ARCHIE CARUSO ✧ Benjamin Mascolo

À 28 ans, je me tiens devant le miroir, scrutant mon reflet. Mon visage aux traits tirés trahit à peine les années de maltraitance que j'ai subies. Pourtant, derrière cette façade se cache une profonde cicatrice, une blessure qui ne guérit pas malgré le temps qui passe. Des blessures profondes qui ne semblent jamais vouloir guérir. Derrière ces années à être libre, je me remémore celles où je ne l'ai pas été.

Je suis un jeune homme surdoué issu d'une famille aisée. Mes parents, Lucia et Alessandro, sont des figures influentes de la haute société. Ma mère préside une importante firme de finances, tandis que mon père est un avocat renommé. Mais derrière ce succès apparent se cache une vérité amère : depuis mon plus jeune âge, j'ai été exploité, manipulé et abusé par ces deux êtres qui auraient dû me protéger.

Dès mon plus jeune âge, mes parents ont fait peser sur moi un fardeau insupportable. Mes capacités intellectuelles hors du commun ont été un outil entre leurs mains, une source de fierté et de pouvoir qu'ils ont impitoyablement exploitée. Chaque succès scolaire, chaque diplôme décroché n'était pas une célébration de mes propres aspirations, mais une récompense pour leur ambition dévorante. Ils m'ont poussé au-delà de mes limites, m'obligeant à performer sans relâche, à exceller dans des domaines qui ne m'intéressaient guère.

Les punitions étaient légion lorsque je n'atteignais pas leurs standards irréalistes. Gifles, insultes, humiliations publiques - rien n'était épargné pour me rappeler que je leur appartenais, que ma vie ne m'appartenait pas. Chaque fois que j'essayais de m'élever, de suivre mes propres passions, ils me rabaissaient, me rappelant que mon seul destin était de les servir, de porter haut leur nom.

Au fil des années, j'ai sombré dans les dépendances, cherchant un moyen d'échapper à cette emprise oppressante. L'alcool, les drogues, les excès de toutes sortes sont devenus mes compagnons, des béquilles fragiles pour supporter le poids de leurs attentes. Mais même dans ces moments de fuite, je n'étais jamais vraiment libre. Mes parents me traquaient, me forçant à me soumettre à des thérapies coûteuses et dégradantes, dans le seul but de me façonner à leur image.

Je me souviens encore de ces moments où, prostré dans un coin sombre de ma chambre, je contemplais le vide, cherchant désespérément un moyen de m'en sortir. Mes rêves d'indépendance, de liberté, de réalisation de soi s'effritaient un peu plus chaque jour, engloutis par la machine implacable que représentaient mes parents. Leurs ombres me poursuivaient partout, m'étouffant lentement.

Pourtant, au plus profond de moi, une étincelle subsistait. Une petite flamme d'espoir qui, malgré tout, continuait à brûler. Car si j'avais été brisé, je n'étais pas vaincu. Quelque part, dans les tréfonds de mon âme, une voix murmurait que je méritais mieux, que je pouvais prendre le contrôle de ma propre vie.

Ce jour-là, devant ce miroir, j'ai pris une décision. Je ne serais plus le pantin de mes parents, l'instrument de leur ambition. J'allais me battre, coûte que coûte, pour tracer ma propre voie, pour devenir celui que j'ai toujours voulu être. Avec une détermination farouche, j'ai posé ma candidature à Harvard, dans le programme de chimie appliquée. J'ai déployé un tel effort durant des semaines pour ma candidature, cette lettre de motivation parce que l'argent ne serait pas un problème. J'y ai mis tout mon coeur, dans cette lettre. Je voulais fuir d'ici, avoir en main le futur de ma propre vie, de mon propre Destin. Mes parents ont bien sûr tenté de s'y opposer, m'accusant d'ingratitude et de folie. Mais cette fois, j'ai tenu bon, refusant de plier devant leurs menaces et leurs manipulations. J'étais prêt à tout sacrifier pour arracher ma liberté, même si cela signifiait rompre définitivement les liens familiaux. De dernière fortune pour tenter de m’amadouer, ils ont tout payés. Je me suis donc présenté à ma première journée, du haut de mes 21 ans.

Le chemin qui m'attendait serait long et parsemé d'embûches. Les fantômes de mon passé me hanteraient encore longtemps, et les défis à venir seraient titanesques. Mais j'étais décidé à les affronter, à me reconstruire sur les ruines de cette vie que l'on m'avait imposée. Alors que je quittais la maison familiale, j'ai senti un poids immense s'envoler de mes épaules. Certes, l'incertitude et la peur m'envahissaient, mais aussi une sensation grisante de liberté retrouvée. Pour la première fois, j'étais le maître de mon destin, et rien ne pourrait m'arrêter. J'ai décidé de m'enrôler au sein des roses parce que leurs valeurs ressemblent aux miennes et qu’avec eux je n'aurai pas l'impression de devoir me cacher ou être quelqu'un d'autre. Certaines zones d'ombres restent et resteront, Certaines grandiront et d'autres disparaîtront. La vie n'est fait que de perpétuelles avancées.