nuit sans étoiles ☾ salem

ft.  libre

► nuits sans étoiles
@Zorah Stahl & @Salem King

ton repère sacré au bord de la mer - de longues marches imprégnées au sel humide, le chant des embardées qui tambourinent, et ce fantôme qui te hante depuis cette nuit-là. alors que ta vie continue à toi, tu dévales la marina. rare les moments de solitude, quand tu t'efforces à combler les vides de chaque minute. pourtant là-bas au loin, épave fascinante sur le bord du quai, les boucles satinées que tu reconnais. les pas qui ralentissent, les yeux qui se plissent, dévisagent puis se rapprochent. dans la quiétude des vagues, tu imites ta braconnière impitoyable, celle qui te capture à reprise sans jamais s'essouffler. assis sur le cordage d'à côté, le bercement du fil qui te rappelle ces souvenirs profonds, enfouis sous les années, la liberté des balançoires, les pieds ballants au-dessus de l'univers. de ta voix charmée, pointe d'affrontement, tu brises la sérénité. "tu me traques maintenant ?"

ft.  @salem king

► nuits sans étoiles
@Zorah Stahl & @Salem King

dégradé de diamants, scintille l'astre nocturne sur le dos des vagues, magistral sa grandeur. l'océan, gardien aphasique de tes chagrins, l'écho des flots crie à haute voix les erreurs commises. haussement d'épaules, tu expires un rire léger à sa réplique. peut-être que ton chemin te mène à elle, un peu trop souvent, destins liés par vos métiers. la créature tapie dans l'ombre des nuages, sombre amertume, t'observe de son regard perçant. lueur de la lune sur l'opale trahie sa position, dissimulée dans les fourrés. tu te sais en danger sous les yeux du prédateur, ton plumage de paon comme seule armure, et l'attrait du risque qui te tiraille de l'intérieur. dangereux, l'animal. "il y a des choses qui méritent de rester dans les profondeurs, tu crois pas ?" à l'abri de leurs ouragans, ceux qui détruisent littorales et voisinages, impétueux ignorent les répercussions dévastatrices. tu observes l'étincelle s'allumer dans l'obscurité, se consumer, échappées les fumées d'un souffle assassin. et puis le regard qui s'enfuit sur la digue devant vous, réconfortant le va-et-vient d'ondine sur le rivage. "t'as l'intention de rester assise à fumer seule au bord de l'eau ?" tu te penches dans sa direction sans même l'affronter, les mots partagés entre vous s'égarent avant d'atteindre la côte. "j'étais en route pour le yatch de king senior, si tu veux continuer de le spectacle là-bas."

ft.  @salem king

► nuits sans étoiles
@Zorah Stahl & @Salem King

mâchoire qui se serre, les mots qui t'écorchent, murmurées dans la brume les sentences régicides. métaphores aiguisées qui se plantent. touché, coulé. tu restes silencieux, les paroles qui ne feraient que trahir ce qui se terre à l'intérieur. le mutisme d'une pause, alors qu'elle se relève, partie déjà, requin en chasse dans les eaux sombres. tu la laisses s'éloigner de quelques claquements avant de toi-même quitter ce fossé pour la rattraper. taquin pour te protéger. "il avait clairement quelque chose à compenser quand il l'a acheté." grandiose le navire, que le daron a acquis sur un coup de tête. l'indulgence de la richesse alors que rarement il le visite. toi, t'avais pris l'habitude de t'y cacher de lui, ces soirées à t'évader. merveille navale, le vaisseau fantôme qui te fait face, au bout de la jetée. poitrine qui se serre, elle aussi, à chaque pas qui le rapproche. cette sensation de pression qui t'écrase sous le poids de ce bateau. damnation, ta confidente, promesse d'oublier dans une marche funèbre. alors les apparences, tu prétends. maitrisé, le sourire confiant qui masque ces yeux vulnérables. clés dans une main, de l'autre, un geste exagéré lui montre la voie vers ton purgatoire. "tous les secrets de salem king en haut de ces marches." regard défiant posé sur elle. "c'est pas tout le monde qui y accède."

ft.  @salem king

► nuits sans étoiles
@Zorah Stahl & @Salem King

répliques qui fusent sur le terrain imaginaire, tu renvois la balle. "non." première réponse franche de la soirée, dénuée d'hésitation. tu es bien convaincu que c'est la dernière personne à qui tu devrais te confier, secrets en danger entre les griffes du prédateur. pourtant, le sentier embrasé du péril t'attire sous sa menace. tu grimpes les escaliers, délicatement doigts posés sur les siens pour tourner la poignée, prière glissée dans ses boucles, dans un murmure. "il y a toujours une issue de secours avec assez d'argent." tu rentres le premier, interrupteur immédiatement trouvé. lumières s'allument une à une sur le pont, et soudain l'espace que vous partagez s'éclaire. phare d'opulence au milieu des ténèbres et de la brume. entreposées à l'intérieur, toiles inachevées, ébauches répudiées. déposées au pied d'un mur, entassées, les idées qui ne verront jamais le jour. elles se mélangent dans une même pile à celles qui ont été accomplies, esquisses de paysages, souvenirs fardés sur les fibres chanvrées. à tes yeux, les mêmes valeurs, qu'elles soient terminées ou délaissées. bâche plastifiée protège les richesses du père dans un coin de la pièce, abritées des éclaboussures, des impuretés de la peinture. tu ramasses sur ton chemin un tube de pigment et quelques pinceaux abandonnés à sécher pour les réunir sur une table éloignée. tu continues ta route jusqu'au comptoir orné du marbre qui trône dans ce théâtre des prétendus. ton rôle d'hôte que tu tiens à cœur, tu te retournes vers elle pour lui proposer d'une voix posée. "qu'est-ce que je te sers à boire ?" sur l'étagère, liqueurs hors de prix accumulées comme si de rien n'était.

ft.  @salem king

► nuits sans étoiles
@Zorah Stahl & @Salem King

des mots qui la taisent, peut-être que l'animal sauvage derrière ses rugissements cache aussi les blessures d'une lutte passée. captivante, la lionne.  tu la laisses voguer et t'atèles à la tache. french 75, cocktail préféré de ta mère, la sainte que l'enfant adulait. saveurs du gin se mélangent au luxe du champagne. un twist, sirop de violette pour tuer l'amertume du citron dans une douce couleur pourprée. gestes machinaux sur un silence concentré, dosages millimétrés d'une répétition connue, tu termines l'œuvre d'un zeste déposé. et sa visite terminée, deux phalanges poussent le cristal jusqu'à leur propriétaire avant de se retirer dans une lenteur contrôlée. "servie par un king, c'est déjà surprenant, non ?" l'amusement dans ta voix offre un aperçu de tes perles, le timbre mielleux et l'ironie d'un nom. tu rinces tes outils dans la foulée, reposes les bouteilles avant de reculer un pas pour t'adosser contre la paroi. mieux perché d'ici pour l'observer, la chevêche qui en sait déjà trop sur l'imposteur. "trop concentrés sur la marchandise qui en sort, on en oublie sa conception." plus qu'une simple raquette, l'enfant prodige du court. le sourcil qui s'arque, toi aussi tu as envie d'en découvrir plus. " tu te limites à ton appareil photo ou tu touches à autre chose de temps en temps ?"