matin à fushimi inari (( spencerwaal #1 ))

Après quelques instants passés à marcher côte à côte le long du sentier, tu lui avais fait part de cette envie que tu avais et qui faisait partie de la suite logique, quoique pas forcément obligatoire. C'était toutefois ainsi que le schéma se dessinait dans ta tête, à mesure que tu réfléchissais à la meilleure façon d'aborder le sujet qui te préoccupait sans avoir l'air mort de faim. Tu te sentais tout à coup timide, l'estomac noué par l'appréhension de te prendre un râteau. Tu avais fait un pas vers Cassie en espérant de tout ton cœur qu'elle y réponde de manière positive. Tu croisais donc les doigts intérieurement, enfouissant tes mains devenues moites dans les poches de ton pantalon. Tu te félicitais de ne pas avoir pris sa main dans la tienne, ainsi elle ne sentirait pas à quel point tu te sentais fébrile. Tu déglutis, ta pomme d'adam montant et descendant dans ta gorge, bien que ton visage restât de marbre. Le trac que tu ressentais n'avait rien à voir avec celui qui précédait un show, tes émotions semblaient s'être décuplées au centuple. Cassie te dévisageait de ses grands yeux bleus et une fois de plus, tu te surpris à la trouver très belle, et plus encore, mais les mots te manquaient. Tu esquissas toutefois un sourire un peu tordu à ses mots,  tout en hochant doucement la tête parce que tu comprenais ce que ça impliquait. Si tu voulais un baiser tu allais devoir le chercher. À cette idée, ton estomac descendit dans tes talons, et ton souffle se bloqua momentanément. La perspective d'un rapprochement physique t'excitait tout autant qu'elle t'effrayait. Tu n'avais jamais été tactile, c'était un fait et il en fallait beaucoup pour que tu consentes à abaisser les barrières que tu avais érigées tout autour de toi. Troublé, presque inconfortable, tu rompis le contact visuel pour regarder bêtement tes pieds. Tu te pétrifias un peu lorsque Cassie fit un pas vers toi. Tu gardais tes mains dans tes poches sans trop savoir quoi en faire, immobile comme une statue. "Je..." Tu balbutias, extrêmement perturbé par toutes les émotions qui te submergeaient. Tu ne savais pas si tu devais lui prendre la main, ou poser les tiennes sur ses hanches. tu ne savais même pas si au Japon les effusions d'affection en public étaient autorisées, alors que tu te rappelais, trop tard, peut-être, que ce peuple avait la réputation d'être pudique. Tu risquas un coup d'œil aux alentours. Il y avait du monde venu visiter l'endroit et le risque de vous faire mal regarder existait. Ça t'emmerdait, parce que tu voulais pouvoir profiter de ton premier baiser avec elle sans restrictions. Tu finis tout de même par te pencher vers elle, brisant le peu de distance qui restait entre vous pour effleurer ses lèvres des tiennes, comme pour lui donner un avant-goût. Bien sûr, ça avait un goût de trop peu, aussi tu revins à une distance respectable et tes doigts effleurèrent doucement sa joue rose, le regard désolé. "Pour avoir la suite, je crains que nous devons attendre d'être dans un endroit plus...privé." Parce que ce serait vraiment con de vous faire verbaliser parce que vous vous embrassiez un peu trop langoureusement.  

Après de nombreuses tergiversations tu t'étais enfin penché vers elle pour effleurer brièvement ses lèvres des tiennes. Tu aurais voulu prolonger cet instant, lui donner un véritable baiser mais il semblerait que ce moment devra être remis à plus tard, lorsque vous aurez un peu plus d'intimité. Tu n'avais vu personne à proximité mais tu préférais ne pas prendre de risques et éviter que ce moment soit gâché par les regards noirs que l'on pouvait lancer à ces jeunes couples qui n'avaient aucune pudeur. À regret, donc, tu t'éloignas de Cassie, reprenant une distance respectable. Tu marmonnas quelques excuses que tu espérais intelligibles. Aussi tu te sentis quelque peu soulagé lorsque Cassie ne t'en tint pas rigueur, t'assurant qu'elle comprenait tes réserves. "Tant mieux alors " Tu glissas sur le ton de la confidence, ton regard intense la dévisageant un peu trop longuement. À travers ce regard, tu espérais lui faire comprendre que tu en avais très envie toi aussi et que ce n'était que partie remise. Tu te mordilles la lèvre, nerveusement. À présent que l'adrénaline était retombée tu sentias ta timidité qui reprenait le dessus. Tu avais l'impression d'être un adolescent un peu gauche devant la fille qui lui plaisait, parce que cela ne faisait aucun doute que Cassie te plaisait et que tu avais envie de la revoir, de partager d'autres moments comme celui-là avec elle. "Un endroit plus tranquille où on pourra s'embrasser comme bon nous semble?" Tu t'enquis, un sourire en coin étirant tes lèvres. "C'est un plan qui me convient." Tandis que Cassie t'entraînait sur le sentier, tu glissas ta main dans la sienne, nouant tes doigts aux siens, comme si tu ne voulais pas perdre cet élan qui vous avait poussés l'un vers l'autre. Tu ne voulais pas la laisser s'éloigner trop vite, et c'était aussi une façon pour toi de lui faire comprendre que tu étais disposé à franchir cette barrière entre vous, la barrière du toucher, bien que tu ressentes une profonde aversion envers les contacts physiques en temps normal. Ce contact là, tu le désirais, tu l'anticipais même, tandis que vous partiez en quête d'un endroit plus tranquille. Peut-être que tu oserais l'embrasser pour de vrai en la raccompagnant à son hôtel, quand il sera temps de se dire au revoir et de se promettre de se revoir très vite.  

Cassie sentit son cœur battre plus fort alors qu’il entrelaçait ses doigts aux siens, serrant doucement sa main. Elle lui lança un regard complice. Marcher côte à côte en silence, main dans la main, rendait ce moment d’autant plus précieux, et elle ne pouvait s’empêcher de se sentir chanceuse d’avoir trouvé quelqu’un comme lui, avec qui tout semblait si naturel, si évident. L’atmosphère était légère, presque intime malgré les bruits lointains de la ville. Chaque pas qu’ils faisaient vers un coin plus tranquille lui semblait comme un compte à rebours jusqu’à cet instant qu’elle avait déjà imaginé dans sa tête mille fois. Elle aimait cette façon subtile qu’il avait de lui faire sentir qu’il était là, à ses côtés, qu’il avait envie de cette même connexion, sans trop en dire, laissant le mystère habiller chaque regard échangé. Alors qu’ils s’approchaient de son hôtel, Cassie ralentit légèrement, comme pour étirer les dernières secondes de ce moment parfait. Elle savait que, dans quelques instants, il serait temps de se dire au revoir, de briser cet instant suspendu, et une part d’elle en redoutait presque la fin. Elle leva les yeux vers lui, son regard rempli d’une douceur sincère, et, sans un mot, se rapprocha doucement. Sa main dans la sienne lui donnait un étrange courage, et elle se laissa porter par l’élan du moment. Elle ferma les yeux, se rapprochant doucement vers lui, sentant à nouveau ses lèvres trouver les siennes dans un baiser léger, tendre, empreint d’une douce promesse pour l’avenir.

the end