Les originesOrigines sud-coréennes de maman et papa données en héritage, culture et traditions emportées à chaque jour, à chaque lieu, dans son bagage. Elle se rend de temps en temps à Ulsan, mais n'oublie pas de passer par la capitale.
feat. Yoo-jeong Kim
Boston, USA - 10 juin 1998
Le Massachussets Hospital est l'endroit qui l'a accueillie en premier lors d'une belle nuit éclairée par la « Strawberry Moon » que son papa n'a pas cessé de contempler. Il aime à répéter que c'est elle qui lui a donné ses lèvres fort rosées et ce joli teint de poupée. Née de deux parents sud-coréens, elle sera toutefois baptisée dans une église sous le drapeau américain.
Le Massachussets Hospital est l'endroit qui l'a accueillie en premier lors d'une belle nuit éclairée par la « Strawberry Moon » que son papa n'a pas cessé de contempler. Il aime à répéter que c'est elle qui lui a donné ses lèvres fort rosées et ce joli teint de poupée. Née de deux parents sud-coréens, elle sera toutefois baptisée dans une église sous le drapeau américain.
Américaine - de naissance
Bien que ses traits n'ont rien à voir avec les peuples qui cultivèrent en premier cette terre, par son histoire Sue en est bien l'une des héritières et de cette mixité en est fière.
Bien que ses traits n'ont rien à voir avec les peuples qui cultivèrent en premier cette terre, par son histoire Sue en est bien l'une des héritières et de cette mixité en est fière.
Célibataire - Hétérosexuelle
Elle compte presque deux années de célibat, et ne sera pas du genre à forcer si l'amour ne vient pas. Elle fut une fois fiancée, a connu les joies de la cohabitation avec l'homme qu'elle aimait. Prête à se marier, Sue avait même tout organisé, mais à cause du handicap monsieur a choisi de filer alors qu'ils se fréquentaient depuis le lycée.
Elle compte presque deux années de célibat, et ne sera pas du genre à forcer si l'amour ne vient pas. Elle fut une fois fiancée, a connu les joies de la cohabitation avec l'homme qu'elle aimait. Prête à se marier, Sue avait même tout organisé, mais à cause du handicap monsieur a choisi de filer alors qu'ils se fréquentaient depuis le lycée.
Professeure des écoles - 1ère année
Erreur de parcours très vite remarquée, elle a bifurqué à sa deuxième année après le lycée. Après quatre ans validés à l'université, dont deux semestres qu'elle a suivis à distance puisqu'un grave accident lui a rendu les choses compliquées, le programme de préparation a été complété avec succès. Ses cent cinquante heures de pratiques supervisées se sont très bien déroulées, et son travail acharné récompensé par le score dévoilé à l'examen pour être reconnue qualifiée. Elle vient de terminer sa première année d'enseignement à Horace Mann School auprès d'enfants atteints, comme elle, de surdité. Elle est habilitée à remplacer de temps en temps en classe ordinaire, mais les bruits parasites font du port de ses appareils auditifs un vrai calvaire.
Erreur de parcours très vite remarquée, elle a bifurqué à sa deuxième année après le lycée. Après quatre ans validés à l'université, dont deux semestres qu'elle a suivis à distance puisqu'un grave accident lui a rendu les choses compliquées, le programme de préparation a été complété avec succès. Ses cent cinquante heures de pratiques supervisées se sont très bien déroulées, et son travail acharné récompensé par le score dévoilé à l'examen pour être reconnue qualifiée. Elle vient de terminer sa première année d'enseignement à Horace Mann School auprès d'enfants atteints, comme elle, de surdité. Elle est habilitée à remplacer de temps en temps en classe ordinaire, mais les bruits parasites font du port de ses appareils auditifs un vrai calvaire.
Dans la moyenne
Sue a déjà vu ses parents compter le peu d'argent qui leur restait, prendre du tiroir à recettes du restaurant qu'ils tenaient quelques billets pour les lui mettre de côté afin qu'elle puisse un jour étudier. Elle ne dira jamais qu'elle en a trop peu, ne dira pas non plus qu'elle en a assez. Son salaire de débutante lui permet de payer le loyer, d'aller aux rendez-vous médicaux et de s'appareiller, de glisser un petit quelque chose dans la main maternelle dans le secret le plus complet, et de socialiser.
Sue a déjà vu ses parents compter le peu d'argent qui leur restait, prendre du tiroir à recettes du restaurant qu'ils tenaient quelques billets pour les lui mettre de côté afin qu'elle puisse un jour étudier. Elle ne dira jamais qu'elle en a trop peu, ne dira pas non plus qu'elle en a assez. Son salaire de débutante lui permet de payer le loyer, d'aller aux rendez-vous médicaux et de s'appareiller, de glisser un petit quelque chose dans la main maternelle dans le secret le plus complet, et de socialiser.
Le caractère
En société, la Sud-coréenne fait partie de ces femmes qui n’aiment pas se faire remarquer, elle préfère se fondre dans la masse autant que faire se peut. Elle est donc discrète , oui, mais tout de même bien apprêtée. Coquette , elle apprécie les vêtements et les produits de beauté, elle suit la mode que les articles de magazine peuvent conseiller. C’est d’ailleurs dans les quelques séances shopping que son côté dépensier tendrait à se montrer. Elevée par des parents ayant vécu en Corée du Sud, elle est disciplinée et n’a jamais tenté de voir ce qui se trouvait derrière les limites que les règles familiales et sociétales ont pu lui imposer, bien effrayée des conséquences qui pourraient tomber. Certainement trop réfléchie , Gémeaux troublée entre la raison et les palpitations, elle les vit toutefois à travers les séries qu’elle aime enchaîner une fois rentrée, l’action et la romance en celles-ci mêlées et qui la font, de jour comme de nuit, complètement rêver. Pour ses pairs, souriante et modèle de bonté , sur ses traits sont notées sa douceur et sa sensibilité, prête à tendre la main à ceux qui en ont besoin, Sue se montre disponible et certains savent bien en profiter, car lorsqu’on l’interpelle de gestes qu'elle sait interpréter elle ne peut rien faire d’autre que s’arrêter. Il n’est pas rare qu’elle rentre chez elle avec moins de pièces qu’elle n’avait, et plonge parfois dans des situations desquelles elle trouve compliquée de se dépêtrer. Juste un peu naïve de temps en temps, de ça elle est désolée mais on l'en excuse facilement. Face aux inconnus plutôt introvertie , il n'en est rien auprès de ses amis. Elle est le soutien et la bonne humeur dont ils ont besoin, elle sait aussi bien motiver qu’être l’épaule sur laquelle se reposer quand tout semble disjoncter. La professeure est ouverte d’esprit , accepte les gens dans leur complète individualité. Elle adore discuter, fait même partie de ses potinières à se rejoindre autour d’un café, adepte également des quiz des fins de magazines qu'elle peut acheter, à compter les ronds, les losanges et les carrés, le plus grand nombre déterminant le résultat d'une compatibilité, d'un trait soit-disant de sa personnalité, ou ô combien elle peut être désirée. D'ailleurs, en couple, Sue prend son temps, elle découvrira l'autre plutôt en tâtonnant. Bercée par les histoires à l'eau de rose, inutile de la bousculer; elle s'en sentirait forcément stressée . Une fois la relation bien avancée, elle est généreuse en attentions et n'en est jamais épuisée. Pour prouver sa loyauté, elle ne manque vraiment pas d'idée et aime passer du temps avec son bien-aimé. En retour, elle a besoin d'un partenaire qui saura apprécier l'amour qu'elle a à donner, d'un homme spontané qui saura la surprendre pour ne jamais la voir s'ennuyer. Le rôle de leader ira également de sa responsabilité, elle préférera s'occuper du foyer. En un mot : stabilité .
Les anecdotes
- ( 01 )Les effluves de légumes fermentés et de viandes marinées ont été les principales que Soo-min a pu renifler. Née de parents restaurateurs coréens, il n’était pas rare de la voir faire ses siestes au milieu des bruits de casseroles qui passaient de main en main. Avec le temps, ils sont devenus la berceuse qu’elle a fini par le plus adorer parmi toutes celles qu’on ait pu lui chanter. Ses yeux se sont ouverts sur le rythme effréné des serveurs et cuisiniers, dansant un ballet qui a vite fait concurrence aux petits mobiles accrochés maladroitement au transat dans lequel on l’installait. En guise de premières purées, elle a goûté les invendus de chaque service terminé, mixés rapidement avant de lui être proposés, et plus que n’importe quel bébé, c’était de loin son moment préféré. Les jouets qu’on lui cédait pour l’aider à passer le temps étaient les cuillères en bois et autres ustensiles qui dataient fortement. Les cinq sens très vite mis en avant, alors qu’elle n’était pas encore un enfant.
- ( 02 )La vie de Sue s’est vite résumée à une routine bien installée dont l’école était la priorité. Monsieur et Madame, n’ayant pas eu la possibilité de poursuivre leur scolarité, ont poussé leur fille unique à travailler du mieux qu’elle le pouvait afin de s’assurer d’exercer un métier qui lui plairait. Loin d’être une élève privilégiée, elle n’a dû compter que sur elle-même pour pallier aux difficultés rencontrées, aucun professeur particulier pour l’y aider, la somme d’argent impossible à rassembler. Cependant, rassurée par ce que beaucoup nommeraient « le boucan » provenant du rez-de-chaussée, la jeune fille a su se débrouiller, la détermination faisant indéniablement partie de ses qualités. Après une heure chaque soir, elle aidait où on voulait bien l’y voir, en cuisine, en salle ou au comptoir, ainsi elle gagnait ses premiers pourboires. Ils lui permettaient de sortir avec les copines, d’ores et déjà accro aux quiz à la fin des magazines, elle s’en achetait ou s’autorisait une petite session sympathique de shopping.
- ( 03 )Et puis les garçons ont commencé à être le sujet privilégié de ces jeunes filles tout juste entrées au lycée. Les papotages se faisaient entre amies dans la plus grande discrétion, l’Asiatique aussi finit par trouver le fruit de son obsession, un jeune homme à qui elle n’osait pas même faire la conversation. Sa loyauté ne fut pas altérée par les vacances d’été. Physiquement il avait changé et gagné en maturité, il paraissait plus posé, mais ça n’avait rien enlevé à son sourire, ni à la tonalité joyeuse et contagieuse de son rire. Le voir embrasser le front d’une autre fille fut probablement le pire. Les potins allaient bon-train, on lui rapportait qu’on les avait vus se faire des câlins, qu’il se montrait taquin. Première déception, les larmes qui coulèrent à l’unisson, elle décida d’à nouveau se concentrer sur ses leçons. Quatrième trimestre passé, il finit par l’accoster. Se montrant avenant, il affirma qu’elle était sa préférée depuis longtemps, qu’il l’avait souvent accompagnée jusqu’à sa salle de classe sans qu’elle ne le sache vraiment. Surprise, elle évoqua la demoiselle de qui il s’était rapproché. Le rire qui s’échappa l’aurait faite tomber amoureuse si elle ne l'avait pas déjà été – il n’était question que d’un lien de parenté, il pouvait le lui assurer. Un peu intimidée, elle préféra que les étapes ne soient pas brûlées, ce sera donc au bal de promo qu’il lui volera son premier baiser, au bout de deux années de relation bien passées.
- ( 04 )Touchée par les nouvelles émissions qui passaient à la télévision, Soo-min décida de se diriger vers une licence professionnel dans la communication événementielle, elle s’inscrit donc dans une école pour acquérir toutes les qualités professionnelles. A peine quelques semaines effectuées pour se rendre compte qu’elle s’était trompée. Plutôt renfermée, loin d’être celle à faire le premier pas pour socialiser, les qualités demandées pour ce métier ne faisaient pas partie de sa personnalité, heureusement elle put rapidement bifurquer et user de son plan B. Elle intégra l’université pour une licence de quatre ans en science de l’éducation. A côté de ses études, elle se trouva obligée de travailler, car ses parents ne pouvaient subvenir à tous les frais. Ainsi elle accepta d'être la nounou de toute une flopée de gamins scolarisés et donna à ces jeunes enfants des cours particuliers. Ces expériences lui permirent ainsi de valider son projet : elle était faite pour qu'une fois qualifiée, par « maîtresse », on en vienne à la surnommer. Le cœur sur la main, en tant que bénévole elle propagea également la « Bonne Parole », le catéchisme enseigné à qui voulait s'y initier. Elle aida les autres à découvrir Dieu et à l'aimer.
- ( 05 ) A peine vingt-deux ans et maintenant fiancée. L’aval du paternel obtenu sans difficulté, comme la tradition le voulait, son compagnon décida de mettre le genou à terre après plus de quatre années à la fréquenter. Romantisme digne des plus beaux contes de fées, il l’avait conviée à participer à un séjour organisé soit disant pour décompresser, ses meilleures copines l’y accompagnant pour pouvoir pleinement s’amuser. Elle ne se doutait pas l’y retrouver au beau milieu de l’une des nuits, apprêté dans l’un de ses plus beaux habits. Discours sincère et touchant qui la rendit émotive devant lui, ce fut avec une immense joie qu’elle répondit par « oui ». Une fois rentrés, ils décidèrent de trouver un appartement, ça prit du temps mais cette étape marqua également la date de leur première fois au bout de six ans. Ils connurent le firmament et vécurent autrement leurs sentiments. Des habitudes commencèrent à s’installer sans qu'ils ne viennent à s'aimer moins qu'avant. Le claquement de porte finissait toujours par l’interpeller, elle accourait embrasser l’homme auquel elle allait bientôt être mariée, il arrivait à son futur époux de mettre un slow en fond, dans l’espoir qu’elle le rejoigne pour danser au milieu du salon, et ils discutaient beaucoup, parfois riaient comme des fous. C’était léger et frais, ça leur appartenait.
- ( 06 )Quatrième et dernière année débutée, de quoi être stressée puisqu’elle avait également le mariage à préparer. Prévu en août prochain, il ne fallait se louper sur aucun point. Mais Soo-min était bien épaulée, et par ses amies s’était même vue offrir l’enterrement de vie de jeune fille dont elle avait toujours rêvé. Appréciant les balades sportives en montagnes rocheuses, les aventures au programme avaient de quoi la rendre heureuse. Elles se rendirent donc dans le sud-ouest du Colorado, et furent témoins de couchers de soleil incroyablement beaux, visitèrent un canyon et grimpèrent la pierre près d’une chute d’eau. Elles n’avaient cessé de bouger depuis qu’elles étaient arrivées, et malgré le fait d’avoir insisté, Sue se retrouva seule pour voyager, la fameuse « Red Mountain Pass » dans le planning de la journée. Elle partit seule et confiante, ce n’était pas la première fois qu’elle se rendait là-bas, et en voiture elle se montrait toujours prudente. Elle conduisit sans rencontrer de soucis, profita des paysages que la nature avait à lui offrir, en retour elle lui rendait son sourire, ne pensant pas que quelqu’un mettrait fin à son plaisir.
- ( 07 )La Bostonienne roulait doucement, car la route était réputée pour être dangereuse de temps en temps. C’était davantage lorsqu’il neigeait ou qu’une tempête se levait, au printemps il n’y avait pas de quoi s’en faire vraiment. C’était toutefois sans compter sur la bêtise de certains conducteurs et des folies qui pouvaient faire leur bonheur. Supposition toute faite qu’il n’y avait que peu de chances de croiser un autre véhicule, il dut se sentir bien ridicule. Arrivé à toute allure il ne put freiner pour l’éviter, ce fut la demoiselle qui donna un coup de volant pour ne pas risquer l’accident. Tout se passa au ralenti, comme dans ces films qui annonçaient la tragédie. Le grincement des pneus et la rencontre des carrosseries furent les derniers bruits qu’elle entendit avant que le blast de l’airbag ne vienne momentanément souffler son ouïe. Le mastodonte à quatre roues la propulsa dans le précipice, s’ensuivit des tonneaux répétitifs jusqu’à l’arrêt définitif. A cause des nombreux coups reçus elle perdit connaissance, par l’oreille saigna en abondance. Chanceuse dans son malheur, appelées à se dépêcher, les urgences arrivèrent de bonne heure.
- ( 08 )Quelques jours plus tard, la miraculée se réveilla, et une fois les yeux ouverts, se retrouva entourée de personnes qu’elle n’entendait pas. Déstabilisée d’être plongée dans un monde muet alors qu’elle voyait les lèvres qui bougeaient, elle se sentit encore plus fatiguée et eut l’impression que son corps perdait l’équilibre quand bien même elle était allongée. Ils la laissèrent doucement revenir auprès des mortels avant de lui faire part à l’écrit des traumatismes subis à la tête, de la chirurgie pratiquée et des éventuelles séquelles. Ils attendirent toutefois que fut accompagnée la demoiselle, car elle ne se rappelait plus de son aventure accidentelle. Du fait des symptômes dus à sa commotion et de la fracture du rocher qui était la cause de sa perte d’audition, elle dût rester un long moment en observation. Au bout de plusieurs semaines, le médecin jugea qu’elle pouvait repartir à la maison avec des séances de réadaptation, et de nouveaux compagnons desquels Sue avait fait la nouvelle acquisition. Elle sombra bien évidemment dans une dépression qui dura tout le temps de la saison. Le mariage fut reporté et sa dernière année ne fut pas validée, car elle ne pouvait s’imaginer sortir en étant appareillée, les bruits transmis parfois puissants, lui provoquaient des maux de tête violents. Malgré les réglages il n'y eut aucun changement pertinement, il paraissait que ça arrivait mais rarement, qu'elle finirait par s'y faire en se laissant du temps.
- ( 09 )Puisqu’elle n’eut d’autre choix que de redoubler à la fin de sa licence, elle entreprit de la travailler à distance, poussée par ses parents et ses amis d’enfance qui ne pouvaient plus la voir être inondée de cette souffrance. Ils l’ont boosté, du mieux qu’ils le pouvaient, car ce nouveau tournant eut un impact sur énormément de gens, dont eux notamment. Ses proches ont dû s’adapter pour pouvoir, avec elle, communiquer. Peu à peu des réflexes ce sont installés, ils prirent l’habitude de tapoter sur un meuble ou le sol avant de parler afin qu’elle sache vers qui se tourner, et d’articuler à chaque fois qu’ils devaient s’exprimer. Adieu les messages vocaux, ils écrivaient également en tous mots. Tous ces efforts triomphèrent face au malheur. Elle redevint la femme déterminée qu’elle avait toujours été, et entre les cours, les apprentissages de la lecture labiale et l’ASL, elle finit par décider d’une nouvelle date à laquelle se marier. En septembre ils se diront oui pour la vie, et tant de choses restaient à organiser qu'elle eut un emploi du temps bien chargé.
- ( 10 )Elle venait de débuter le programme de préparation à l’enseignement après la licence réussie quand se présenta le jour-j. Soo-min avait mis les petits plats dans les grands pour l’événement, avait tout revu à la hausse pour que le mariage soit bien plus éblouissant que le précédent. Elle allait porter une robe luxueuse dont elle était tombée amoureuse, beaucoup de dentelles et une très longue traîne, la salle de réception décorée par une équipe de professionnels qu’on lui avait recommandée, aussi brillante était l’argenterie que les trésors des Mille et une nuits. Mais, surtout, l’Eglise qui les recevait, elle et le futur marié, était celle où elle avait été baptisée, et en cet instant ce petit détail comptait vraiment. Dernier coup d’œil sur le teint de poupée auquel son père louait une grande fierté, un peu plus coloré du fait d’un maquillage frais et léger, vint l’heure de quitter la pièce qu’elle avait occupée pour se préparer, laissant de côté les appareils auditifs que son homme peinait à accepter, elle se présenta à lui comme la femme qu’il avait toujours aimée.
- ( 11 )Devant le prêtre qui était censé les bénir, Soo-min était tout sourire, attendait impatiemment que les paroles soient répétées par son fiancé. Sur ses lèvres elle ne s’était pas concentrée, obnubilée par les reflets qui pouvaient naître dans ses yeux quand il avait pour habitude de parler d’un avenir à deux. Elle chercha mais ne les trouva pas. Pourquoi semblait-il si sérieux et désolé à la fois ? Elle ne comprenait pas. Elle se tourna vers le religieux, puis sur l’assemblée aux traits tirés et malheureux. Les mains de la future professeure furent délicatement attrapées afin qu’elle puisse se concentrer. Ce fut à ce moment-là qu’elle lut les mots qu’il avait articulé. Un « je ne peux pas » qu'il répéta, qu'il affirma pouvoir expliquer si elle voulait bien l’écouter. Un « je suis sourde » comme simple réponse murmurée, d’une voix plus fébrile que jamais, juste au cas où il l’aurait oublié. Elle décida de quitter la maison de Dieu par la grande allée, sans se retourner parce qu’elle savait que c’en était terminé, quand bien même ça lui semblait si absurde après presque neuf années. Il réussit à la recontacter quelques jours après, ils se rencontrèrent et s’expliquèrent. Qu’importait ce qu’elle tentait de mettre en place pour compenser, leur routine avait été amochée. Elle ne sautillait plus jusqu’à l’entrée lorsqu'il claquait la porte d'entrée et ne venait plus l’accompagner pour danser malgré la chanson qui ne cessait de tourner. Son appareillage était là, mais il ne servait pas, car le peu qu’elle les portait, le pire pour elle c’était. La conclusion finit par tomber : il valait mieux arrêter de se torturer et faire sa vie, chacun de leur côté. Elle ne trouva pas à le contredire, tant elle l’aimait, elle préféra le laisser partir..
- ( 12 )Elle retourna chez ses parents le temps de trouver un autre appartement, et ne baissa pas les bras cette fois, parce que se le permettre elle ne pouvait pas. A présent, pouvoir enseigner était tout ce qui comptait et elle finit par y arriver, remplissant tous les critères avec succès. Performante en langues des signes, en lecture labiale et en langue parlée complétée, elle n'eut aucun mal à être positionnée, la « Horace Mann School » prête à lui offrir un poste en groupe classe sur trois journées. La quatrième était vacante, lui était réservée pour remplacer le personnel enseignant qui avait besoin d'être formé de temps en temps. Elle retrouva une routine qui lui plut, d'angoisses elle n'en avait presque plus. Elle se rendait encore à ses séances de rééducation, participait à des cours de pilates pour évacuer la pression, elle aidait ses parents qui exerçaient toujours dans la restauration, mais surtout retrouvait régulièrement ses copines autour d'une boisson et l'Eglise savait compter sur sa présence lors de différentes actions.
- Code:
<pris><b>Yoo-Jeong Kim</b> <span>@"Soo-min Woo"</span></pris>
(Soo-min Woo)