wild thoughts (pandora)

C'était une journée plutôt chaude, baignée par la lumière dorée d'un soleil estival. Cette saison était celle qu'Holden préférait. Les rayons solaires inondaient chaque recoin de son loft spacieux, jouant avec les ombres et illuminant les moindres détails de son mobilier élégant. Sortant de la douche, des gouttes d'eau glissaient encore de ses boucles brunes pour s'écraser sur ses épaules carrées. L'heure de son rendez-vous approchait. Un rendez-vous très peu conventionnel, et il se demandait comment il en était arrivé là.
Holden était loin d'être un enfant de cœur. La plupart des gens le détestaient, et c'était réciproque. Ceux qu'il tolérait devaient supporter son sale caractère, ses remarques acerbes et sa froideur glaciale. Pourtant, il était là, en train d'allumer son ordinateur pour jouer au bon samaritain. Peut-être que l'histoire de Pandora résonnait en lui, réveillant des souvenirs enfouis.
Il n'avait pas toujours vécu dans l'abondance dont il jouissait maintenant. Né dans une famille pauvre, il était passé par des choses affreuses et c'était ironiquement grâce à ça qu'il avait une seconde chance. En aidant Pandora, il trouvait une sorte de rédemption, semblable à celle qu'il éprouvait en soignant ses patients. Malgré son attitude infecte, lorsqu'il s'agissait de sauver ou de changer des vies, il se transformait.
Il y avait quelque chose de thérapeutique dans le fait d'aider les autres sans attendre quoi que ce soit en retour. Peut-être cela guérissait-il ses propres cicatrices, en aidant les autres, il aidait le petit garçon en lui qui avait désespérément besoin d'être sauvé. Quoi qu'il en soit, ses choix l'avaient mené là : la caméra de son ordinateur allumée, il attendait. Il avait payé 500 dollars pour cette session privée, mais il ne voulait rien d'autre que donner cet argent. Peut-être qu'elle le reconnaîtrait, peut-être pas. Peu importait. Il s'était connecté uniquement pour s'assurer que la personne qu'il avait payée était bien Pandora. Peut-être qu'il discuterait un peu, mais rien de plus.

Cette situation aurait pu mettre mal à l'aise n'importe qui, mais pas lui. Elle l'avait reconnu immédiatement, preuve qu'il avait sûrement marqué ses souvenirs. Après tout, des gens dans le strip club, surtout des hommes, ce n'était pas ce qui manquait. Ils avaient bien ri tous les deux; à vrai dire, c'était peut-être plus elle que lui qui avait ri, vu comme il pouvait être amusant d'observer Holden en état d'ébriété. C'était ce que ses proches affirmaient du moins.
Holden, toujours énigmatique, laissa ses yeux se perdre un instant dans son décolleté avant de lui répondre. "Pandora," dit-il en lui souriant simplement, d'un air satisfait. "Je n'ai pas résisté à l'envie de soutenir ton... business." Il retenait un petit rire étouffé. Ses yeux se perdaient encore quelques secondes dans la contemplation de son corps, chaque courbe, chaque parcelle de peau mise en valeur de façon extrêmement minutieuse. Il aimait le sens du détail. Il se disait que ça devrait être interdit d'avoir un corps sculpté ainsi.
"Ne t'en fais pas, je ne te demande aucune prestation. Si tu veux, on peut même arrêter la session là... Disons que c'est mon pourboire pour l'autre soir." Elle avait été si agréable avec lui, lui si maladroit, parfois coupant avec ses mots. Elle lui avait fait passer une douce soirée, et elle méritait cet argent. Bien plus que lui, au fond, et surtout, elle en avait besoin bien plus que lui. Pour lui, ce n'était pas un acte de gentillesse, c'était juste de la justice : il avait trop d'argent, alors il le lui donnait, voilà tout. Les muscles tendus de ses épaules commençaient à se détendre, une satisfaction intérieure qu'il n'avait pas anticipée s'installait en lui. En aidant Pandora, il se sentait reconnecté à une part de lui-même qu'il avait longtemps ignorée. La chaleur de l'été remplissait l'air de son loft.

Holden ne se doutait pas de ce qui allait se passer, de ce que son geste allait provoquer. Lui qui, bien souvent, calculait chacun de ses faits et gestes minutieusement, avait peut-être cette fois-ci perdu le contrôle de la situation. Il ne pouvait lire à travers ses mots si son ego avait été touché par le fait qu'il lui donne cet argent sans rien vouloir en retour. Mais fidèle à lui-même, il aimait la fermeté de ses mots, presque aussi glacés que les siens parfois. Il souriait d'un air soudainement intéressé, appréciant le fait qu'elle cherchait à provoquer une réaction chez lui. Il aimait qu'elle le défie, qu'elle fixe ainsi la caméra, ses iris brûlant d'une lueur qui semblait le réchauffer malgré les kilomètres qui les séparaient. Elle savait exactement ce qu'elle voulait et comment elle le voulait : Holden restait sans voix devant le spectacle qu'elle lui offrait, ses mains maladroites, joueuses. Un coup, elles se rapprochaient dangereusement des parcelles de peau encore couvertes, et l'instant d'après, elles se mouvaient de manière lancinante.
Holden n'avait vraiment pas l'intention de payer pour une véritable prestation. Pour lui, ceux qui s'offraient ce genre de spectacle étaient ceux qui ne pouvaient pas l'avoir dans la vraie vie. Des personnes bien seules et désespérées. Il pensait qu'il se rabaisserait bien bas s'il le faisait. Mais la voir ainsi, brûlante de feu*, il se disait que peut-être il n'y avait rien de mal à se laisser aller. Mais Holden aimait jouer et, s'il ne voulait pas ressembler à ses clients habituels, il devait provoquer des sensations inédites pour qu'au moins elle passe un bon moment.
"Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée," dit-il, lui laissant une dernière chance d'accepter l'argent et de couper court à cette prestation. "Je ne pense pas que tu sois capable d'éveiller un quelconque désir en moi de toute façon," ajouta-t-il en souriant, la regardant d'un air de défi. Si elle lui offrait un show, il voulait qu'il soit inoubliable. Il voulait aussi lui faire comprendre que rien n'était gagné d'avance avec lui et qu'il faudrait bien plus qu'une voix caressante et des mouvements suggestifs pour qu'il soit satisfait.
Une partie de lui avait toujours envie de fermer cet ordinateur, de tout oublier, de tout stopper et d'effacer Pandora de ses pensées pour de bon. Mais la curiosité et l'homme qu'il était voulaient d'abord en voir un peu plus, peut-être. Ou peut-être que, dans le fond, il aimait qu'elle le retienne, qu'elle le demande, qu'elle soit à son service l'espace de quelques minutes.

Il pencha la tête sur le côté, l'observant avec une attention minutieuse. Elle était belle et enivrante, pleinement dans son rôle de poupée. Aucune parcelle de sa peau n'échappait à son regard, s'attardant même sur des endroits secrets et interdits. Mais il ne voulait rien laisser paraître de plus. Ce n'était pas qu'il restait indifférent – au contraire, cela le troublait profondément. Simplement, il ne parvenait pas à se défaire de l'idée que la jeune femme avait dû prononcer ces mêmes paroles à des dizaines d'autres hommes. C'était débile, mais il ne voulait pas être comme les autres. Non, il voulait la marquer, s'il se laissait emporter dans ce petit jeu, il fallait au moins qu'elle se souvienne de lui à jamais.
Ce qu'Holden aimait, c'était mener la danse, être celui qu'on désirait et non l'inverse. Il voulait la rendre folle et, l'espace d'un instant, lui faire sentir qu'elle ne contrôlait plus rien. C'était fou à dire, mais c'était ce qu'il voulait. Il la regardait faire, son regard froid ne laissant transparaître aucune émotion, et pourtant son sang bouillonnait dans ses veines.
Quand elle s'était soudain aventurée entre ses cuisses, il sentit une perte de contrôle d'une demi-seconde, un sourire taquin au coin des lèvres. Elle menait la danse avec ses paroles, suggérant le meilleur. Beaucoup de "je veux" et d'ordres, mais elle ignorait qu'Holden aimait être celui qui ordonnait. "Peut-être que tes jolies phrases fonctionnent sur d'autres, mais pas sur moi, Pandora," déclara-t-il en la regardant droit dans la caméra, droit dans les yeux. Il voulait qu'elle sente son regard sur elle. "Si tu veux vraiment poursuivre, c'est moi qui te dira quoi faire." Il baissa le regard un instant avant de fixer l'écran à nouveau. "Arrête de te caresser et regarde-moi."
Sans vraiment l'avouer, ce n'était pas de Pandora la cam girl dont il avait envie, mais de Pandora tout court. "Et tu n'as pas intérêt à ne pas m'écouter. J'ai payé, j'ai le droit de décider." Il prit une grande inspiration avant de se redresser et de passer une main dans ses cheveux. "Tu veux savoir comment provoquer mon désir? Parle-moi. Dis-moi ce que tu voudrais que je te fasse, mais je t'interdis de te toucher pour le moment. Tu le feras uniquement si je te le demande." Il aimait faire patienter, faire languir. "Je veux que tu détailles explicitement ce que tu aimerais."
Il y avait dans ses mots une douceur cruelle, une autorité mêlée de désir. Holden, maître du jeu, voulait la dominer par le simple pouvoir de ses paroles. Ses yeux brillaient d'une lueur déterminée, tandis qu'il attendait que Pandora cède à son contrôle, qu'elle s'abandonne à ses désirs, et qu'elle découvre que, pour une fois, elle n'était pas la seule à diriger.

Son regard était passé de froid à chaud. Il ne la regardait plus avec indifférence, mais laissait percevoir à travers ses iris un certain intérêt. Holden aimait la voir suivre au pied de la lettre toutes ses volontés, mais il savait bien que ce ne serait jamais assez. Quand il s'agissait de ses envies, il n'était jamais timide, il n'avait jamais peur d'en demander trop. Il était gourmand et ambitieux dans toutes les facettes de sa vie. Il l'écoutait attentivement décrire ce qu'elle voulait, il pouvait presque la sentir sous ses doigts et il aimait ça. Il aimait la façon dont sa bouche bougeait quand elle parlait de lui, d'eux, de leurs deux corps. Il observait aussi sa langue se mouvoir, l'imaginant bouger et s'affairer sur lui. Il avait du mal à rester impassible avec toutes ces images en tête, mais il gardait le contrôle.
"Si tu m'écoutes, tu auras tout ce que tu désires et plus encore," murmura-t-il d'une voix suave et caressante. Il la regardait, obéissante, à sa merci. Il avait tant de choses en tête qu'il ne savait par où commencer. La voir totalement dépendante de son désir faisait bouillir son sang, et il avait de plus en plus chaud. "Retire ta lingerie maintenant," ordonna-t-il, désirant l'admirer sous toutes les coutures avant de l'utiliser, de l'user. Il voulait qu'elle se sente vulnérable, dépendante de lui.
"Tu aurais pu simplement accepter l'argent, Pandora. Pourquoi ne l'as-tu pas fait ?" En lui posant de telles questions alors qu'elle était si vulnérable, il savait qu'il n'entendrait que la vérité de sa bouche. "Avoue que tu as eu envie de mes mains sur toi le soir de notre rencontre..." Il était de plus en plus confus. Il ne savait pas s'il avait besoin de l'entendre ou s'il voulait vraiment savoir la vérité. Tout ce à quoi il pensait, c'était aux lèvres probablement humides de Pandora et au goût qu'elle devait avoir.