Let me help you (khaël)

Puisque tu es majoritairement hors de danger et surtout que tu peux recommencer à bouger, même si c'est encore difficile, la marchette, la canne... Tu as subi le premier rendez-vous avez un kinésithérapeute et bordel, tu ne pensais pas qu'un rendez-vous de la sorte pouvait te faire aussi mal ! Il force contre tes muscles, il utilise tous les tissus concernés : tégumentaires, musculaires, articulaires, nerveux, pulmonaires, cardiaques, vasculaires. Donc les exercices sont compliqués et tu sors de là en sueurs, tremblant. C'est très difficile, surtout après deux mois d'arrêt. Tu as beaucoup à rattraper et tu es encore furieux, par moments. Il t'arrive de sortir de tes gongs face aux blessures que tu as parce qu'elles te rendent faible. L'égo en prend un coup. Tu as l'impression que plus rien ne sera jamais comme avant. T'es pas voyant, donc tu ne peux pas le savoir, mais à cet instant précis dans le présent... Tu penses que ça ne sera jamais comme avant. Vincent et Ravi sont absents. Ils ont attendus pour leur voyage de noces à cause de toi et ça aussi, ça a pesé un peu lourd dans ta tête. Tu es donc seul chez ton cousin, prenant soin de Lalu puisqu'ils n'ont personne en ce moment. Tu fais le gardien attitré pendant qu'ils profitent de leur nouveau statut quelque part ensoleillé. Tu baisses les yeux sur ton portable et tu finis par texter Jaël. De fil en aiguilles de la conversations, tu lui dit que tu n'as personne pour t'aider avec les exercices que te demande le kiné. Du coup... Tu n'es pas surpris d'avoir sa réponse comme quoi il peut le faire. Tu décides d'accepter, même si ça te fait légèrement serrer les dents. Votre relation n'est pas encore au beau fixe. Ta rancoeur peut durer un bon moment, mais tu ne l'as pas quitté. Tu ne penses pas le faire, non plus. Mais tu as besoin de temps pour que ta tête s'éclaircisse et que tout va mieux.

Le remords est un sentiment puissant. Il perdure encore et encore, à chaque fois que tu le vois. Tu essaies. Tu t'adaptes. Mais c'est dur. Dure parce que tu vis avec les souvenir, maintenant plus clair qu'au début, de ce que tu as fait. Tu vois encore les images de Khol sur la civière ou encore ceux de ta voiture bousiller. Et pourtant, tu espères. Tu as peur. Peur qu'il décide de te quitter parce que la rancœur serait trop grande pour lui. Peur qu'il ne puisse pas revenir comme avant. Tu as tout simplement... Peur. C'est la première fois de ta vie que ce sentiment te tord les tripes. Cependant... Tu as quand même trouvé le moyen de surmonter celle de ne plus avoir l'alcool dans ta vie. Tu as fait, sans avoir le choix, une cure de désintox pour l'alcool. Tu as donc pris l'opportunité de montré à Khol que tu veux avancer. Que tu puisses être meilleur que ce Jay qui a décidé de prendre la roue lorsqu'il ne fallait pas.
Ce n'est alors pas surprenant lorsque Khol te texte pour te dire qu'il n'a personne pour ses exercices que tu te proposes. Tu veux te racheter, même si c'est probablement impossible de le faire face à ce que tu lui as fait subir. Tu ne peux empêcher ce petit sourire joyeux lorsqu'il accepte que tu l'aides. Tu veux le voir. Il te manque. Mais tu restes patient, lui donnant le temps qu'il veut. Qu'il a besoin. Tu t'habilles donc d'une paire de short façon jogging, enfilant un débardeur foncé. Une fois habillé, tu descends pour te rendre à l'entrée. Tu prends tes choses essentielles : portefeuille et tes clés pour les enfuis dans les poches de ton short. Puis ton téléphone que tu mets dans la poche opposée. Ensuite, tu enfiles tes souliers, sans chaussettes, vu la belle température à l'extérieur. Par contre, tu dois appeler un taxi pour te rendre chez Vincent, puisque tu n'es plus en possession de ton permis de conduire.

(* * *)

Tu es maintenant devant la porte, le cœur battant. Tu prends une grande inspiration et tu cognes. Lalu, le chien de Vincent, se met japper de son petit jappe de chiot en courant vers la porte. Tu tournes la poignée et ouvres la porte. "Hey... P'tit monstre" que tu dis en te penchant pour prendre le chiot dans tes bras, avant de refermer derrière toi. Le chien t'attaque de sa langue et tu ris doucement. Lorsque Khol ce montré, tes yeux se lèvent automatiquement pour croiser les siens. Tu lui fais un sourire... Même si la nervosité reste un peu présente dans ton estomac. Tu inspires discrètement, comme pour te donner du courage, avant de t'avancer vers lui. "Hey... Petit prince, comment tu vas ?"

Tu n'as pas eu le temps d'aller vers la porte que tu entends le chien aboyer, pour finalement arrêter. Un rire t'indique que Jaël est bel et bien rentré alors que tu avances lentement avec le moyen de transport adapté pour toi actuellement : la marchette à roulettes. Ça fait une semaine que tu l'as. Une semaine que tu peux marcher et même si c'est vraiment difficile par moments, il faut dire que tu essaies le plus possible parce que ça signe aussi ton indépendance. Celle que tu n'as plus depuis deux mois. Tu l'observes, de longues secondes, avant de secouer un peu la tête et tu te penches contre la marchette, croisant légèrement les bras parce que ça te fatigue. Il continue avec son surnom. Au début, tu lui a dit d'arrêter, puis finalement tu l'as laissé faire. Tu hausses les épaules. "- J'ai vécu de meilleurs moments que ceux-là. Alors vient, si t'es là pour m'aider." Tu te redresse pour te détourner afin de marcher vers ta chambre. Tu as installé un tapis pour pouvoir t'y coucher. Tu es lent, quand tu y parviens. "- Ferme la porte pour que le chien n'entre pas, je n'ai pas envie de me battre contre une langue pleine de bave." Déjà que ce sera suffisamment éprouvant.  

Tu as essayé de ne pas trop l'embêter avec le surnom que tu lui donnes habituellement... Même s'il t'avait demandé d'arrêter. Tu as fait tout ton possible pour ne pas le surnommer de cette façon... Où encore utiliser les autres petits surnoms amoureux que tu lui donnes. C'est dur quand tu es habitué.
Tu ne comprends pas tout de suite pourquoi il secoue la tête... Fronçant doucement les sourcils avant de lui sourire et lui demander comment il va. Il baisse d'intensité, ton sourire, lorsqu'il te dit qu'il a vécu meilleur. Tu ne sais pas ce que tu expectais, en réalité. Tu déposes le chiot au sol lorsque Khol se met à avancer. Tu le suis tout comme le chien aussi. "D'accord." Que tu lui dis en te retournant vers la porte pour la refermer, en faisant un petit air désolé au chien. "Désolé, p'tit monstre... Peut-être plus tard." Tu fermes donc la porte et refais face vers Khol. "Tu dois faire quoi comme exercice aujourd'hui ?" Peut-être qu'il a une feuille pas loin qui pourrait te donner un indice. Tu ne veux quand même pas le blesser.

Tu es très bien au courant que les choses seront compliquées entre vous pour les prochaines semaines. Peut-être même les prochains mois, qui sait ? Tu ne peux pas lui pardonner. Pas encore, mais tu l'as laissé revenir dans ta vie par épisode. Vous avez, bien sûr, déjà dérapés. Ça a été rapide, même si tu avais cru à une erreur par la suite vue comment la conversation a vite tournée, mais soit. Tu ne peux pas empêcher ton corps de réagir en présence de Jaël parce qu'il inspire une libido très élevée chez toi et tu dois dire que son corps appel immédiatement le tien, mais tu ne peux rien faire de plus que tu ne fais déjà. Tu prends des feuilles que tu lui tends. Elles ont des images précises sur ce que tu dois faire et comment il peut t'aider. Tu finis par te retrouver à genoux, puis tu coules sur le côté afin de poser les fesses au sol, venant prendre le coussin spécial pour le dessous de tes genoux et tu t'étends sur le dos. Tu es habillé d'un jogging simple et d'un t-shirt noir. Pas plus simple que ça pour pouvoir faire ces exercices, non ? Tu sais que ce sera un bon défi pour vous deux. Tu ne sais pas ce qui va se passer. Si ton corps va vraiment accepter tout ça, si vous n'allez pas vous engueuler... Non. Tu ne sais pas. 

En fait, personne ne sait ce qui va se passer. Mais une chose que tu sais, c'est que tu vas continuer de te montrer patient et prêter attention au signe. Tu ne fais pas d'avance sur lui non plus, tu attends qu'il le fasse lui-même. Vous avez déjà dérapé, ça ne veut pas dire qu'il t'ouvre grand les bras. Et tu le sais. Alors, tu fais attention. Tu le laisses s'installer et prends les feuilles lorsqu'il te les tend. Tu les regardes et lit attentivement "Se sont des exercices quand même assez simple." Que tu dis en tournant la page pour voir le reste des exercices. Tu l'observes s'installer sur le dos, en même temps, et tu viens te poser à genoux, à ses pieds. "On va commencer par la plus simple." que tu dis en posant les feuilles au sol. Tu viens placer ta main comme support sous son talon, et commence à lui lever la jambe doucement pour atteindre son extension maximum. "Essaie de rester comme ça pendant cinq secondes." Que tu lui demandes gentiment en abaissant ta main, pas trop loin, pour qu'il essaie de le maintenir de lui-même.

Tu n'as pas envie de faire ces exercices parce qu'ils te font mal, ils te fatiguent, mais tu n'as pas le droit pour retrouver le plus vite possible ta mobilité, ton indépendance, ta liberté. Celle que tu avais avant, peut-être ? T'en sais rien ! C'est bien trop tôt pour pouvoir le dire. Tu es coincé, d'une certaine façon. Lorsque tu t'étends sur le dos, Jaël dit que ça ne semble pas compliqué. Tant mieux, comme ça il n'aura pas trop de mal à t'aider. Il commence par t'aider à soulever la jambe, appuyant sous le talon avant de te laisser faire pendant cinq secondes. Les premières ne semblent pas poser autant de problème, mais il faut faire trois séries. Et la seconde, ton visage témoigne que ça te demande un effort. La troisième, tu grimaces. Là, ça t'a fait mal. Tu replies le genou, levant tes yeux au plafond en inspirant, le coeur rapide. Ça frappe beaucoup dans ton égo. Tu aimerais ne pas te montrer aussi faible, putain. Mais tu siffles. Tu sens bien que ça tire. C'est un bon mouvement, mais c'est encore trop tôt pour vraiment avoir une différence. Il te faudra au moins une semaine avec cet exercice pour pouvoir en voir le fruit d'une amélioration assez bonne. Tu as des sacs de billes congelées qui serviront après. Tu ne t'avoue pas vaincu, parce que tu retends la jambe. Tu es prêt à recommencer. Heureusement, ce n'est que deux sessions par exercice, parce qu'à la troisième, une larme coule sur ta joue. Ça te demande beaucoup, beaucoup d'efforts. Certains mouvements ne posent pas tant de problèmes, d'autres oui. Comme celui-là. "- Au prochain..." que tu souffles. Tu as le coeur rapide, mais c'est normal parce que ce ne sont pas les efforts le pire, c'est la douleur.  

Tu n'aimes pas le voir souffrir. De savoir qu'il a mal. C'est dans ces moments-là que tu souhaites pouvoir lui enlever son mal. De le prendre pour lui redonner ce qu'il avait avant. "C'est très bien, Khol." Que tu l'encourages avec un sourire. Tu l'aides avec les deux sessions de ce premier exercice, faisant pareil avec l'autre. Pour le deuxième, il faut enlever le coussin spécial. Il doit replier sa jambe non opérée pour ensuite lever sa jambe opérée de quelques centimètres pendant cinq secondes, elle aussi. Tu l'aides en tenant son talon, encore une fois, le lâchant lorsqu'il doit maintenir sa jambe en ongle. Après la deuxième lever, tu l'encourages encore une fois. "Tu vas y arriver mon cœur... Encore un et en va prendre une petite pause." Que tu lui dis. Tu sais que c'est important les pauses pendant les exercices. Surtout dans sa condition.

C'est l'une des raisons pourquoi tu détestes aller voir le kiné quand tu commences à peine : ça fait mal. Tu sais que c'est pour ton bien et que tu ne peux pas t'en sortir sans ça. Tu dois muscler de nouveau ta jambe, retrouver la mobilité de ton bassin. Lorsqu'il retire le coussin, une grimace s'exprime quand ta jambe repose entièrement sur le sol. Il te tire un véritable gémissement de douleur quand tu dois la maintenir en l'air la deuxième fois. La sueur commence à perler sur ton front et tu laisses ta tête retomber quand il dit encore un. Tu t'exécute, même si ça provoque un fort tremblement et tu laisses ta jambe retomber, repliant le bras contre toi et tu fermes les yeux. Tu es essouflé comme si tu avais couru pendant plusieurs minutes, mais c'est seulement l'effort que ça te demande vis à vis de la douleur. Tu es, normalement, assez endurant, donc ça prouve à quel point ça te demande beaucoup d'efforts. Tu détournes la tête. Les cheveux collent un peu à ton visage, mais tu t'en fiche. Ce n'est pas encore terminé. Tu es au courant, il te manque une session. Il te manque une forme d'exercice. Tu grimaces à cette pensée et tu finis par replier ta jambe qui n'est pas opérée. C'est elle qui va faire les mouvements de rotation pour ton bassin afin de ne pas forcer l'autre.  

Tu sais ce qu'il peut ressentir. Tu l'as vécu toi aussi quand tu as été blessé au dos et au genou droit, lorsque tu combattais toujours. C'est douloureux et long, la convalescence… Tu grimaces à cette pensée avant de le regarder à nouveau. “Je vais aller te chercher un verre d'eau.” Que tu dis en te levant. Tu ne lui donnes pas vraiment le choix, tu sais comment têtue, il peut être. Lorsque tu ouvres la porte, Lalu entre dans la chambre en vitesse et tu l'attrapes avant qu'elle n'aille attaquer Khol avec sa langue. “Oh viens là, p'tit monstre. Faut pas déranger Khol.” Que tu as dit en la prenant entre tes mains.
Tu refermes la porte derrière toi avant de déposer le chien sur ses pattes et de te diriger vers la cuisine. L’animal, c'est mi à te talonner, marchant littéralement sur tes talons. Ça te fait pouffer de rire. “Eh bien… Tu es en recherche d’attention” que tu dis en baissant la tête pendant que tu remplis le verre d’eau. Tu éteins le robinet avant de revenir sur tes pas. “Non… Tu ne peux pas entrer encore, Lalu.” Que tu dis en ouvrant la porte. Le chiot s’assoit avant de se laisser coucher et soupire en te regardant entrer. “Tiens mon amour… Ça devrait te faire du bien.” Que tu lui déclares avec un sourire tendre.