still loving you ; lourael #1

Maintenant que les vacances avaient enfin commencé, tu avais profité pour faire un peu le ménage dans tes affaires scolaires et trier une bonne partie de tes cours dans de nouveaux classeurs qui pourraient être plus facilement consultables pour les prochaines années que tu avais encore à faire dans le domaine de l’astronomie. Même si tu finissais ton doctorat l’année prochaine, tu comptais bien pouvoir continuer et tu avais su avec le temps que tu pusses poursuivre vers une habilitation à diriger des recherches (HDR) ou une titularisation et ainsi devenir professeure de sciences. Mais tu savais aussi que tu pouvais profiter de ces moments libres pour te détendre et souffler un coup. Tes colocataires ayant disparu du jour au lendemain, tu avais enfin le calme chez toi et ce n’était pas négligeable. Sirotant une limonade avec beaucoup trop de glaçons, tu avais fini par recevoir un message de Rafael qui te proposait de venir jouer un peu au golf avec lui. Ce que beaucoup de tes amis ignoraient, c’est que tu adorais ça. Mais bon, c’était un sport de riche alors, pourquoi ne pas le pratiquer avec le duc ?

Acceptant sa proposition, tu avais préparé ton sac de golf et vérifié que tu avais bien tous tes clubs. Tu n’étais pas du genre pointilleux, mais tu avais quand même envie de mettre une raclée à Rafael qui sous-estimait souvent ton niveau dans ce sport. À vrai dire, tu faisais souvent semblant de perdre pour le voir heureux de te battre. Tu savais qu’il avait un joli sourire alors t’aimais bien le voir assez souvent, ça te donnait toi-même envie de sourire. Il égayait tes journées bien qu’il ne fît pas grand-chose. Et une fois que tu constatais que ton téléphone sonnait pour te signaler sa présence devant l’immeuble, tu étais descendue et avais jeté doucement ton équipement sur la banquette arrière de la décapotable. Montant ainsi dans le véhicule, tu finis par lui faire la bise. Tous les deux étaient habillés dans vos magnifiques tenues de golf. — Comment tu vas depuis qu’on ne s'est pas vu ? Tu t’attaches et baisses le pare-soleil pour t’inspecter rapidement dans le miroir, avant de mettre tes lunettes de soleil. Il y avait pas mal de route d’ici que vous arriviez au Country Club de Brookline alors vous pourriez discuter un peu dans le trafic. — Tu laisses tes cheveux pousser ? Je trouve que ça te va bien comme ça !

Après avoir bien passé deux heures à terminer ma valise pour les petites vacances qu'on allait se faire avec Clémence, je me suis dit que ce serait une bonne idée que d'inviter Lourdes à faire du golf. Depuis tout à l'heure, je regarde le ciel par la fenêtre et ce serait un gâchis de passer l'après-midi à l'appartement. Après un appel plutôt vite expédié parce qu'elle avait accepté dans vraiment hésiter, je me suis précipité dans mon placard pour prendre mon sac de golfs contenant tous mes clubs. Il serait probablement temps de faire un ménage parmi tous ceux que je possédais, quelque chose à faire pour la rentrée prochaine puisque je n'aurais clairement pas le temps de le faire avant ; faute au Summer Camp, je vais aux deux destinations. Je sais que Clémence y va aussi ; je me doute que Lou y sera également. Encore une situation où je vais avoir le cul entre deux chaises.

Après avoir tout préparé, je finis par descendre au parking de mon immeuble et j'y mets toutes mes affaires sur la banquette arrière de ma voiture décapotable. Clés sur contact, et je ne trainais pas plus longtemps, direction Seaport District pour aller récupérer Lou. Les vacances d'été approchant, il n'y avait pas beaucoup de circulation à Boston puisque c'est une ville majoritairement étudiante ; la plupart des gens rentrant chez eux ou chez leur parents pour passer du temps avec leurs proches. En un sens, je suis content de faire pareil dans deux jours. De l'autre, je sais que mes parents vont me poser quatre cent questions sur ma situation sentimentale, mes études et qui est cette madame semblant grossière à mes côtés. "Une roturière !" dirait probablement ma mère, traditionaliste et catholique au possible. Si elle commence, je risque de lui rentrer dedans...

Étant arrivé en bas de son immeuble, je l'appelle pour lui faire savoir que je suis là ; elle ne se fait pas prier pour arriver derrière. Ses affaires retrouvent les miennes, et seulement une fois embarquée, on se salue. "Oh, ça va, je suis bien content que l'année soit finie. J'étais prêt à devenir dingue avec certains de mes profs... Et toi, ça va avec ton doctorat ?" Je lâche un soupir pendant que je me décale pour revenir sur la route, direction le club de golf. "Avec tout ce que j'avais sur mon plateau, c'est surtout que je n'ai pas vraiment eu le temps de passer chez le barbier pour égaler tout ça. Encore un peu et ça va se changer en coupe mulet !" Et je préfère encore passer sous un train que d'avoir une coupe mulet, ça, c'est clair. "Ce serait peut-être une bonne idée que d'y aller avant le summer camp, mais si tu me dis que ça me va bien, je tenterai peut-être juste de désépaissir !" Je tourne la tête et je lui souris. C'est dingue comment elle était toujours belle, peu importe les occasions. Pas un pli de côté sur sa jupe, pas un cheveu de travers, les fringues toujours repassées. Toujours ses tâches de rousseurs que j'adorais regarder et compter, son regard perçant qui en disait tellement sur elle quand on la connaissait...

J'entends un klaxon derrière moi. J'étais tellement perdu dans mes pensées que j'en ai oublié le trafic. "Woah, c'était pas la peine de me dépasser, ¡cabrón!" Un espagnol ne change jamais vraiment.

T’appréciais pouvoir passer du temps avec un ami comme Rafael, quelqu’un qui pouvait te comprendre dans ta notoriété et qui avait approximativement les mêmes centres d’intérêts que toi. Le golf avait été une passion pour toi depuis ta plus tendre enfance, bien que ta scolarité puisse t’empêcher de réellement pratique le sport à ta guise. Donc aller au Country Club avant les grandes vacances pouvait être une petite bouffée d’air, d’autant que tu n’avais pas vu le garçon depuis un petit moment. — Pareillement ! Mais sinon tout se passe bien. J’vais être en dernière année en septembre, j’ai quand même hâte de terminer même si j’hésite encore à poursuivre derrière vers une titularisation. Que tu lui avoues. En fait, rien ne te retenait ici alors tu pouvais totalement revenir en Espagne et retrouver les tiens, te mettre doucement à intégrer ton rôle de future dirigeante, mais tu savais également que rien ne t’empêcher de rentrer au pays d’ici l’année suivante.

Une petite réflexion sur sa tignasse beaucoup trop longue et tu te mis à rire sincèrement. — J’ai entendu dire que les filles avaient une préférence pour les gars avec les cheveux longs, tu dois avoir du succès auprès de la gente féminine ! Et disons aussi que tu étais curieuse de savoir s'il avait trouvé chaussure à son pied parmi toutes ces étudiantes. Tu secoues négativement la tête alors que tu t’avances un peu sur ton siège, appuyant sur le poste radio de la décapotable pour pouvoir laisser les sonorités estivales faire un petit bruit de fond. Tu n'aimais pas trop les trajets sans musique même si la compagnie était agréable. — Non, en vrai, laisse comme ça ? Juste tu dégages un peu ta nuque et tu désépaissis ? Tu lui souris alors qu’il pivote la tête pour croiser ton regard. Tu n'avais clairement pas conscience qu’il était perdu dans ses pensées jusqu’à ce qu’une personne ne daigne appuyer sur le klaxon et vous faire revenir à la circulation. Il se fit vocal avant de passer une vitesse et reprendre la route.

— Tu vas au Summer Camp du coup ? Personnellement, j’ai hésité, mais je me suis inscrite. Je me dis que, qui à profiter de sûrement mon dernier été en tant qu’étudiante, je devrais peut-être m’amuser un peu. Tu savais trop ce que tu pourrais faire, mais ça te permettrait de découvrir un peu le monde qui t’entoure comme une adolescente normale. Il faut dire que Simeon avait eu une bonne idée de te pousser à sortir des sentiers battus, bien que tu aimais toujours quand tout était parfaitement orchestré. T’avais au fond, pas envie de regretter de ne pas avoir profité de ta vie une fois que tu serais totalement bloquée par la monarchie.

J'oublie souvent qu'avec les années que j'ai passées en Amérique Latine à faire de l'humanitaire, elle était maintenant en avance sur moi sur les études. Le doctorat bientôt fini... et j'en suis loin de mon côté. J'avais même encore deux ans de master avant de sauter de mon côté sur la partie un peu plus fun des études qui étaient surtout de la recherche, beaucoup de théorie et de pratique qu'on avait vues en cours. "Pourquoi tu hésites ? Tu as envie de revenir au pays ?" Ce qui se comprendrait, en un sens ; ça fait si longtemps qu'elle est partie que son peuple s'impatiente aussi peut-être de revoir leur future reine. "Tu peux aussi la faire là-bas, si t'as vraiment du mal à prendre ta décision. Au moins, ça fera d'une pierre deux coups !" Même si cette année c'est probablement ma dernière chance de pouvoir lui dire ce que je ressens vraiment. Ou alors, simplement laisser la vie se faire. Si c'est pas mon destin, il y aura forcément un signe de Dieu à un moment.

Passant ma main dans les cheveux avant de la reposer sur le volant et de démarrer la voiture, je ricane à sa remarque. Non, pas vraiment, parce qu'il n'y a qu'une seule femme qui a toute mon attention. "Il faut dire que le cliché de l'espagnol ou l'italien sexy est plutôt persistant outre Atlantique. J'ai mes chances, ça m'arrive de les prendre !" Je hausse les épaules et je me concentre sur la route, profitant également de la musique qu'elle venait de mettre en fond. "Je vais faire ça à la rentrée ! Je pense couper plus court pour l'été, sinon j'ai la nuque qui va dégouliner de transpi', c'est un peu dégueu." Alors que je me concentre sur elle, sur ce qu'elle est, ce à quoi elle ressemble ; je peux pas m'empêcher de me perdre dans mes pensées alors qu'on est sur un feu rouge. Après un klaxon, je laisse une insulte sortir et je le fais aussi en retour. Je laisse un son d'énervement sortir avant d'appuyer sur l'accélérateur. "Oh, oui, j'y vais ! Aux deux. Toi aussi ?" Parce que j'ai pas vraiment envie de me bourrer le crâne de cours jusqu'à la rentrée. "Je fais chambre à part avec une amie sur les deux destinations. On a un peu décidé ça comme ça, mais ça me va très bien !" Aussi parce que je n'ai jamais parlé à Lou ce que j'ai traversé et qu'elle n'a pas vraiment besoin de savoir tout ça. Et que la présence de Clémence, en un sens, me rassure énormément et me permet de m'endormir l'esprit tranquille.

"J'en reviens à tout à l'heure aussi... ton père, Felipe, il ne t'a jamais demandé de revenir en Espagne finir tes études là-bas ? T'es quand même l'une des figures les plus importantes du pays. Moi à côté je suis qu'un duc, ça dérange pas vraiment que je parte aux quatre coins du monde." Parce que ça fait quand même un sacré moment qu'elle est partie. Je reviens de temps à autre à Saragosse pour rendre visite à mes parents et ma sœur, pour garder le lien familial et les rassurer pour leur dire que tout va bien et que je compte bien faire carrière en Espagne. Du moins, dans les plans. Qui sait ce qui va vraiment arriver.