— something unholy (sienna)

drapeaux qui décoraient boston ce week-end, impossible de rater le début du mois des fiertés. après la marche, la nuit était tombée et laissait place au festival de musique. foule agglutinée jusqu’au bar, les énormes machines à vent pour apporter un peu de fraîcheur et calmer les ardeurs. la brise si épaisse qu’elle en faisait voler les drapeaux, un qu’elle évitait de justesse flora. le scénario était différent pour sa voisine, qui l’attrapait en pleine face alors qu’elle tentait de boire son verre. et même à travers la musique, elle pouvait entendre les injures sortir de sa bouche. en italien. – wow. rire qui l’accompagnait, sous la surprise des mots vulgaires qu’elle n’avait que trop bien compris, elle-même bilingue. le sang italien qui coulait dans ses veines, du côté maternel. sa main s’activait pour l’aider à se débarrasser du drapeau, qu’elle laissait reposer sur la table. – sur une échelle de un à dix, je dirais.. italienne. et ça, ça dépassait même l’échelle la plus élevée. sourire à moitié innocent pour décorer le visage, sans préciser de quelle échelle elle parlait. celle de l’agacement, ou d’à quel point elle la trouvait à son goût.

Ce n’est pas la première fois que Sienna met les pieds à la Pride mais cette fois c’est différent. Elle est à la Pride seule, pour voir si elle serait capable de s’assumer. La réponse est sans doute non, puisqu’elle passe son temps à regarder par dessus son épaule si quelqu’un est susceptible de la voir plutôt qu’à voir si quelqu’un est à son goût… Au fur et à mesure des verres, elle se détend légèrement et Sienna se retrouve même à discuter avec un petit groupe, lui faisant oublier que le simple fait de parler à quelqu’un d’un certain genre ou d’une certaine sexualité ne signifie pas qu’elle ait pareil… et que l’être n’est pas un crime. Sienna le sait, et le revendique mais pour les autres uniquement, incapable de se placer dans le même panier pour une raison qui lui échappe totalement intellectuellement. Elle est en train de raconter une blague en gesticulant, fidèle à elle-même, quand une rafale de vent lui balance les cheveux dans le visage… puis un drapeau. “Ah mais que cazo! Porca puttana troia!” s’exclame-t-elle avant de repousser le drapeau. Sienna se rend compte qu’elle effleure la main d’une autre personne, et s’apprête à la remercier quand la jeune femme lui sort sûrement la pire pick up line qu’elle ait jamais entendu - enfin, elle ne sait pas si c’est un moyen de la draguer mais c’est… particulier. “Pertinente, dis donc !” répond pourtant Sienna d’un ton enjoué tout en remplaçant un peu plus correctement ses cheveux. Elle prend enfin le temps d’observer la jeune femme et est… subjuguée. Oubliant totalement qu’elle était en train de discuter avec d’autres personnes, Sienna se montre probablement plus entreprenante qu’elle ne l’a jamais été avec une femme : “Je t’offre un verre pour te remercier de ta très généreuse aide.” propose-t-elle avec son léger accent italien. “Tu as des origines ?” demande-t-elle, reconnaissant les traits familiers des gens avec qui elle a passé toute sa vie.

pride qu'elle n'aurait jamais imaginé fréquenté il y a quelques années en arrière. en tant qu'alliée, peut-être, mais certainement pas comme membre de la communauté. pas tout à fait un côté d'elle qu'elle clamait, néanmoins, c'était l'événement parfait pour se fondre dans la masse. le regard qu'elle avait laissé se poser sur quelques silhouettes, sans s'en approcher. il fallait croire que c’était son jour de chance. celle qu’elle avait aidé à se débarrasser du drapeau était sans doute l’une des plus belles filles sur lesquelles elle avait posé les yeux. aujourd’hui, comme tout court. le langage fleuri déjà oublié, alors qu’il venait d’un aussi beau visage, sur lequel tout énervement semblait avoir disparu pour laisser place à des paroles plus agréables. la tête que l’étudiante hochait en guise d’approbation, sourire aux lèvres. – qui aurait cru que tirer un drapeau serait aussi rentable.. peut-être qu’elle devrait arrêter de penser à voix haute, flora. visiblement, ça ne l’avait pas rebutée pour autant, le barman intercepté pour prendre leur commande. un cocktail pour la brune qui préférait ralentir sur les alcools plus forts, déjà deux verres dans l’organisme. – ma mère est italienne. je suppose que t’en es une pure ? sa place qu’elle reprenait sur le tabouret, laissant sa boisson précédemment commandée pour se concentrer sur la nouvelle toute juste déposée sur le comptoir. – merci pour le verre. flora. si généreuse qu’elle méritait bien d’avoir son prénom.

Un léger rire s'échappe des lèvres d'une Sienna un peu trop éméchée quand Flora parle de rentabilité de tire de drapeau. "Ah ! C'était donc tout calculé. Je suis à deux doigts de t'accuser de me l'avoir aussi lancé en pleine figure..." lui répond-elle du tac-au-tac, espérant tout de même que le verre ne soit pas à un prix trop élevé... Parce que non seulement ce n'est pas le premier mais elle va surtout devoir en payer deux d'un coup... en espérant que sa carte passe. Le regard légèrement - et ironiquement - méfiant, Sienna maintient son regard une seconde avant de passer commande. Elle s’amuse de la formulation de la jeune femme et acquiesce d’un signe de tête : “Pur sang, oui. Pas une sang de bourbe.” la taquine-t-elle, avant de lui tirer doucement la langue. “Ca va, t’as clairement récupéré les gênes physiques de ta mère. Y a que le sang italien pour rendre les gens si beaux.” A peine les mots échappés de sa bouche, Sienna se précipite sur son verre pour avaler une gorgée d’eau, pas du tout à l’aise avec cette façon qu’à l’alcool de délier sa langue. “Oh, euh, avec plaisir. Sienna.” sourit-elle, en lui tendant la main maladroitement, cherchant à faire comme si elle n’était pas gênée et réussissant l’exploit… inverse. “Tes amis ne font pas râler que tu ne restes pas avec eux ?” demande-t-elle, histoire d’enchainer sur un sujet plus consensuel - et une pente moins dangereuse.

soirée enfin plus palpitante, sous la vision dévoilée par le drapeau. scène digne d’une mauvaise comédie romantique. – pas de caméra pour le prouver. très vite, l’agacement laissait place à une mine plus apaisée. et flora aimait en être la responsable, si bien qu’elle prenait rapidement ses aises. – belle et bons goûts, c’est un sans faute. impossible de ne pas la charmer, avec une référence pour harry potter. pas de mal à complimenter, encore moins lorsqu’elle sentait pouvoir déstabiliser la brune. – et le sang mexicain, ça vaut rien ? la combinaison explosive des deux origines. tempérament de feu, caché derrière ce doux sourire et la silhouette gracieuse. sienna. prénom posé sur sa vision divine du soir, la main doucement serrée sans la quitter du regard. – je suis venue seule. et toi, qu’est-ce que t’es venue chercher ? incapable de croire qu'elle souhaitait seulement célébrer la pride. personne n'était là que pour ça, ce soir. bar transformé en arène pour faciliter les rencontres entre individus de même orientation. et flora, elle, avait trouvé sa cible.

“non, aucun moyen de t’inculper, du coup.” Les réflexes de flic reviennent rapidement mais ce n’est pas du tout derrière les barreaux que Sienna a envie de voir Flora. Les flashs qui se projettent devant ses yeux sont beaucoup plus érotiques, et la jeune flic en a les joues qui rougissent, pas habituée à ressentir une telle attirance pour une femme. pour qui que ce soit, en réalité. Les choses se déroulent généralement plus calmement pour la jeune femme, qui a tendance à voir son attirance se dévoiler au fur et à mesure des dates… Elle secoue doucement la tête pour se concentrer sur ce que Flora lui raconte, et rougit encore plus. Touchée, elle est aussi admirative de voir la demoiselle avoir assez de confiance en elle pour prononcer des phrases aussi franches. “je suis écarlate, c’est gênant.” lâche-t-elle, phrase qu’elle s’imaginait penser plutôt que prononcer. “comparé au sang italien ? nan.” répond-elle, taquine. “pas sur la beauté, sur le caractère peut-être.” A dire vrai, Sienna n’a aucune idée du caractère des mexicains, mais Flora lui laissera peut être la chance de le découvrir. Elle hausse les épaules à la question de la jeune femme, pas certaine d’être venue chercher quoi que ce soit. Elle réfléchit à sa question pour ne pas l’esquiver, et se surprend une nouvelle fois : “Un endroit sans préjugé où j’ai pas besoin de réfléchir à qui je suis.” Flora fait ressortir des parts d’elle qu’elle ne soupçonnait pas.  “je retourne pas la question, parce que tu me balançais une disquette en me disant “moi” et je vais illuminer tout Boston.” tellement elle va rougir.

drôle de vocabulaire, qu’elle laisse glisser, trop concentrée sur les traits de la brune. sur le visage angélique dont le caractère de feu lui a été directement introduit. deux facettes présentées dès le début. et celle plus douce qui prenait place, les joues rougies par les compliments. flora occupait l’espace avec l’opportunité donnée de le faire. l’impression qu’elle n’avait pas tant l’habitude de faire ça. – t’es mignonne. pas la plus expressive, mais honnête quand il le fallait. – j’te laisserai en juger. semblant de promesse que leur rencontre ne s’arrêterait pas juste à ce verre. boisson portée à ses lèvres, sans la quitter du regard. trop intéressée par la réponse qu’elle lui apporterait. ses mots résonnent en elle, plus qu’elle ne l’aurait voulu. se contente d’un sourire pour ne pas en dire plus. – non, j’t’aurais dit que j’avais envie de savoir si j’étais rouillée au milieu de la foule, et que j’ai trouvé quelque chose de plus intéressant. ou quelqu’un. pas la plus extravertie dans une pièce, c'était sa vérité. besoin de se challenger et quitter sa zone de confort. et finalement, son attention toute reportée sur la fille au drapeau.

"J'ai pas l'intention d'être de bonne foi. Toutes tes qualités seront italiennes, tous tes défauts mexicains. la charie-t-elle. Il y a sans doute une part de vérité, même si Sienna n'en a pas vraiment conscience. Elle a toujours été élevée ainsi : la famille et l'Italie (pas forcément dans cet ordre) avant tout. C'est étrange quand on sait que la jeune femme n'y a pas mis les pieds mais elle s'attends à, lorsqu'elle ira cet été, avoir l'impression d'être enfin chez elle. Sienna n'aura pas à réfléchir à la langue qu'elle utilise - car même si elle est née et a été élevée aux Etats-Unis, c'est l'italien qu'on lui a appris avant tout. Son accent a fini par disparaître à force de se faire violence, mais certains réflexes ont la vie dure. "Tu parles italien, couramment alors ?" demande-t-elle avant de poursuivre la conversation. Sienna arque un sourcil en entendant la réponse de Flora, pas sûre de la comprendre : "Rouiller dans la foule ?" répète-t-elle, avant que la jeune femme ne poursuivre. Sienna baisse la tête, légèrement gênée, avant de se dire que c'est complètement débile qu'elle se mette en retrait comme ça. Elle est là pour profiter, et après un énième regard autour d'elle, elle voit qu'elle ne risque rien. Personne de connu à l'horizon, et que des gens présents pour profiter de la pride. "Flora." dit-elle, en relevant la tête et se redressant de son tabourat : "Est-ce que je peux t'embrasser ?" Courageuse, mais pas téméraire : elle préfère poser la question avant de coller ses lèvres sur celle de la déesse devant elle. Cela sera douloureux mais moins qu'un recul ou une claque à sa première tentative de se montrer entreprenante - en public !!! - avec une femme.

l’éclat de rire sincère face à celle qui semblait être extrêmement fière de ses origines italiennes, au point d’être de mauvaise foi. qu’elle appréciait forcément, de rencontrer quelqu’un d’aussi rattaché à ses racines. ce n’était pas tant l’environnement dans lequel elle avait grandi, avec un père d’une toute autre nationalité et une vie passée bien loin du pays maternel. raccrochée tout de même à ce côté-ci, avec les deux langues parlées à la maison dès le plus jeune âge. – j’aime penser que oui, mais je suis jamais allée au fin fond de l’Italie pour tester ça encore. le langage plus familier n’avait pas de secret pour elle, néanmoins, et c’était l’essentiel. – capable de plaire et pouvoir plaire en retour. pas qu’elle en doutait, généralement. mais elle gardait toujours un rapport particulier avec sa bisexualité. surprenant de tomber sur quelqu’un qui était autant à son goût par ici, mais pas autant que la question qui suivait. son verre reposé sur le comptoir, elle souriait doucement. – maintenant ? comme pour confirmer, et à en voir l’expression plus ou moins certaine sur son visage, son sourire grandissait. si la pure italienne avait fait le premier pas, flora faisait le deuxième. littéralement. la distance comblée par leurs deux corps rapprochés, et ses lèvres posées sur les siennes pour un baiser. d’abord doux, et plus langoureux alors que le moment se confirmait agréable. – tu parles aussi français, non ? la taquinerie d'après-baiser, sa façon de dire que sa partenaire savait y faire.

A l’entente du rire de Flora, le visage de Sienna s’illumine, à peu près sûre de n’avoir jamais été aussi flattée que l’on rigole à l’une de ses blagues. Le pari était un peu risqué ; les mexicain.e.s qu’elle connaît sont aussi fières de leur nationalité que les italien.ne.s mais puisque Flora a les deux, elle doit bien comprendre la réflexion de Sienna - et rien ne dit d’ailleurs qu’elle soit plus l’une que l’autre. Elle acquiesce en entendant Flora dire qu’elle n’est jamais allée en Italie et lui répond, sans hésiter : “On peut parler italien, si tu veux. J’ai jamais mis les pieds en Italie non plus, à mon plus grand rejet, mais l’italien est ma première langue”. Il est un peu tôt pour déballer les histoires de famille, l’immigration des grands-parents et la nostalgie du pays plus forte chez les parents de Sienna que chez le reste de la fratrie mais l’essentiel est dit ici : Sienna est la plus italienne des personnes n’ayant pas la nationalité et n’ayant jamais mis les pieds ici. “Tu as appris toute seule ou en famille ?” demande-t-elle, partagée entre l’idée de discuter de choses légères en cette soirée peu ordinaire et l’envie dévorante de tout savoir sur la jeune femme en face d’elle. Sienna n’a jamais ressenti ça pour quiconque et si elle n’est pas du genre à se considérer en terrain conquis, le courant passe assez bien pour qu’elle soit déjà à l’aise avec la mexicaine. “On a quelques regards insistants derrière toi et à ta droite, qui rêve clairement d’être à ma place. Tu plais, t’inquiète pas.” Sienna aurait sans doute dû lui dire qu’elle lui plaisait mais ne réalise pas vraiment. Elle enchaîne d’ailleurs, sans penser à sa phrase précédente en lui demandant si elle peut l’embrasser. “Euh…” répond la jeune femme, hésitante, quand elle lui demande si elle veut l’embrasser maintenant. A-t-elle été trop rapide, trop entreprenante ? Venant de Sienna, cela serait clairement un comble. Heureusement que Flora se rapproche spontanément de Sienna pour venir coller ses lèvres aux siennes parce que si quelques secondes de plus s’étaient écoulées, la jeune femme aurait sans doute pris les jambes à son cou. D’abord timide, elle laisse ses lèvres contre celle de la jeune femme, profitant de la douceur avant de la sensation avant de se décaler légèrement, ses yeux se rouvrant pour se planter dans les siens. Malgré le bruit et le monde autour, ce n’est pas à cela que pense Sienna - peut-être parce qu’elle est ici en terrain neutre ou peut-être parce qu’il s’agit de Flora, et après lui avoir souri, elle vient retrouver ses lèvres, glissant ses doigts dans sa nuque. Le baiser se fait plus intense, et quand elle entrouvre ses lèvres, Sienna n’hésite pas à glisser sa langue pour retrouver celle de Flora, serrant un peu plus son corps contre le sien : “Tu me fais faire des prouesses” souffle-t-elle, à bout de souffle, avant de venir caresser doucement sa joue. Elle se recule une seconde, glissant sa main sur le bras de la jeune femme pour attraper sa main avant de glisser sa paille dans sa bouche pour prendre une gorgée. “C’est fade, après tes lèvres.” sourit-elle avant d’embrasser doucement sa main, ayant à la fois envie de recommencer et de profiter de cette petite période de flottement, trois mètres au dessus du sol.