Panique dans le lac !

Panique dans le lac ! •  Cela fait quelques jours que nous nous sommes installés dans cet archipel aux paysages changeants et si particuliers. Si j’aime mon pays d’origine, je ne peux pas nier avoir une certaine affinité pour celui-ci, pour sa culture et son passé. De Tokyo et ses buildings aux façades illuminées en passant par ses montagnes où la nature ne semble jamais avoir été violée, c’est un panel riche et varié qui me donne parfois envie de rester pour une durée indéterminée.

Alors à défaut d’avoir loué comme les autres, nous nous sommes arrêtés au The Lake Suite Ko No Sumika, un hôtel dont les onsens fusionnent avec le lac directement, un cadre parfait pour profiter de cette dernière journée à Hokkaido. Et quoi de mieux qu'une promenade sur la rive pour se changer les idées et passer le temps, glissant à la brune à mes cotés un défi pas si difficile à réaliser sauf si ma main reste collée dans la poche arrière de son jeans pour l’empêcher de se déshabiller.  « Le premier à l'eau... »
> @Haiwee Wind River

Panique dans le lac ! • S’installer ici et y vieillir paisiblement, dans les montagnes reculées où naissent en accord avec la nature quelques onsens et complexes hôteliers est un rêve fugace avorté par le déhanché d’Haiwee qui se soustrait de mon piège grossier avec beaucoup trop de facilité. " Interdiction de tricher. " Pas de la triche, juste un obstacle qu’elle vient de déjouer, ma main se retirant de sa poche à mesure qu’elle s’éloigne de moi en faveur de la berge, ôtant son débardeur pour faire profiter de la vue à n’importe qui. Elle approche du bord et je n’ai encore rien retiré, croisant les bras face à autant d’impudence dans un pays où le moindre faux pas pourrait très cher nous couter. « Je plaisantais. C’est peut-être interdit. » Aucun panneau ne dénature la rive mais c’est peut-être une loi connue de tous par ici. Malheureusement Haiwee n’en a que faire et de toute manière, nous sommes bien les seuls à nous aventurer sur les berges du lac pour le moment.

Alors très vite et même si c’est perdu d’avance, mon t-shirt est ôté après m’être assuré que personne ne vienne nous épier, tentant de la rattraper avant qu’elle ne touche l’eau la première. Ce n’est qu’une fois campé à ses côtés, statique, que les choses sérieuses vont commencer, jonglant sur un pied pour me défaire du reste de mes vêtements en lui assurant: « Jamais. J’suis le roi du Fair-play. » Et elle en sait quelque chose pour avoir bravé des équipes avec moi l’été dernier, à tout donner lorsque nous avions si mal débuté. Mais en ce qui la concerne, j’avoue avoir quelques arrières pensées qui ne reflètent en rien la façon dont j'ai été éduqué, le vice aux lèvres lorsque j'ai le malheur de regarder à coté, tentant par tous les moyens de la ralentir dans son entreprise. « Quelque chose me dit qu'elle doit être gelée... »

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Panique dans le lac ! • Froide sous ce miroir aux alouettes qui ne réfléchit pas la réalité, une fausse tranquillité bercée par les remous de quelques brises venues l’effleurer…. Mais ça n’arrêtera pas Haiwee qui a du en connaitre de bien plus froides dans sa lointaine contrée parce qu’elle se dirige à présent vers le bord sans même hésiter, y trempe juste ses pieds avant de déclarer, malicieuse, qu’elle l’a remporté.  « Gagné. » Il n’y avait pas besoin d’autant en ôter juste pour ça, c’était une promesse beaucoup trop alléchante pour ne s’en tenir qu’à là. « J’suis pas convaincu. » Une négation de la tête et c’est à mon tour d’appréhender la fraicheur de l’eau, faisant mine de me méfier de quelque chose sous les flots, tâtant le terrain de quelques pas sur le coté avant d’entrer en contact avec le fluide.

Pas si fraiche que ce que je pensais mais assez pour me retenir un moment de vouloir aller plus loin afin de prendre les temps de m’acclimater. Et puisqu’elle se retient de me toucher, il en sera de même de mon côté, pas vraiment démonstratif dans ce pays des fois que la proximité choquerait. Il y a des codes et une éthique à respecter bien qu’une fois sous la surface plus rien ne saurait être perçu de gestes défendus… Une idée à cultiver. Mais pour le moment il reste du chemin jusqu’à ce que nos tailles soient immergées alors guidant Haiwee d’un geste de la tête, chaque centimètre est appréhendé, n’aimant pas particulièrement ne pas savoir où je mets les pieds. « Y’a un lac dans ta réserve, non ? » La Wind River doit bien avoir un réservoir quelque part où nous ne sommes jamais ensemble allés, quoique d’après les cartes, sa rivière est parfois assez large pour y prétendre. « Il doit bien y avoir des légendes aussi… »

> @Haiwee Wind River

Panique dans le lac ! • Des légendes autre que celle d’un oiseau-tonnerre qui surplombe les villages en faisant gronder les cieux d’un simple battement d’ailes. Celle là je la connais, l’ai même dans la peau depuis un pari perdu un été, Niuc niuc devenu dès lors mon allié et mon ailier. L’eau est fraiche comme je l’avais prédit, épousant alors la forme des hanches d’Haiwee puisqu’elle me devance de quelques pas, la surface avalant les stigmates de son accident. « Hiawatha. » Une mésaventure qui nous a rapprochés, un mal pour un bien mais dont elle portera toujours l’empreinte. « Aillehouta » Le nom est répété, légèrement déformé parce que je préfère rester concentré sur chaque pas avec ce peu de visibilité. « Il navigue sur les eaux du lac, sur un canoé de pierre avant de se faire avaler par un poisson géant. » Des précisions qui sont grandement appréciées, apportant même un peu de risible à la chose quand la logique s’entrechoque au monde du spirituel. « Il flotte sur des pierres… Pas étonnant » qu’il ait coulé mais se moquer n’apportera rien, surtout en observant Haiwee me fusiller, à présent en train de mimer une brasse alors que nous avons encore pieds. « Une des tiennes ? » A son tour de se moquer, ce n’est que justice parce qu’elles sont nombreuses lorsqu’il s’agit du milieu aquatique et qu'elles ne sont pas non plus des plus logiques. En train de brasser également une fois immergé, statique pourtant, je peine à choisir laquelle pourrait gagner son intérêt. « Une qui pourrait te plaire. Celle du Lac Lugu. » Certainement pas celles qui relatent de dragons apportant fortune et prospérité. Non… « On raconte que de la Déesse Gému et son amant, à trop s’aimer, se sont assoupis un soir mais qu’au petit matin, puisqu’il leur été interdit de se voir en pleine journée, l’homme, surpris par le jour se levant, pris la fuite. Pourtant il se retourna une dernière fois pour la contempler et la déesse fut changée en montagne. Encore aujourd’hui elle pleure toutes les larmes de son corps, sa tristesse permettant au lac de ne jamais se tarir. » C'est peut-être ce qu'il s'est passé ici aussi fut un temps, jadis, sur ces rives...

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