(TW) Some steps backward • Anson

La confiance s'éfrit, lorsque les doigts entourent gentiment le poignet malade. Malade de cette envie qui doit lui brûler la gorge et tes yeux inquiets qui tombent sur son beau visage. Ton coeur bat à vive allure. L'ange a demandé de ne pas le surveiller, de ne pas être sur son dos, mais le voilà dans les méandres de ses propres démons, prêt à faire le grand plongeon vers l'arrière et tu es celui - encore - qui est toujours présent pour l'empêcher de faire une connerie. Celui qui tient, celui qui devrait pourtant se fracasser en plusieurs morceaux, mais tu tiens. Tu étais par hasard dans le même bar et Ange n'avait rien vu. Difficile de manquer la grande silhouette du tatoué, d'ailleurs, mais tu n'avais rien dit. Tu ne l'avais pas approché parce que tu veux le laisser tranquille. Tu l'as souvent regardé du coin de l'oeil. Le verre t'a fait froncer les sourcils, mais tu n'as toujours pas bougé. Confiance. Tu as... Tu avais, totalement confiance. Maintenant, elle s'effrite elle aussi quand le géant se met à soulever le liquide vers ses lèvres. Ange est toujours dans tes putains de pensées depuis plusieurs mois, mais surtout depuis sa convalescence chez toi. L'inévitable s'est produit entre vous. Oui, vous avez couchés ensemble. Plus d'une fois, d'ailleurs, mais t'es jamais retourné voir qui que ce soit d'autre et t'en a même pas envie. Il n'y a que lui dans tes envies et tu sais que tes sentiments sont profonds, mais tu ne peux pas le lui dire. Tu ne peux pas le lui dévoiler. Il en sait probablement plus que tu ne veux qu'il le sache vraiment. Tu viens, de ta main libre, la glisser contre sa mâchoire et tu caresses tendrement son menton pour capturer l'essence de son regard, le retirer de cette envie d'alcool et lentement, tu t'asseye contre ses cuisses et tu te mets ainsi entre lui et le verre. Ta main glisse et se pose contre son torse. "- Ange..." Que tu murmures d'une petite voix un peu triste. Oui, ça te fait mal de le voir comme ça. De voir qu'il peut briser la promesse. Celle de t'appeler s'il sentait qu'il glissait. Une larme coule doucement sur ta joue et tu le lâches pour venir l'essuyer. "- Est-ce que tu veux me parler...?" Tu ne l'engueule pas. Tu ne fais même pas de scène. Parce que tu sais que ce n'est pas ce dont il a besoin, mais tu ne crois même pas en avoir la force toi-même. T'es venu pour t'amuser. Tu as accepté de ne pas le suivre parce que tu lui fais... Faisais pleinement confiance. Il n'a pas franchi le cap de non retour, mais ça n'avait pas été loin. Si toi, t'avais pas été là... T'es pas sûr que les choses auraient bien tournées. Tu seras très blessé si Ange décide de te repousser alors que tu as toujours tout fait pour l'aider, même à cet instant précis. Tu ne tentes même pas de l'engueuler. Tu prends de la douceur. Tu veux l'aider... Mais quelqu'un qui mérite d'être aidé doit le faire en premier, faire le premier pas. Si Ange se ferme... Tu crois pouvoir rien faire et ça va te détruire, petit par petit. Mais tu ne laisse rien paraître après cette larme. Tu es inquiet et c'est tout ce que tu montres.

Il peut y avoir douleur sans avoir toxicité. La toxicité, c'est lui qui se définit avec elle comme seconde peau. T'en a rien dit sur ce sujet. Oui, y'a la larme qui coule parce que t'es inquiet pour lui. Parce que tu l'aimes et que ça crève les yeux depuis quelques jours. Plus les jours passent, plus ça saute aux yeux. Tu es venu t'asseoir sur les genoux du pauvre perdu, de celui qui est confus et celui qui veut se reperdre vers les méandres de ses anciens démons. Tu le regarde. Tu as fait barrière avec le verre d'alcool. S'il veut vraiment voir ce que ses propres démons peuvent faire, alors soit. Tu as tourné la tête pour venir lui prendre le verre des mains, le portant à tes lèvres pour le boire cul-sec. T'as une décente féroce, parce que t'as l'habitude depuis trop longtemps. Même problème qu'Ange, mais ce n'était plus aussi fort depuis qu'il est apparu dans ta vie. Il est autant l'ange que le démon, il est autant les lumières qui te sauve de ses propres ténèbres dans lesquelles il t'amène. Entre ta main qui détient son menton, l'ange tombé tire sa langue pour dévoiler une forme étoilée bleutée qui reflète quelque chose que tu as déjà pris trop de fois. Drogue dangereuse. Trop pour, premièrement, être drogué et de deux, vouloir s'abandonner aux bras de d'autres puisque l'ectasy est réputée pour vouloir du plaisir, du contact humain. Mes glaciers fixent quelques secondes ce poison avant de serrer légèrement les doigts qui sont contre sa mâchoire. Sans y penser plus que c'est nécessaire, ma bouche vient se plaquer contre la sienne, un léger mouvement de succion s'effectue. Et si je sauve l'ange pour tomber moi-même alors soit. Parce qu'à cet instant, ni le verre n'est plein, ni la pilule magique n'est sur la langue de celui qui doit rester sobre. Tes doigts le libère doucement. Le pouce caresse tristement le côté de sa mâchoire alors qu'entre tes lèvres il n'existe que le néant, à présent. Le poison a été avalé, le compte à rebours est lancé avant que les tentations ne se fassent plus vives. Un petit sourire triste s'étire. Prend de la place. Parce qu'à cet instant, tu n'as pas besoin de parler. Il a sûrement compris que tu n'hésiterais pas à t'empoisonner toi-même si c'est pour le sauver lui. Lui donner la chance de poursuivre ce pour quoi il a travaillé si fort. Baissant légèrement le menton, tu finis par te redresser lentement, quittant ses cuisses à contreoceur. Parce que ton coeur lui, bat un peu mal. D'une certaine douleur parce qu'il a craqué. Ses promesses qu'il commence à laisser tomber. Il a failli. Si tu n'avais pas été là... Tu inspires. Tu secoues un peu la tête, repoussant encore le mal de côté. Ange a sûrement besoin d'être seul. Tu n'es sûrement plus le bienvenu, pour le moment. Tu comptes rejoindre ton fond, celui d'où tu es venu quand tu l'as vu. Sûrement que c'est mieux comme ça, non ? Il va sûrement t'en vouloir. T'engueuler ? Tu sais pas. Te dire que tu n'aurais pas dû. Tu sens le froid dans le creux de ton estomac avec toutes ces foutues questions. Au fond... C'est tout ce qui t'importe. Quitte, peut-être, à ce qu'il te crie qu'il te déteste... Mais tu l'as sauvé de sa propre perdition. C'est tout ce qui comptait.