C’était la première fois qu’Anya quittait les Etats-Unis depuis son arrivée sur le territoire. Ils étaient là depuis quelques jours, donnant l’illusion d’un mariage parfait aux yeux du monde. La jeune femme ne pouvait s’empêcher de rêver à une vie telle qu’elle était actuellement et cela même si elle savait que ce moment idyllique ne durerait pas. Le trajet en avion avait été relativement long, mais elle n’en avait eu cure. La perspective de se rendre au Japon rendait tout merveilleux, d’autant plus qu’elle en rêvait depuis des années. Visite des temples, promenades le long des allées et dégustation de street food, chaque activité était intense et emplissait les grands yeux bleus d’Anya d’émerveillement. Les journées semblaient tellement naturelles que la brunette aurait aimé que ces jours durent toujours.
Les rues de Kyoto étaient pleines de touristes, dénaturant quelque peu l’une des villes aux allures les plus traditionnelles du Japon. Les soirées étaient tout de même relativement plus calmes, surtout dans le lieu où ils se rendaient ce soir. Le restaurant paraissait d’un autre temps, comme coupé du monde. On les conduisit le long d’un immense couloir composé de différentes salles, certaines ouvertes, d’autres fermées, mais toutes relativement similaires. Les murs étaient équipés de panneaux shoji ne laissant pas grande place à l’intimité. Ils étaient environ une douzaine et tous s’installèrent autour du kotatsu, élément central de la pièce. La majorité des participants étaient de différentes origines, essentiellement de sexe masculin. Quelques épouses étaient également présentes. La soirée battait son plein, les hommes discutaient tantôt en anglais, tantôt en japonais. Les plats s’enchaînaient tout comme les verres de saké, élevant les voix des hommes sans qu’ils ne se rendent vraiment compte. Pour des oreilles non aguerries, leurs propos n’avaient guère de sens, parlant essentiellement d’arts tandis que les femmes demeuraient beaucoup plus discrètes, interagissant uniquement lorsqu’elles en ressentaient l’utilité.
(Sloane De Luca)