Lourde est l’Aura + Scona

Pas étouffés. Par la moquette. Par le silence. Dans le couloir, l’ombre s’avance. Atteint la 218 sans mettre en marche les rouages de sa réflexion. Se contente de les faire muet. L’envie de voir. Le rejet dans ses orbes. L’oublie définitif. De la main, il entoure la poignée. Pousse la porte sans s’annoncer. Silhouette éternellement familière. Apparaît dans sa vision. Dos à lui. À peine tournée dans sa direction, alors qu’elle est agenouillé devant sa valise. Dans la pièce, l’ombre s’impose. Imprime sa présence en s’asseyant sur le lit. Au-dessus d’elle. Les prunelles sur son ovale. Coude en appuie sur les genoux, laisse prendre vie la nonchalance. La lourdeur volontaire de son aura. « Tu m’vois assez ? »

à l’affût des vibrations. trahisse l’indifférence clamée. menteuse. s’enfoncer dans le même puit sans fin. profondeur abyssale, attrape et piège pour se laisser suffoquer dans tes ombres. passé toujours en surface, s’accroche à la peau comme une encre empoisonnée. porte grince, poignée broyée sous tes doigts. c’est toi. toujours toi. tourne à peine la tête par dessus l’épaule, tissus se froissent sous les phalanges nerveuses. plie, balance à côté le linge avant de lever les billes vers toi. éteintes. presque. tu sais voir toutes mes failles t’façon. - trop loin. approche encore. soutiens le regard. lourd de sens. vérités cachées sous le jeu éternel.

Le piège entre ses lippes, délie sa langue. Dévoile son mensonge, avant même qu’il l’oblige. « Moi qui pensait qu’ça allait être plus difficile... » Mèche s’allume. Prend vie dans ses orbes. « …de t’faire cracher ton mensonge. » Rien n’a changé. Et ça sera toujours comme ça jusqu’à ce que la faille s’élargisse de trop. Que le gouffre soit trop profond.

aversion. pour les certitudes que tu déverses. dégoulinantes de tes lèvres, à croire que j’pourrais plus jamais être tienne. raison ou tort, l’ego se tord de ton assurance. balance le maillot de bain entre les doigts, me redresse pour venir face à toi. surplombe carcasse assise. doigts serrent ta mâchoire, sans douceur, pulpes massacrent l’intérieur de tes joues. - ferme ta gueule, scott. mélange d’sentiments dans les orbes. dégoût. rage. désir. déception. - tu crois que j’mens ? sourire lubrique s’étend sur les lèvres. penche, face à face. yeux dans les yeux. - regarde bien, scott. regarde si j’mens.. si tu m’fais encore vibrer. éteint l’âme. enferme le passé et l’histoire dans le cimetière des sentiments. émotions voilées. impassible quand les billes vagabondes d’un œil à l’autre. sonde l’intérieur pour étouffer le mien. - plus.. rien. appuie sur les mots que je murmure. découpe lascivement les syllabes douloureuses.

L’arrogance sur les traits. Le refus de penser que ce qu’elle raconte est possible. Elle-même se perd. Oublie les échanges. Reproche ce qu’elle tente de lui faire croire la. Qu’elle ne ressent plus rien. Sourire carnassier. Prend forme sur ses lèvres. Alors qu’elle le domine, il décide de lui faire perdre pied. Attrape ses hanches pour la faire basculer sur le lit, avant de se positionner au-dessus en un éclair. Lourd. Écrase son poids sur son corps frêle. Malmené par la drogue. Par la douleur. « T’es qu’une putain d’manipulatrice Lena. J’peux au moins t’reconnaitre ça. » Rictus à la commissure. Se délecte de ses mots. « T’peux prendre les autres pour des cons, mais pas moi. Jamais. » Le frisson. De l’instant. Du contrôle.

défaite trop de fois bouffées. face à toi. perdre pieds, recommencer, me bousiller. refuse de te laisser gagner encore. de te donner satisfaction. menton glisse des doigts dans la chute, rebond du matelas fait remuer le corps quelques secondes. myocarde à la gorge. calme la tempête dans les entrailles. suffoque. de ton poids. d’ton parfum. de c’qu’on sera plus. éclats de peine fait trembler la pupille. me ramène à un autre hôtel. un autre lit. dans un souvenir amère. moins luxueux, sur le bord d’une route. à se dire au revoir, le coeur en miettes. - tu veux t’faire croire que j’te mens ? gorge entre mes doigts, m’aggripe pour me relever brutalement. front contre front. serre l’emprise. main libre en appuie contre le matelas. - j’en ai plus rien à foutre. canines serrées. soufflée à quelques millimètres de ta bouche. - pousses toi. en affront. ton sec, infaillible.

L’enfer qui se déchaîne. Libère l’unseelie. Elle qui continue de nier. Les fronts qui entrent en collision. Remoue subtil. D’un doute, mais l’ego qui rassure. Dément la possibilité. Trop obnubilé par sa confiance. Par la vanité qui se croit inoubliable.Finalement, il abdique. Dénoue l’étreinte pour s’écraser dos au matelas. Le rire qui secoue la cage thoracique. À cause d’elle. De son affront. Et peut-être dû à une infime nervosité. Si minime qu’il la repousse en extériorisant. Carcasse imposante. Tremble encore, alors que le rire se tarie un peu.

retrouve le souffle, les mains encore moites de l’étreinte. proximité qui angoisse. rends les évidences réelles. déglutit, quand tu te laisses retomber sur le lit. écho de ton rire, pique en plein cœur. - qu’est c’qui a ? fronce les sourcils, les pieds dans le vide, à moitié redressée. tourne la tête, dévisage la carcasse qui creuse le matelas.

Le matelas qui se plie. Il la sait à nouveau allongée. Parfum familier. Relance les souvenirs. Rire qui s’arrête. Tourne son visage vers elle. Un instant. Puis, revient au plafond. « La gueule qu’tu tire. » Moqueur. Encore quelques secondes. Puis, s’éteint. « Quel importance t’façon ? T’peux bien ne plus rien ressentir. » Claque les mots. Donne l’illusion qu’ils sont légers, alors qu’ils le lacèrent encore. Comme un écho lointain. « C’est que des ruines… » Les émeraudes qui croisent son profil. « …toi et moi. »

billes quittent pas le plafond. même quand tu te retournes, quand tu me regardes. que je sens tes onyx me lire. visage fermé, seul le bruit sourd de tes mots résonnent à l’intérieur. fracas muet. silencieux. poitrine lourde. cage thoracique se soulève à peine. - pourquoi t’es venu voir alors ? secoue la tête brièvement. achève les pensées. les questions. - réponds pas. en vrai, j’m’en fou. quitte le matelas. cherche la salle de bain, pieds nus sur la moquette. devant le miroir, détache les cheveux. ceux encore prisonniers d’une pince. - t’as une terrasse si t’as envie d’péter ton joint.