Like good old days ✧ Feat Venus Löfberg

Une adresse gribouillée au dos d'une carte postale, seul repère pour t'amener à la destination. Seul vestige d'une vie que tu avais laissé derrière toi. Elle avait pris la poussière chez tes parents pendant près de deux ans avant que tu ne te décides enfin à la libérer de ton bazar de déménagement. L'unique raison qui rendait les choses plus simples était que tu avais emménagé dans la même ville qu'elle : Venus. D'aussi loin que tu t'en souviennes, votre rencontre avait été totalement hasardeuse et s'était transformée en véritable attache émotionnelle en l'espace de quelques jours. Tu avais gardé contact mais avec ton métier de l'époque il t'était quasiment impossible de pouvoir lui rendre visite autant que tu le souhaitais. Tu as ensuite donné ton cœur à Jenny, alors les conversations avec Venus se faisaient d'autant plus rares. Devenant inexistantes pendant ta descente aux Enfers, persuadé que tu n'avais besoin de personne. Ton changement d'horizon professionnel avait été énergivore et tu avais encore moins pensé à reprendre contact. Mais le destin faisait bien les choses. En plus d'être tombé sur la carte postale, tu habitais dans la même ville désormais.

Le moteur vrombissant de Baby dans les rues, tu t'arrêtais chez un fleuriste dont les fleurs paraissaient magnifiques vues de l'extérieur. Aucune idée de ses plantes de cœur, ce qui était risible quand on comptait le nombre d'années depuis que vous vous connaissiez. Tu optas pour de banales roses. Simples seulement dans le choix car transformées en bouquet elles étaient juste superbes. Tu savais ton amie en couple alors tu espérais sincèrement que son compagnon ne prenne pas ça comme un affront. C'était juste pour lui faire plaisir et surtout un cadeau d'excuse pour avoir été si longtemps absent. Tu as longtemps hésité pour ton filleul car tu ne lui avais jamais parlé, ni vu. Rien, en fait. La solution qui te semblait la plus plausible était quelque chose de simple comme des Legos. Une voiture ? La Batmobile, parfait. S'il ne la voulait pas, no problem. Tu la garderais pour toi. Hors de question de laisser pourrir une beauté pareille dans des cartons au grenier.

Te voilà reparti, l'adresse rentrée dans ton téléphone afin de trouver le bon logement. Heureusement pour toi, elle habitait aussi dans le sud de la ville. Ça te faisait économiser de l'essence et du temps perdu à tourner en rond dans cet endroit que tu ne connaissais pas encore très bien. A part les petites boutiques autour de chez toi, le reste demeurait encore très vague. Mais maintenant que vous habitiez l'un proche de l'autre, vous pourrez vous voir plus souvent. Tu garais le bolide près de chez elle, ne marchant pas longtemps avant d'atteindre sa porte. Les mains légèrement tremblantes autour des présents, tu respiras un grand coup pour tenter de calmer les battements de ton cœur qui s'affolait. Tu ne savais pas comment elle allait réagir. Presque dix années s'étaient écoulés depuis votre première rencontre. Elle devait avoir bien changée. Est-ce qu'elle allait te reconnaître ? Tu avais fait un effort : tes cheveux étaient coiffés en ce qui pourrait s'apparenter à un mullet moderne et tu portais une barbe courte et soignée. Sinon, elle t'aurait peut-être pris pour un sdf perdu. Ouais, les cheveux trop longs et la barbe mal taillée ça ne faisait pas des miracles auprès de l'opinion populaire. Tu essayais de ne pas trop stresser en avançant ton doigt vers la sonnette, faisant remarquer ton arrivée. Long et fort soupir, tu tentais de te donner du courage. Ta main s'attarda de nouveau dans tes cheveux histoire de les remettre à leur place une dernière fois. Ça y est, la porte s'ouvrait.

- Venus...? Demandas-tu dans un petit souffle nerveux.

Tes jointures blanchissaient autour du bouquet. F*ck, don't be a f*cking p*ssy.

J'avais mis la musique en fond pendant que je cuisinais. Adrian était dans sa chambre en train de faire ses devoirs. Ce soir, je ne voyais pas Matteo. Il était occupé ailleurs. Ce n'est pas pour autant que j'allais mourir sur place en attendant de le voir. Qu'on ne s'y méprenne pas, il me manque et j'ai envie de me serrer dans ses bras. Au travail, c'est le travail et j'essaie de rester professionnelle au possible. Mais en dehors de ça, j'étais une femme amoureuse et très engagée. Avec Adrian qui grandissait de jour en jour, à l'approche des vacances d'été, il était le petit garçon le plus heureux. Nous étions heureux. Il n'était d'ailleurs pas mécontent que nous nous installions avec Matteo prochainement. Le temps de trouver un logement ensemble ! Bon sang, je suis excitée d'avoir un "chez nous". Adapté à notre vie et à nos objectifs. Je me prépare déjà autant chez moi que mentalement. C'est un sacré changement ! Je suis guillerette et je me balance au rythme de la musique. J'ai été surprise en entendant la sonnette. Bon sang, qui ça peut être ? Je n'attendais personne ! Peut-être la voisine ? ça arrive, parfois ! -- J'arrive ! Je m'essuie les mains et je vais ouvrir la porte. Quand la vision d'un homme barbu à ma porte, j'ai du mal à le reconnaitre tout de suite. ça me semble tellement improbable que je mets quelques secondes à le reconnaitre. Mes yeux papillonnent quand mon cerveau se mets à aligner les informations. -- Bordel... !! Colter, bon sang !! Mon visage s'éclaircit d'un sourire radieux en le voyant. Colter n'est pas une personne que je vois souvent mais le bonheur est toujours énorme de le voir ! Je n'ai pas eu de nouvelles depuis si longtemps que je suis presque surprise qu'il ait encore mon adresse ici. J'ouvre grand les bras et me rapproche de lui pour le serrer contre moi. Dans un passé très lointain, ou même Adrian n'était pas encore né, nous avions été intimes. Mais ça n'a pas été le ciment de notre relation. Non, c'était cette amitié très forte quand il m'a soutenu lorsque mon ex m'a trompé et que je devais aller au bout de ma grossesse. Même après, de m'occuper du petit. C'est bien pour ça que je lui ai donné ce rôle important pour Adrian : son parrain ! Si je rendais l'âme, je savais qu'il s'occuperait de mon fils. C'est ça que je serre dans mes bras. Cette amitié, même si elle n'a pas été ravivé depuis si longtemps, elle ne s'effacera jamais. La confiance est là ! Lorsque je me recule enfin, je ne peux m'empêcher d'admirer le visage de mon ami. -- T'as pris un coup de vieux ! je taquine, j'en ris ! ça se compte en année ! -- Viens, entres ! Je l'invite à rentrer dans l'appartement et ferme la porte derrière lui. A nouveau, je le serre dans mes bras, je suis vraiment contente ! -- Désolé mais ça me fait tellement plaisir de te voir ici. Adrian sera tellement heureux de te voir ! Tu vas bien ? Quest-ce que tu fais à Boston ?! Une partie de moi s'inquiétait de ses raisons, de ce qu'il fait ici. J'espérais que ce soit juste pour un moment amical et pas m'annoncer qu'il lui reste peu de temps à vivre. Je refuse que le malheur vienne frapper à ma porte. Je veux un moment de ma vie où le bonheur ne fait que frapper à ma porte. Et que le malheur se tienne loin de moi et mes proches.