Parjuré est le sanctifié + Laia

Le sanctifié entaché. Aux vitraux, les néons s’agrippent. Mettent en lumière les ombres saintes. Jugent de leur regard, les pions. Enlisé dans une orgie euphorique. Nephilim. Jusque dans le nom, l’impie est nommé. Craché à la gueule du lieu, le parjure. Il y capte l’ironie le blond. La trouvant plutôt réussis. Sournois gamin. Lui-même délaissé par les cieux. Ou Dieu lui-même en a éprouvé un profond désintérêt. Pour lui. Ses frères et soeurs. Pourtant, ils sont toujours là. A s’accrocher à la vie. Au désir de ne pas tomber dans les vices de leur géniteur. Mêlé dans la foule, le voleur amasse. Rien de bien intéressant, mais assez pour se faire un petit fric. Butin camouflé dans la doublure de sa veste, il s’octroie une pause. Prend de la hauteur pour avoir une vue d’ensemble. Discrète alcove. Le velours insonorise sa présence.

Reflet bleuté. S’accroche à un profil qu’il commence à reconnaître. Même là, au milieu de la foule, elle apparait. Sa silhouette ressort. S’impose à ses rétines. Perdu entre agacement et curiosité, il l’observe. Détail l’inconnue. De son aura, il pourrait presque reconnaître quelque chose de similaire. Quelque chose qu’il connait bien. Dégout amers. Fardeau sur ses épaules. Tasse son corps. D'elle, il ne sait rien. Pas même son nom. Tout ce qu'il connait, c'est le timbre de sa voix. Le dessin de ses courbes, mais sans y avoir eu pleinement accès. Sur la rambarde, il s’appuie. Penche son corps avec nonchalance. Les orbes toujours rivés à elle. De là-haut, il se croit hors de vue. Savoure sa discrétion. Contre ses oreilles, les basses se fracassent, avant de terminer leur course derrière lui. Dans l’alcôve.

Se croisent les regards. Même d’en bas, elle le repère. D’avance, il sait qu’elle va venir. Peu importe qu’elle est fui la dernière fois, elle reviendra. Se mouve dans la masse. Sa silhouette frêle. Sans bouger, il patiente. Devine déjà le sens de sa marche. Et quand apparait une ombre dans sa vision périphérique, il sait. Que c’est elle. Le profil qui devient face. Pose son regard sur la brune. Se replace alors, le souvenir. De ses lèvres sur les siennes. De la contradiction qu’elle a fait naître. A cet instant précis. Et encore une fois, ça l’irrite. Goûts d’amertume sur sa serpentine. Les bras toujours en appuie sur la rambarde, seule sa tête est tournée vers elle. Toise l’inconnue. “T’en redemande ?”

Enveloppé dans le cuir. Il devine le tissu léger qui se cache sous sa lourdeur. A sa hauteur, elle vient se positionner. Effluve parfumée. Prend possession de son odorat. “C’est pas moi qui suis monté.” Opalines bleutées, accrochent le reflet des vitraux. Sur l’ovale de son interlocutrice, elles dérivent. Lèvres pleines. Ravivent une fois de plus, le souvenir. Pas brulant comme on pourrait s’y attendre. Autre chose. Espèce de dualité dont il n’a pas encore saisie totalement le sens. Les coudes qui glissent sur la rambarde, ce sont ses mains qui s’y maintiennent. Redressant sa carcasse, il domine celle à ses côtés. Délaissant la pierre, il s’adosse à l’un des piliers. Fait face à son profil. “Encore toute seule ?”Qu’est-ce qu’une meuf comme elle fait à roder la nuit ? Seule.

“C’est toi qui l’a pris comme ça.” Carte de l’indifférence mise sur le tapis. Il ment éhontément le blond. Aisance déconcertante. La serpentine habitué à jouer la comédie. Pourtant, il savait. A l’instant où elle le regarderait, elle viendrait. Peut-être que c’est ce qu’il voulait. Achever leur rencontre. Comprendre son mystère. Celui de la gamine qui déambule la nuit. Solitaire. “Trop tard pour ça.” Maladresse dans les termes. Continue d’apposer ses orbes sur elle. “Qu’est-c’que tu fous toute seule ?” La question qui brule. S’aventure hors de sa bouche sans sa bénédiction. “Toutes les fois où j’te croise, t’es toujours seule.”