Aiden J. Lloyd ► Reita

Mon histoire

Tu sais que ta vie pars déjà en dérape quand dès la naissance, ton père se contrefiche de ton existence et ta mère ne te voit que comme un fardeau de plus à porter. Ils auraient dû se protéger comme du monde, mais des irresponsables il y en aura partout. L'avortement est une bonne option aussi. Sauf quand la mère se rend compte trop tard de la grossesse et a peur de tuer cette vie non désiré dans son ventre.

Bref, arrêtons de critiquer ces personnes dont je porte le bagage génétique. Je suis donc ainsi né un 8 novembre, il y a 23 ans de ça. Ma mère était d'origine chinoise. L'une de ses filles trop nombreuses abandonnés dans le quartier chinois sur le coin d'une rue, sans doute parce qu'elle était seconde enfant ou simplement parce qu'elle n'était pas un homme Mon père était un vieil américain qui l'avait pris sous son aile. Après l'avoir élever et nourrit toute son enfance et son adolescence, il lui enseigna tout ce qu'une bonne prostitué devait savoir, puis lui a demandé de rembourser ses frais de nourriture et de logement jusqu'à date en se servant de son corps. Il a été établit par contre qu'il était bien mon père.

S'il accepta de me considérer comme mon père sur papier, il n'en fut pas moins un des pires pères de l'existence. Sans payer pour mes études, ma bouffe ou mon linge, il se contentait d'accepter que je porte son nom. Je ne l'ai jamais vraiment considérer comme mon père. Mais j'aime pas plus le nom de ma mère, trop chinois, alors j'accepte de vivre officiellement avec ce nom-là. De toute façon, j'utilise plusieurs pseudonyme à l'extérieur de l'officiel, histoire de protéger ma vie de mes activités illicites.

J'ai donc grandit en silence. Entre ma mère toujours absente, voulant passer le moins de temps possible dans la maison de "celui qui était à la fois son père et son amant", et entre mon père, toujours enfermé dans son bureau à côté son argent, son trop peu d'argent, une bouteille de scoth à moitié vide à côté de la bouteille de whiskey complètement vide. Comment voulez-vous devenir quelqu'un de normal quand tu ne ressens ni l'amour de ta mère, ni celle de ton père?

J'avais le choix entre traîner dans les rues, ou m'enfermer dans ma chambre pour étudier. J'ai commencé par la rue. Comme j'étais à la base relativement doué dans les études, je n'avais pas besoin d'étudier pour scorer dans la moyenne. Alors je passais ma vie dans la rue avec les potes. Quand on est à la fois chinois et américains dans les basses rues de New York, faire sa place n'est pas ce qu'il y a de plus facile. Il faut se montrer plus fort que les autres en traînant avec des gars plus vieux. Pour se trainer avec les plus vieux, il faut se montrer fort. Ne pas avoir peur de la douleur, ne pas avoir peur de tomber dans l'illégalité... enfin oui, la peur est là, en tout temps. Mais on apprend à soutirer de ce sentiment un petit quelque chose qui nous rend plus fort. Qui allume dans nos yeux cet étincelle qui fait comprendre aux autres que tu es quelqu'un. Qu'il vaut mieux ne pas t'emmerder.

Après avoir mis le feu à un bâtiment désaffecté qui servait de repère à un gang rival et après avoir poignardé dans les côtes un gars plus vieux qui s'était moqué de mes origines, j'ai eu ma place pour tout le temps que je suis resté à New York. Bien sûr que j'ai passé un an en centre de redressement. Un an à me montrer parfait, à manipuler les surveillants et travailleurs sociaux pour leur faire croire que j'y avais été forcé, que c'était un moyen de défense, que je ne voulais pas... Un an après quoi j'étais de retour dans mon gang avec une place plus enviable qu'avant. On me respectait, et je les respectais. Mais je ne leur faisais pas confiance et ils savaient que je l'envie pouvait me prendre de les blesser pour une raison ou une autre, ou sans raison. Quoique alors se serait pour le plaisir, donc pour une raison quelconque.

Avec le gang, on commença à revendre de la drogue. C'était un moyen comme un autre de financer mes études que mon père me refusait. J'avais comme rêve de me sortir de cette pauvreté, pour vivre confortablement seul dans mon appartement, en sécurité autant physique que financière. Pour atteindre ce rêve, j'avais besoin d'argent, et je savais que si j'appuyais toutes mes entrées d'argent sur la revente, non seulement je n'aurai pas la sécurité physique que je cherchais, mais j'aurai aussi d'autres démêlés avec la police. Donc je voulais étudier. Entré à l'université. Avec l'argent de la revente. N'essayer pas de comprendre la logique, pour moi c'est très clair.

C'est vers cette époque que j'arrêtai d'aller à l'école le matin pour dormir. Le soir et en début de nuit, j'allais dans les partys, les poches pleines, et je rentrais chez moi un peu après minuit, les poches vides mais pleine d'argent. Puis j'étudiais jusqu'aux petites heures, de peur que quelqu'un viennent me chercher pendant la nuit, de peur que mon père vienne et me propose de faire comme il avait fait à ma mère, de peur que ma mère est l'idée de faire la même, de peur, de peur, de peur. Je consommais aussi pour me calmer. J'aimais particulièrement la meth, qui me donnait l'impression d'être bien pendant des heures et des heures. Parfois, des hallucinations venaient ajouter à cette espèce de paranoïa que j'avais, mais c'était trop tard, j'étais déjà accro. Et je n'avais pas l'idée même d'essayer de m'en sortir. Dans un sens, je suis bien trop faible pour ça. Et la sensation de bien-être, de moins en moins présente, m'était trop importante. L'insécurité, les hallucinations et la pranoïa empirait, mais qu'importe. Si j'en prenais une autre dose, la sensation de bien-être reviendrait...

Ouais, même sur la meth, j'arrivais à passer mes nuits à étudier. Mes profs trouvaient étrange les dessins et les notes que j'écrivais dans les marges de mes devoirs, mais mes notes étaient parfaites, so what?

C'est à la plus grande surprise de mes parents que j'arrivai un jour avec une lettre d'acceptation à Harvard, avec bourse d'excellence à l'entré. J'avais appliqué dans plusieurs université, et j'avais été accepté dans chacune d'elle, mais j'avais seulement décidé de leur parler d'Harvard. Parce que c'était la meilleure. Parce que c'était elle que j'allais intégrer. Ils n'eurent pas leur mot à dire. Avec la bourse et l'argent que j'avais réussi à mettre de côté avec la revente, malgré ma propre consommation, j'étais capable de me payer ma première année d'étude, loyer et assez de nourriture pour survivre inclus.

Depuis ce jour-là mon père est fier de dire que je suis son fils. Et il attends avec impatience, comme ma mère, le jour où je graduerai et me trouverai un emploi à temps plein pour m'escroquer la moindre cent. C'est pas pour rien que j'ai continué à la maitrise, et que je ferai un doctorat. Et peut-être d'autres études par la suite. Bien sûr que je gang e plus que ce que mon faible emploi temps partiel de technicien en laboratoire m'offre.

Après un an d'étude en chimie mineur en biochimie, je commençai à me faire mon propre lab de meth dans mon vieil appartement dans les bas quartier. Je commençai à me faire un petit réseau sous pseudonyme, sans revendeur. Tout est fait par moi, de moi à mes clients, comme ça je me fais pas voler et j'ai 100% des profits. Dès que j'ai eu l'argent, je m'achetai un appart dans un quartier étudiant plus près de l'université et commençai à me faire une double-vie. Histoire de me protéger. Je sais que j'ai des ennemis. Un nouveau vendeur en ville, qui a des prix plus compétitifs sur une drogue déjà pas cher à la base, ça attire les foudres du commerce qui était déjà en place. C'est surprenant que je sois encore en vie.

J'ai maintenant un an de maîtrise de fait. Je me suis fait un nom à l'école pour mes notes incroyables malgré mon taux d'absentéisme de 100% dans mes cours du matin, de mon absence totale de la bibliothèque et de ma présence constante dans tous les partys du campus.

Je continue nonchalamment ma vie, mentant comme je respire, passer mes nuits en solitaire à étudier dans mon laboratoire jusqu'à ce que le soleil se lève, fermant les yeux sur les hallucinations et craignant le jour où l'autorité finira par me mettre derrière les barreaux.

Mais qu'est-ce que j'ai fait de mal? Au final, je ne fais que vivre selon la promesse que je me suis faite ce soir d'orage, seul devant la chandelle chancelante, cette promesse que j'allais réussir à me sortir de la misère à n'importe quel prix. N'importe quel. Où est le mal?