aussi que tu n'as jamais voulu qu'elle soit si éloignée. C'est paradoxal, cette envie de la garder à distance tout en souhaitant qu'elle reste proche, suffisamment proche pour sentir sa chaleur, mais pas assez pour qu'elle voie les fissures en toi. Elle marche devant toi, et tu peux voir dans la tension de ses épaules que tes mots ont laissé des traces. Ça te met en colère, contre toi-même, contre elle, contre cette situation compliquée qui semble n'avoir aucune issue. Tu la suis, les mains dans les poches, ton regard fixé sur le sol comme si l'asphalte avait toutes les réponses que tu cherches. Sa voix est froide, distante, mais tu sais que c'est juste un masque. Tu n'es pas le seul à porter un masque, après tout. Ça te pique, cette froideur, mais tu comprends aussi qu'elle a besoin de ce moment pour se protéger. Peut-être autant que toi. — Je m'en fiche, c'est toi qui choisis, réponds-tu, ton ton aussi détaché que le sien. Tu te dis que c'est mieux ainsi, que vous avez besoin de cette distance pour ne pas vous détruire. Mais une partie de toi, cette partie que tu refuses d'écouter, voudrait juste tendre la main, effacer cette tension et retrouver cette complicité que vous avez, même si c'est sous le couvert de chamailleries. Vous continuez à marcher en silence, chaque pas accentuant cette étrange danse entre vous. Mais elle doit aussi comprendre que tu ne cèderas pas toujours à ses caprices. T'es là mais faut pas déconner non plus.

C'est déroutant d'être celle qui se bride en la présence de Nevan. D'habitude, je venais titiller sa patience avec mes taquineries, voir plus quand il se décidait à me répondre. Là, il a touché une corde devenue trop sensible depuis le Nouvel an. Depuis cette prise de conscience que ces années n'ont pas été sans conséquence entre nous. Il m'a parlé de son passé, il m'a parlé de lui plus qu'il ne l'avait fait auparavant. Il mettait des mots sur cette froideur légendaire. Il devait beaucoup l'aimer, elle et leur enfant, pour ne pas pouvoir avancer sans eux. Toutes ces réflexions me hantent sur le chemin. Je comprends ce qu'il est mais putain, pourquoi je dois être celle qui a mal ? Je veux juste être avec lui, je me suis résolue à ne pas espérer plus. Et de toute évidence, je me protège d'une déception amère qui m'aurait mené comme aujourd'hui, peut-être même pire. Sauf que je ne suis pas le genre de femme dont il réussira à se débarrasser par ces mots. Idiote ou déjà dépendante, je m'en moquais. Je suis là et je compte bien le garder avec moi autant que possible. Je déserre juste les dents pour savoir ce qu'il veut. Je lève les yeux au ciel quand il me laisse le choix et je me retiens de choisir un café à thème girly avec des chats et des soubrettes dérangeantes pour le mettre mal à l'aise. Au lieu de ça, je choisis un restaurant aux allures d'époque et me réserve l'endroit gênant pour plus tard. On nous place à un endroit plutôt tranquille, Nevan est plutôt large d'épaule avec sa musculature. La commande arrive sur notre table et je ne peux m'empêcher de prendre mes baguettes. Cette assiette est à Nevan et pourtant, je viens lui voler un de ces morceaux de viande. Je le fixe du regard alors que je savoure la viande juteuse. Je le provoque, sous cette froideur, j'ai envie de le chercher. C'en est presque excitant de faire ça ici. Je fais un mouvement du regard vers son assiette. -- Goûtes, c'est délicieux. acerbe jusqu'au bout, je prends un gyoza de mon côté. Je me venge, d'une certaine manière.