(sackson) not one, but two

Le retour à la réalité alors que nous avons passé trois semaines en Europe et je dois dire que Boston m'avait un peu manqué. Notre petite maison aussi, nos enfants aussi. J'avais vraiment hâte qu'on fasse cette nouvelle écho, pour pouvoir entendre le coeur du bébé et que ça devienne encore plus concret pour moi. Le ventre de Sage a déjà commencé à s'arrondir mais j'ai vraiment l'impression que d'entendre ce coeur, ça va vraiment changer quelque chose. Le médecin nous a laissé dans la chambre quelques minutes et je ne peux pas m'empêcher de toucher aux espèces de portes jambes au bout de la table d'auscultation. "Ça fait vraiment machine de torture...", que je lui fais remarquer en grimaçant.

@Sage Brennan-Jobs

25.06.2024.
deux mois.
deux mois depuis le début de la grossesse.
deux mois depuis le début de cette nouvelle vie.
deux mois depuis le début de cette nouvelle famille.
deux mois de joie, deux mois de stress pourtant aussi. la peur de pas être à la hauteur alors que c’est tout ce que t’as toujours désiré. la peur de faire les choses de travers, de pas t’en sortir comme tu l’espérais, persuadée pourtant que lui le ferait sans aucune difficulté alors même qu’il a la sensation, de son côté, de pas en être capable.
deuxième rendez-vous chez le gynécologue au retour de ces trois semaines magiques passées en europe, rien que vous. vous trois. la hâte d’entendre enfin battre ce petit cœur au creux de ton corps, de le découvrir et de réaliser réellement ce qui se passe en toi. dans la salle d’examen, la gynécologue disparaît un instant, les yeux qui se posent aussitôt sur ton mari. pulpeuses qui s’étirent à sa remarque, amusée. machine de torture. « ça peut aussi être une machine de plaisir… paraît qu’un roi en particulier utilisait ça avec ses femmes. » comment tu le sais ? les réseaux sociaux. et t’as fait tes recherches, trop curieuse pour t’arrêter à une information trop vague à ton goût.

Je me sens un peu nerveux, parce que j'ai l'impression que cette grossesse va devenir totalement réelle à partir de ce moment. Parce que malgré son petit ventre qui s'arrondit de jour en jour, j'ai pas encore totalement process le fait que je vais vraiment être papa. Alors quand je suis nerveux, je touche à tout, comme un enfant, et ce truc sur lequel les femmes doivent poser leurs pieds chez le gynéco, ça m'intrigue un peu. Mon regard surpris se pose directement sur Sage quand elle me parle d'un roi qui utilisait ça avec ses femmes. "Sérieux ?", que je lui demande en faisant le tour de la table d'auscultation pour me mettre à sa hauteur. "Les gens ont vraiment des délires chelous..", que je dis avec un sourire taquin, parce qu'elle et moi, on sait que nous aussi on en a, des "délires chelous". Ma main vient attraper la sienne et je me penche pour poser un baiser sur le coin de ses lèvres. "J'suis un peu nerveux j'ai les mains moites..", que je lui confesse pour m'excuser de cette main pâteuse qui serre la sienne.

l’idée jusqu’alors irréelle de devenir parents va désormais changer.
changer vos vies à tout jamais.
quelques mois devant vous avant que tout ne se bouscule définitivement, avant que la réalité de la parentalité vous frappe de plein fouet dès que le cri de votre enfant se fera entendre à la maternité. mais, pour l’heure, c’est dans cette salle de consultation que vous vous trouvez. tous les deux, seuls, entourés de machines. « oui, sérieux. paraît que c’était plus facile pour des raisons de poids, un truc du genre. » est-ce que c’est vrai ou c’est une intox ? aucune idée mais tu pensais pas un jour pouvoir ressortir cette anecdote alors autant en profiter aujourd’hui. « hm hm, je confirme, les gens ont des délires vraaaaaaaaaaiment chelou… » exagéré, évidemment. surtout en vous connaissant tous les deux. il fait le tour pour te retrouver, ton regard le suivant à chaque instant, avant qu’il ne serre ta main. sa main moite, plus précisément. « j’ai pas senti que tu m’as auscultée pourtant… » pour qu’elle soit moite comme ça. sourire taquin sur tes pulpeuses.

Je plisse les yeux en regardant ma femme, parce que des fois, j'ai du mal à savoir si elle se fout de moi ou si elle est vraiment sérieuse. Mais je ne détecte pas de petit sourire en coin qui me ferait douter de ton histoire, alors je me contente de la croire, quand même surpris et un peu curieux, on va pas se mentir. "Des délires chelous ?", que je demande d'un air faussement surpris. "J'vois franchement pas de quoi tu parles, on a des délires plutôt normaux....", que j'ajoute avec un petit sourire au coin des lèvres, parce qu'on sait tous les deux que : NON. Je fais le tour pour venir prendre sa main et je pouffe de rire, "CHUT, dis pas des trucs comme ça devant notre enfant", que je dis en faisant des gros yeux, regardant son ventre alors que quelqu'un entre dans la pièce, probablement pour la consultation. Je le regarde faire, curieux et je demande, "Du coup, on va entendre son coeur ?", que je demande, presque excité comme un gosse. "On pourra ramener l'image à la maison, hein ?" Histoire que j'puisse le montrer à qui veut bien le voir. Papa déjà fier, oui.

du mieux que tu le peux, tu tentes de détendre l’atmosphère et, plus précisément, ton mari qui est évidemment particulièrement paniqué par tout ce que cette grossesse implique pour l’avenir, bien que tu ne doutes aucunement de son bonheur à ce même sujet. les gros yeux que tu fais en hochant la tête d’une façon plus qu’accusatrice au sujet des fameux délires étranges des gens – les vôtres en l’occurrence –, tu finis par rire à ses propos. un peu plus encore lorsqu’il te dit de pas parler de cette manière de sa main moite devant votre enfant. pas même le temps de rétorquer que le gynécologue vous rejoint à nouveau pour procéder aux examens. le blond lui pose d’ailleurs ses questions, auxquelles le professionnel répond après avoir débuté l’échographie endovaginale. « vous allez pouvoir l’entendre effectivement, le temps de procéder au réglage et… » temps de pause marqué alors que le premier battement se fait entendre. « le voici. » le médecin qui poursuit. « je vous imprimerai les échographies, bien entendu. » bruit de fond qui se fait vaguement entendre, un sourcil que tu hausses sans un mot pourtant. et puis, le silence retombe et le gynécologue bouge délicatement la sonde pour poursuivre l’examen. « je dois faire une petite vérification, je crois qu’une petite surprise se cache… » et ton regard surpris se tourne machinalement vers jackson, plein de questions.

On pousse la plaisanterie comme on peut, parce que je suis vraiment stressé. On en avait envie, de cet enfant, mais maintenant que c'est concret, je flippe. Pas parce que je regrette, mais parce que je suis le genre de personne anxieuse qui pense toujours à tout dix mille fois et qui se fait les pires scénarios dans sa tête. Le gynécologue nous rejoint et je le regarde faire, espérant aussi que ce genre d'examen ne met pas trop mal à l'aise Sage avec tout ce qu'elle a vécu. Mes doigts se serrent entre les siens quand je regarde le petit écran et que tout à coup, un petit bruit de fond se fait entendre. Un sourire qui vient se plaquer sur mes lèvres et je regarde Sage, avec un million d'émotions qui me traversent d'un coup. Du concret, encore plus qu'à la première échographie. Mais le silence qui retombe d'un coup m'interpelle aussi. "Une.. surprise ?", que je demande, légèrement paniqué. "Tout va bien ?" Le médecin hoche la tête en continuant l'examen, observant l'écran alors qu'un nouveau battement se fait entendre. "On dirait bien qu'il y a deux battements..", annonce le médecin avant de bouger à nouveau doucement la sonde pour faire quelques vérifications. "Deux battements..?", que je demande. Normal non ? Ceux de Sage et ceux du bébé ? "Des jumeaux", annonce le médecin avec un grand sourire. Des - quoi ?