(astoria) sister time

J'ai proposé à Ast qu'on se voit pour aller faire les magasins. Avec la proposition que Edwin m'a fait de m'emmener au Summer Camp en juillet, j'ai vraiment besoin de nouvelles fringues. Honnêtement, je ne sais pas vraiment ce qu'il se passe entre lui et moi et j'essaie de ne pas trop m'emballer de peur d'être déçue. Je lui ai parlé de mon asexualité et ça n'a pas eu l'air de le faire changer d'avis quant au fait qu'il voulait que je l'accompagne, alors je prends déjà ça pour une mini victoire. C'est quelque chose dont je n'ai jamais vraiment parlé avec ma soeur. J'ai pu mettre des mots là-dessus il y a peu de temps et avec... notre passé et ce qu'on a vécu, je n'ai pas tellement eu l'occasion d'en discuter avec elle. On va donc faire les magasins, un peu comme avant et je dois dire que ça m'avait manqué. Je ne dépense pas trop d'argent car je dois toujours payer la Sicile, mais j'essaie de me faire quand même plaisir. Je lui propose qu'on mette les sacs dans la voiture et qu'on aille faire du roller au Mario Disco en fin d'aprem : c'est pile l'heure de l'happy hour. On va chercher un cocktail chacune et on enfile des rollers. "Au fait, tu m'as dit que tu voulais me parler d'un truc ?" Je préfère d'abord concentrer l'attention sur elle, parce que je suis quand même assez curieuse de ce qu'elle a à me dire.

On avait une relation en montagne russe avec Ascella, surtout ces derniers temps. J'avais l'impression qu'on avait toutes les deux dans l'idée de remonter la pente, d'essayer de faire des efforts et ça payait. On passait une après-midi ensemble et pour le moment, on avait pas eu de négatif installé entre nous. Rollers aux pieds, je relève la tête alors que je suis à mon second lacets. "Au fait, tu m'as dit que tu voulais me parler d'un truc ?" Ah oui. ça. J'y tenais pas particulièrement en réalité mais c'était un sujet qui m'importait, m'inquiétais même. Ouais j'ai... j'ai revu Flora. se concentre sur les lacets. Flora, la fameuse, celle avec qui je suis partie, celle qui m'a fait tourner la tête, celle dont j'arrive pas à me décrocher. On était à la même soirée et on s'est croisé. Rien de plus intéressant, en réalité. Je rigole légèrement et secoue la tête ; C'est pas vraiment de ça dont je voulais te parler, mais c'était important que tu le saches. parce que je pense que ma relation avec Flora nous avait pas mal éloignées, aussi. En fait ça fait un moment que je fais des cookies et pâtisseries en tout genre et que je les vends pour mettre de l'argent de côté, entre autre. se pince les lèvres ; Et j'ai trouvé une sorte de petit local où le faire... et j'me souviens que tu.. enfin que t'avais.. je bafouille, parce que je sais pas si c'est encore d'actualité de son côté, mais ce projet, c'est avec elle que je l'ai imaginé. J'sais pas j'ai trouvé le local et j'me suis dis qu'on pourrait en faire quelque chose ensemble. et la balle est complètement dans ton camp.

J'ai l'impression qu'aucune de nous n'ose vraiment se lancer, alors je saute la tête la première et je lui demande de quoi elle voulait me parler. J'hausse les sourcils quand elle me parle de Flora. La fameuse. Je ne l'ai jamais rencontré, je la connais de nom. Elle est pour moi celle qui a poussé ma soeur à partir loin de Boston alors que notre mère était mourante. Autant dire que la Flora, je ne la porte pas tellement dans mon coeur, même si elle ne m'a jamais rien fait en soit. "Et, vous avez parlé ?", que je lui demande. "Tu m'as jamais raconté comment ça s'est.. terminé" Parce qu'à son retour, je lui en voulait d'être parti et notre relation était déjà si fragile que ça n'a vraiment rien arrangé. Mais quand elle me raconte cette histoire de local, je soulève un peu les sourcils, surprise. "Un local pour... un café, une patisserie littéraire ?", que je lui demande, assez surprise. Surprise, parce que je ne me pensais pas qu'elle me ferait ce genre de proposition. Surprise, parce que je ne pensais pas qu'elle se souviendrait que c'était ce que je voulais faire en revenant de Seattle. "Je... j'ai pas d'argent aussi.. comment on peut avoir ce local..?" Je suis étudiante, je bosse déjà pour réussir à payer les études avec le peu d'argent que j'ai de ce que maman nous a laissé.

"Et, vous avez parlé ?" je rigole légèrement et secoue la tête. On parle jamais vraiment avec Flora, c'est pas.. la communication c'est pas vraiment... notre fort, si je puis dire, ce qui me fait un peu grimacer. "Tu m'as jamais raconté comment ça s'est.. terminé" j'hausse les épaules, Y a rien à raconter, surtout. ça s'est juste terminé, un point final à une histoire qui allait dans tous les cas terminer dans un mur. Je lui parle alors de ma seconde idée. "Un local pour... un café, une pâtisserie littéraire ?" je fais oui de la tête, un énorme sourire aux lèvres. "Je... j'ai pas d'argent aussi.. comment on peut avoir ce local..?" je rigole ; Alors t'attends pas à un truc de fou non plus, c'est un truc tout petit pour commencer mais j'me dis que si ça marche bien, on trouvera plus grand ? c'est pas Versailles ce que je nous ai trouvé mais c'est bien placé et c'est tout ce qui compte, non ? J'ai gardé des sous de côté, on va avoir probablement la vente de la maison de maman et j'ai.. j'ai pas mal bossé à côté, j'ai vendu des pâtisseries, fait des anniversaires, des mariages, des baptêmes, j'ai une petite clientèle ? je me pince les lèvres, assez pour intriguer des gens du moins au début.

Je fronce les sourcils quand elle me dit que la communication n'est pas leur fort. "Comment vous avez pu être dans une relation si vous parliez pas ?", que je lui demande, sérieusement intriguée par ce qu'elle vient de me dire et de comment ça a bien pu se passer. "Y'a toujours à raconter", que je lui dis avant de lui sourire tendrement. "Mais je t'oblige pas à m'en parler si t'en a pas envie", que je finis par lui dire avant qu'on ne change complètement de sujet. Ce qu'elle me propose m'emballe bien, mais je ne vois pas comment je peux acheter un local avec elle sachant que je galère déjà assez à payer mes cours à la fac. On se lève et on se dirige vers la piste de roller alors qu'elle m'explique et me dit qu'elle a de l'argent de côté. J'hoche la tête, la tête baissée sur mes pieds pour essayer de ne pas me casser la figure. "Tu te rappelles quand on avait neuf ans et qu'on a déménagé pour une maison aux "énergies plus pures" ?", que je lui demande. "Maman nous a laissé décorer nos chambres, les peindre... on s'était pas mal démerdées pour des gamines alors on pourrait peut-être faire les travaux nous même ? Si.. c'est pas des trop gros travaux ?" Après si l'endroit est vraiment très délabré, ça risque d'être too much pour nous.