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Brother, I love you, and I need you.
Logan. J'ai tellement besoin de toi. Je suis en train de me détruire de l'intérieur, je me déteste tellement. C'est ce que j'avais failli envoyer à mon grand frère par SMS, il y a de cela une quinzaine de minutes. J'étais restée bloquée devant l'écran de mon portable, figée comme une vulgaire statue que Méduse aurait pétrifié, les doigts sur le petit clavier, le pouce incertain sur la touche «Envoyer». Mais je n'ai rien envoyer. J'ai en réalité tout effacé, avant de supprimer la conversation. J'avais appris que Logan et moi étions dans la même équipe pour le Summer Camp. Bonne chose ou mauvaise chose? Ça dépendait des jours. Eh oui, les querelles entre petite soeur et grand frère ne cessaient d'exister, même à l'Université. Au fond, je l'adorais mon grand frère, et c'était très sûrement la même chose de son côté à mon égard. Depuis qu'il était à Harvard, je me sentais plus en sécurité, mieux, moins seule. Et moi? Ce que je lui donnais en retour de ce réconfort et de cette parfaite sécurité, de cet amour inconditionnel qu'il me portait? De la honte. Toujours de la honte. J'étais à peu près sûre et certaine de lui faire honte avec tous les trucs pas bien, illégaux et dégueulasses que je prenais depuis la mort de notre frère.
Enfin bref, j'avais vraiment besoin de Logan, tout de suite, immédiatement, au plus sacrant, comme on pourrait le dire. Il me manquait, j'avais envie de lui présenter encore une fois des excuses, et puis...Sören m'avait laissée, abandonnée comme on jette ses chaussettes ou ses caleçons troués. Comme une ordure. Et ça m'avait blessée. Pourquoi ça m'avait autant blessée? Pour plusieurs raisons, j'imagine. Tout premièrement parce que je l'aimais depuis longtemps et que je l'avais cru tout ce temps lorsqu'il m'avait dit que c'était réciproque. Et puis deuxièmement parce que ça me faisait réellement sentir comme si j'étais de la merde, comme si je ne méritais rien, que j'étais seulement bonne à gâcher ma vie, à gâcher celle de mon entourage, et à me dénuder comme lorsque j'étais stripteaseuse pour coucher avec n'importe qui. Au fin fond de moi-même, je savais que c'était faux. Mais j'arrivais pas à me le répéter pour y croire, autrement.
Je me rendis dans l'après-midi pour aller retrouver mon frère à sa chambre, et lui parler. Lui déballer tout ce qui se passait dans ma vie, tout ce qui se passait dans ma tête, dans mon coeur, dans mon corps s'il le fallait. Mais je le devais, parce que c'était la seule personne que je pouvais réellement croire et en qui je pouvais porter une entière confiance sans craindre quoique ce soit, même si nous nous chicanions fréquemment. J'avais déjà les larmes qui roulaient sur mes joues doucement, alors que je ne faisais que me promener dans les couloirs des chambres des garçons. Je réfléchissais à comment j'allais lui révéler tout ça. J'étais effrayée, au fond. Effrayée qu'il me juge. Et effrayée qu'il regrette que je fasse partie de sa famille, alors que je n'avais été qu'adoptée. À cette pensée, je me sentais encore plus pleurer, les larmes brouillant ma vue et ainsi mon chemin.
Arrivée finalement face à la chambre de mon grand frère, je ne pris même pas la peine de toquer à sa porte. Elle devait être dévérouillée. Je pleurais, pas à chaudes larmes, non, mais je pleurais tout de même, les yeux mouillés et les larmes apparaissaient clairement sur mon visage déjà bronzé et lisse. En entrant, j'aperçus deux garçons qui devaient probablement être deux de ses colocataires de chamre durant ces deux mois à venir. Je ne remarquai même pas si je les connaissais ou non, tellement j'étais aveuglée par ma peine, ma souffrance et mes larmes. « Sortez! J'veux voir mon frère. Tout de suite. Oui voilà, c'était dit comme ça, clairement, dans une voix tremblante mais sèche. Une fois qu'ils furent dehors, la porte fermée, je trouvai mon frère. « Grand frère... Est-ce que tu m'aimes, toi? Ou j'suis aussi une vraie merde, une conne et une idiote à tes yeux? »
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