ft. @sohan samaras
les derniers clients s'éclipsent, emportent avec eux le tumulte de la soirée. fatigue des néons vacillants; projettent des ombres tremblantes sur les tables désertes. parfum d'alcool et de tabac. la nuit qui s'éteint - fin de service. range les derniers verres. la pointe du coude sur le comptoir, miroir renvoi le reflet de l'halo de boucles sauvages. le téléphone glisse dans la poche arrière du short, seul témoin d'la guerre des mots. qu'ils aillent tous se faire foutre et toi d'abord. les doigts attrapent la veste, posée sur les épaules sans y glisser les bras. pas un regard vers la salle presque déserte; avide de retrouver l'air. l'épaule qui cogne contre la porte, claquement sourd dans mon dos. la fraîcheur nocturne mord le derme sans décrocher de frissons. anesthésiée. les murs sonnent moins repoussants quand les pas résonnent sur l'asphalte froid, échos dans la mer d'ombres. inhale l'air, purifie l'poison. les doigts encore imbibés de vodka. traverse le parking et rencontre le monstre au métal froid. déjà-vu. même bolide garé sur le parking du motel maudit, croisé dans à l'angle de trop de rues. il existe trop fort. comme toi. instinctivement, la pulpe des doigts se promène sur le guidon. effleure l'inaccessible. à peine surprise par le grincement de la porte du bar qui vient rompre le silence, entaille lumineuse laisse ta silhouette se dessiner dans l'ombre, devenue presque familière. lampadaires dessinent les contours du fauve. rejette les battements d'ailes dans l'bas ventre. papillon pris dans les phares. les reins déjà collées au cuir de ton siège quand t'arrives à ma hauteur. les opales devinent les tiennes dans la pénombre. piqûre de venin. "c'est avec elle que tu fuis alors ?" les traits portent le poids de la fatigue et de la défiance, l'ovale se penche au-dessus de la carrosserie, ignore la mèche brune qui coule sur la joue. nuque saillante quand les épaules se relèvent, faussement fataliste. la paume prend appui sur le cuir froid, les cuisses se croisent. l'insupportable ancrée sur le bitume. "tu vas d'voir trouver une autre solution pour ce soir."
(Zorah Stahl)
mirage nocturne
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