CHICAGO - TROIS JUIN 1991Il est 10h40 lorsque, à Chicago dans la résidence des Carlson précisément, les cris d'une petite fille se font entendre. Un magnifique bébé qui fut suivi de sa soeur jumelle seulement quelques minutes plus tard, à 10h45 exactement. On peut dire que cette naissance ravissait le couple Carlson. Deux filles en un seul coup, eux qui rêvaient d'une famille, ils avaient tout gagné.
Elles sont magnifiques ma chérie, tient prends en une dans tes bras ! Monsieur Carlson tendit une des jumelles à sa femme qui s'empressa de la câliner, une larme roulant sur sa joue devant tant de beauté et de fierté aussi. Ces deux merveilles avaient nécessité des heures de travail mais ça valait vraiment le coup à voir l'émotion dans les yeux de ces jeunes parents. Malheureusement, il le savait déjà, ils allaient devoir se séparer d'une des deux merveilles qu'ils venaient tout juste d'avoir, plus vite cela serait fait et moins ils seraient attachés à elle. Ils avaient promis au couple De Luca de leur céder une des deux petites, le couple ne pouvant avoir d'enfants malgré de très nombreux essais, il n'y avait rien à faire et les listes pour l'adoption étaient interminables. A ce rythme là, ils auraient eu un enfant dans huit ans. Giulia était la meilleure amie de Madame Carlson et ce depuis le jardin d'enfants. Il était dur pour elle de s'imaginer se séparer d'une de ses filles mais c'était pour une amie qui lui était très chère et elle n'aurait confié une de ses filles qu'à elle et elle seule. L'unique condition était pour le couple d'italiens, d'aller vivre loin de Chicago et si possible loin du sol américain. Malgré tout, les Carlson souhaitaient avoir des nouvelles de leur fille tous les mois afin d'être surs qu'elle allait bien. Tout ça c'était le deal, les De Luca devraient dire qu'ils l'avaient adoptée quelques jours après sa naissance si jamais leur fille leur posait des questions plus tard. C'est également la version officiel du comment ils se sont retrouvés avec un enfant à charge. C'est pour cela que l'accouchement avait été fait dans la demeure familiale des Carlson, pour éviter que l'hôpital ne déclare la naissance de deux enfants. La sage-femme a été gracieusement payée pour ne pas révéler qu'elle avait donné naissance à des jumelles car officiellement les Carlson ont eu une fille et seulement une. C'est donc au hasard que le couple De Luca reçut une des fillettes dans leur bras. M. Carlson préféra leur donner celle qu'il avait porté plutôt que celle qui se trouvait dans les bras de sa femme afin de ne pas rendre ce moment encore plus déchirant qu'il ne l'était déjà. Néanmoins, il imposa le prénom de la petite, elle s’appellerait Alice. Alors que celle qui restait avec eux, se prénommerait Leyna.
Prenez soin d'elle, on vous fait confiance, on sait que vous tiendrez à elle comme à la prunelle de vos yeux. dit-il en déglutissant. Sa femme était encore dans les vapes, fatiguée de l'effort qu'elle venait de faire. La sage-femme reçut son argent après avoir assuré que les petites étaient en bonne santé. Un dernier bisous sur le front de la petite Alice et la voilà partie avec le couple d'italiens en direction de Milan. M. Carlson fut surpris de voir qu'il pleurait à chaudes larmes, lui qui était d'ordinaire stoïque. Il retourna auprès de sa femme et la petite Leyna, il se jura de lui donner l'amour fois deux, comme s'il avait eu deux enfants. Ils se concentreront donc sur leur fille pour combler le vide laisser par leur enfant parti avec les De Luca. Evidemment, qu'il leur arriva de regretter leur décision mais c'était mieux ainsi.
MILAN - OCTOBRE 2000Papa ! Maman ! criais-je dans la villa. Je ne savais pas s'ils étaient là, c'est vrai qu'ils partent souvent en voyage pour affaires mais je sais qu'ils font des efforts pour être le plus possible avec moi. Maman a arrêté le mannequinat pour être plus proche de moi. Bref, je revenais des cours et je n'allais pas tarder à me préparer pour ma leçon d'équitation mais je devais absolument parler à mes parents avant ça. Je croisais la nourrice entre temps et la femme de ménage aussi puis le jardinier et enfin le majordome, tous étaient incapables de me dire où étaient mes parents. Finalement, je tombais sur ma mère en train de préparer une citronnade dans la cuisine.
Maman, dit papa il est où, je veux vous demander un truc important. Elle l'appela et rapidement, je vis mon père arriver. Je suppose qu'il était occupé pour le boulot puisqu'il avait encore son téléphone à l'oreille. Il se dépêcha de raccrocher pour prendre un verre de la boisson posée sur l'îlot central de la cuisine.
J'ai été adoptée ou pas ? Je n'ai peut-être que neuf ans mais je suis déjà très mature pour mon âge, je suis réfléchie et tous les ans on me propose de sauter une classe mais mes parent et moi on déclinent la demande. Je vois mon père manquer de s'étouffer avec sa boisson. Ma mère fait également une drôle de tête, on a l'impression qu'ils ont vu un fantôme.
Ok j'ai ma réponse vu vos expressions. dis je calmement. Ca ne m'alarmait pas qu'ils ne m'aient rien dis. Je comprends, et puis je n'aurais pas compris forcément ce que ça voulait dire à l'âge de cinq ou six ans.
Ma chérie, je .. on ne sait pas quoi te dire, oui tu as été adoptée mais ça ne veut pas dire qu'on ne t'aime pas bien au contraire ! Je leur souriais, buvant une gorgée de citronnade.
Je sais vous en faîtes pas, c'est à l'école, une fille m'a fait une réflexion sur le fait que je bronze difficilement contrairement à vous et puis je suis très brune et vous êtes très blonds et vos yeux sont bleus, pas les miens. Autant de maturité, ça les impressionnait je crois. On a ensuite discuté longuement, j'ai su qu'ils m'avaient adoptée presque le jour même de ma naissance dans un orphelinat à Chicago voilà tout ce que je savais mais je n'avais pas besoin d'en savoir plus. Je les aimais, ce sont mes parents parce qu'ils m'ont élevée. Si ça se trouve mes vrais parents sont décédés ou n'ont tout simplement pas voulu de moi. Je partie ensuite me préparer pour ma leçon d'équitation. J'adorais ça depuis toujours et j'avais même mon propre cheval depuis deux ans, offert par mes parents pour mon septième anniversaire. Savoir que j'ai été adoptée ne me pose pas de problèmes, j'aime ma vie, mes parents et rien ne changera ça.
MILAN - JUILLET 2010Mademoiselle De Luca, nos séances n'avanceront jamais si vous ne me parlez pas, vous ne pouvez pas vous contenter de rester là assise à attendre que l'heure passe. Je ne peux pas continuer à mentir à vos parents, vous n'avez fait aucun progrès depuis notre première séance, il y a deux mois de cela. Parler vous fera du bien je vous l'assure, vous vous sentirez mieux et plus libérée aussi. Tss il s'y croit lui. Tout ça parce qu'il a une petite plaque devant sa porte avec écrit psychologue, ça y est monsieur pense pouvoir régler les problèmes de tout le monde ? Non mais on n'est pas chez les bisounours quoi. Tout son charabia ne me fera pas revenir Anna et Mario, jamais ils ne pourront être de nouveau avec moi, ils sont morts et enterrés, c'est comme ça et c'est ma faute. Je ferme les yeux un instant, perdue dans mes pensées.
FLASHBACK -
Lili, lili ! Allez rentre, on va pas dormir dehors à la belle étoile enfin ! Anna est vraiment adorable mais j'ai envie de voir la comète prévue ce soir avec ou sans elle. Fait pas ta tête de mule Anna, je vous rejoindrais au chalet une fois que je l'aurais vue promis ! lui dis je en rigolant. Nous étions tous en vacances à la maison de vacances de mes parents au bord d'un lac. Je vois Mario arrivé, l'amour de ma vie. Je l'embrasse langoureusement avant de lui murmurer à l'oreille qu'il m'a manquée. Ah oui ? Mademoiselle est gourmande à ce que je vois. dit-il un sourire aux lèvres. Au loin, je vois ma meilleure amie s'impatienter. Je lui tire la langue et je crois bien qu'elle a compris que je ne rentrerais pas tout de suite, oui je suis bornée parfois. Heureusement, mon copain restera avec moi un peu, au moins une heure ou deux. Finalement plus le temps passe, et toujours pas de comète en vue. Bébé, je vais rentrer, je tombe de sommeil, tu me rejoins après hein ? fit-il d'un air coquin ce à quoi je répondais par un baiser. Il rentra au chalet me laissant seule allongée dans l'herbe. Sans m'en rendre compte, je m'endormais à mon tour, je fus réveillée par une odeur bizarre, mes yeux me piquaient. Qu'est ce qui se passe. J'ouvre les yeux, et me lève en sursaut. Là je vois le chalet, en feu. Les flammes l'ont déjà ravagée. Je cours en pleurs vers lui mais rien ne pourra arranger la situation. C'est trop tard. J'appelle les pompiers, des secours, tout le pays s'il le faut. Peut-être qu'ils sont vivants ou bien qu'ils n'étaient pas à l'intérieur. Je .. je non c'est impossible, pas eux. Je préfère mourir à leur place. Les larmes coulent abondamment sur mes joues mais je ne prends même pas la peine de les essuyer. On me prend rapidement en charge. Je sens encore l'odeur de la fumée et du brûlé. Je vois encore le chat en feu sous mes yeux, impuissante.-
Je me secoue la tête, revenant à moi lorsqu'il essaya de me faire parler une énième fois.
[...]Alice, vous m'entendez ? Vous voulez un mouchoir ? J'allais lui demander pourquoi mais je compris que j'avais pleuré, le souvenir, ce souvenir était encore bien trop présent. Je ne m'en étais toujours pas remise, c'était impossible de faire le deuil de sa meilleure amie et de son petit ami, tout bonnement impossible.
Ca n'est pas de votre faute, il faut que vous le sachiez, vous n'y êtes pour rien dans leur mort Alice. J'étouffais un rire plein de sarcasme tout en secouant la tête exaspéré, dire que mes parents le payaient pour me dire ça, ils perdaient vraiment de l'argent là dedans. Il voudrait mieux donner à des associations plutôt qu'à un charlatant comme lui.
Si je les avais obligés à rester avec moi rien de tout ça ne serait arrivé et je ne serais pas là assise comme une pauvre débile sur un fauteuil débile avec un psychologue à la noix ! Je me levais d'un bond, sortant en claquant la porte. Quel con. Je ne remettrais plus les pieds ici, jamais.
CAMBRIDGE - JUIN 2013Des années sont passées depuis et la vie a continué malgré tout. J'ai finalement réussi à faire mon deuil même si je garde des traces de cette douloureuse perte. Déjà j'ai une peur bleue du feu, des explosions et de tout ce qui pourrait se rapprocher de près ou de loin à un incendie comme celui que j'ai vécu il y a quatre ans de cela maintenant. C'est pour ça aussi que l'explosion de plusieurs bombes à Harvard m'a beaucoup touchée plus que la plupart des gens qui ont pu voir ça aux informations. Mais c'est quand même là-bas que j'ai décidé d'étudier pour ma maîtrise en design de mode et journalisme. C'est une université excellente et si je veux réussir dans la vie, je dois me donner les moyens d'y arriver et je sais qu'avec un diplôme en sortant de là-bas, je serais au top, je frôlerais l'excellence et la perfection scolairement parlant. J'ai toujours été douée pour les études. On a souvent voulu me faire sauter une classe, me considérant comme un petit prodige ou une surdouée mais j'ai toujours refusé tout comme mes parents, déjà parce qu'il savait les moqueries que ça engendrerait et aussi parce que je préfère suivre un parcours scolaire normal. J'ai donc toujours été première de classe, recevant les félicitations de mes professeurs partout où j'étudiais. J'ai obtenu avec une mention ma triple licence journalisme - économie - design de mode. Oui j'ai bien trois licences en poche, je les ai passé en même temps. J'ai tout réussi haut la main même si la fin de ma première année a été un peu dure à cause de cette fameuse perte, vous voyez de quoi je veux parler. J'ai donc choisi Harvard pour y finir mes études. Je n'ai jamais quitté mon Italie parce oui même si je suis née sur le sol américain, je suis italienne dans mon coeur et c'est sur de devoir quitter ma famille, mes amis, ma vie mais je sais aussi que changer d'air me fera du bien. Je vais rencontrer de nouvelles personnes. Le seul soucis c'est que je ne voulais pas changer en cours d'année mais bien y aller pour commencer ma cinquième année sauf que tout les étudiants sont au summer camp je crois bien quelque chose comme ça. J'ai hésité à y aller et puis après tout ça va me permettre de faire des rencontres avant la rentrée, de m'amuser un peu parce que oui j'aime faire la fête, je ne suis pas qu'une intello. Je suis loin aussi du stéréotype de la fille pourrie gâtée et fille unique bichonnée par ses parents pleins aux as. Je suis même tout le contraire, j'utilise mon argent certes mais sans faire d'excès. J'adore aller vers les gens et jamais je ne les considèrerais inférieurs à moi s'ils étaient pauvres ou d'un statut inférieur au mien. J'ai côtoyé bien trop de gosses de riches hautains et cons pour l'être moi aussi. Cambridge ou plutôt la Floride me voilà !
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