I don't need a super hero, i have a big brother

Enfin la liberté, je suis enfin sortie et croyez-moi je ne compte pas remettre les pieds là-bas de si tôt. Jamie m'a bien aidée et a su tenir le secret jusque-là. Cela n'a pas été facile surtout de ne pas pouvoir appeler ma famille comme je l'aurai souhaité. Encore plus lorsque les appels venaient de Lewis et que j'ai appris pour son retour. Il ne sait pas et tenir un secret comme ça dans une famille aussi soudée que les Coleman c'est un crève-cœur. J'étais rentrée à la  Pforzheimer House car d'ici une semaine nous partions pour le Summer Camp. D'ici là mon chemin allait sans doute ne pas tarder à croiser mon frère. J'étais dans ma chambre, ma colocataire s'était absentée et je préparais déjà une partie de ma valise lorsqu'on toqua brièvement à la porte. Quel ne fut pas ma surprise enfin non s'en est pas une, je savais que ce moment allait arriver. Cétait Lewis qui se tenait sur le pas de la porte de la chambre. 

Rester droit, encaisser la douleur qui irradiait encore son torse... c'est au moins vivant qu'il longeait les couloirs vaguement familiers de la Pforzheimer House. Vivant mais avec des cicatrices et des cauchemars criant de réalisme en plus. Dans ce qui lui semblait être des vies antérieures, Lewis était déjà venu voir Lexie - notamment lorsqu'elle pliait bagage pour ses voyages humanitaires. Des initiatives qui avaient toujours eu don de lui inspirer la plus grande fierté, celle de partager le même nom de famille qu'elle. Pourtant, rien dans le comportement récent de sa soeur ne lui ressemblait ; il la connaissait. Son silence radio de ces derniers mois était hautement inhabituel. Lex' n'avait répondu à aucun de ses messages, aucune de ses tentatives de visio lorsqu'il était encore déployé au Sahel. Elle n'était pas non plus venue le voir à l'hôpital militaire dans lequel il était resté alité pendant quasiment deux mois. Elle n'était pas venue voir le frère qu'elle avait failli perdre au combat. Et cette pensée à elle seule était encore plus douloureuse que la perte de Marshall. Coleman savait ne pas être le seul à porter le deuil de son meilleur ami ; ses soeurs, ses parents l'avaient vu s'intégrer dans le cercle des Coleman comme un deuxième fils. Un deuxième frère.

Poussant la porte de sa chambre en espérant qu'elle serait bel et bien là, la valise que Lexie garnissait de vêtements fut la première image qu'elle lui offrit. Le regard de Lewis accrocha celui de Lexie, du même bleu vif mais fatigué que le sien. Allait-elle partir sans même l'avoir vu ? Ciao sorellina*... je peux entrer ? demanda Lewis depuis le pas de la porte. Je ne savais pas que tu partais, ajouta t-il avec un sourire de circonstance. Pourquoi avait-il l'impression qu'elle s'éloignait de lui ?

Se tenant là debout, c'était ce frère, le seul qu'il me reste. Celui que j'avais bien failli perdre et que je n'avais pas encore revu. Le temps des reproches étaient-ils venu? Je m'en voulais même si je l'avais voulu je n'aurai pas pu aller le voir. C'était ma pénitence pour avoir manqué de jugement. Alors que mes prunelles reposaient dans les siennes, je me mordillais les lèvres. Anxieuse de connaitre son ressenti, ou de l'avoir déçu. Lewis toutes ces années avait été comme un pilier, quelqu'un sur qui je me reposais. Le voir devenir soldat n'avait pas été facile pour moi. J'instaurais un lourd silence même quand sa voix vint me quérir en italien. Mes lèvres, elles restaient soudées, ne sachant trop quelle excuses je pourrais lui donner. Je m'en voulais tout simplement car j'aurai pu le perdre comme nous avions perdu Marshall. Alors, sans retenue je me précipitais vers lui, l'entourant de mes bras, le serrant contre moi. Pas tout de suite et juste au Summer Camp, je ne repars pas en mission humanitaire avant un moment. Je m'écartais alors, levant mon visage et offrant un pâle sourire. Lewis avait toutes les rasions de m'en vouloir de l'avoir évité. Il m'en voudrait encore bien plus s'il apprenait pourquoi. De toute façon, le centre à coté de ce que lui avait vécu c'était une sinécure. Pourtant ce mensonge, cette cachoterie me pesait lourdement sur les épaules. Je retournais à ma valise, finissant de mettre quelques tenues dedans tout en lui posant des questions. Sans doute pensais-je détourner ainsi les questions qu'ils pourrait me poser. Tu vas mieux? Tu es retourné à la maison? demandais-je le noyant sous mon flots de paroles.

Depuis combien de temps n'avait-il pas croisé son regard clair si familier ? Une éternité qui avait commencé il y a des semaines et que Lexie avait, certainement involontairement, prolongé alors qu'il était à l'hôpital. Mais si Lewis paraissait physiquement en pleine possession de ses moyens, ses nuits étaient plus agitées que jamais. Il se savait encore au Sahel, du moins en partie. Lewis aurait eu besoin de la savoir à ses côtés à l'hôpital alors à défaut, il prendrait le temps qu'elle lui accorderait aujourd'hui même entre deux valises à boucler. Les lèvres de l'ancien militaire se pressèrent l'une contre l'autre alors qu'il sentait la chaleur de sa soeur entre ses bras qui l'enserraient, un peu plus pour chaque jour qu'elle avait passé loin de lui. Il avait failli y rester... Marshall y était resté.

Comme il l'avait fait tant de fois lorsqu'ils n'étaient encore que des enfants, la paume de main de Lewis se posa avec précaution sur les cheveux ondulés de Lexie, à l'arrière de son crâne. Un geste de protection dont elle n'avait certainement plus besoin maintenant qu'elle avait grandi. D'accord, répondit-il simplement en la laissant mettre fin à une étreinte qu'il avait tant attendu. Leur complicité habituelle ne transparaissait pas dans ces dernières semaines, un manque supplémentaire pour Lewis qui devait déjà faire face à la disparition de Marshall. Plus qu'un frère d'arme, son meilleur ami dans la vie civile. J'ai été opéré avec succès, si c'était ta question. Je suis sorti de l'hôpital militaire il y a seulement quelques jours, admit-il en la regardant garnir sa valise. Comme si l'urgence était là plutôt que leurs retrouvailles. Et je suis retourné à l'appartement, certainement pour un bon moment d'ailleurs. Mais Lex'... commença t-il en s'approchant, cherchant à accrocher un regard qu'elle lui refusait. Est-ce qu'il est possible de prendre cinq minutes pour discuter sans... que tu fasses ta valise ? S'il te plaît. Que leur était-il arrivé ? Ils n'avaient pas eu de temps ensemble depuis des lustres, comme vivant sur deux planètes éloignées. Lex' le rejoignit alors qu'il s'asseyait sur le rebord de son lit, retenant une grimace. Ses cicatrices tiraient encore.

Mon frère, une partie de moi. S'il n'était plus là tout comme Marshall ne l'était plus, je tomberais très certainement en morceaux. Alors quand il me répondit à ma question sur sa santé et qu'il évoqua l'opération ce qui à mes yeux représentait un risque de plus de le faucher. Mes mains se crispèrent sur le bout d'étoffe blanche que je m'évertuais à essayer de plier un peu près correctement. Un double coup de pression venait de m'envahir sans que je ne puisse la gérer. Un coup de pression qui aurait bien pu me refaire basculer si t'en es que Lewis ne soit pas là devant moi. Mon regard qui se faisait fuyant se reposa sur lui, un regard où toute expression de joie manquait cruellement et ce bien malgré moi. Je m'en voulais à un tel point de ne pas avoir pu me rendre à l'hôpital à cause de ma connerie. Comment avais je pu en arriver à cela juste par pression de ne pas réussir la Fac de médecine. Ils avaient tous tellement confiance en moi, en mes capacités alors que moi cette confiance là fondait comme neige au soleil. Lorsqu'il me demanda de pouvoir parler sans que je ne cherche à le fuir en somme, je pu sentir que lui aussi cette situation le peinait. Pourquoi, j'avais cette peur qu'il ne me juge, lui!  Le regard de mes proches était la chose la plus importante non? Je lâchais alors le vêtement, de toute manière je n'arrivais qu'a le foutre en boule plus qu'autre chose - mon débardeur- je précise. Bien sûr frérot. Je suis tellement contente que tu ne repartes pas là-bas. En d'autres termes l'armée, la guerre, tout ce qui aurait pu représenter un risque pour lui. C'était difficile pour moi de lui cacher une partie de ce qui m'était arrivé, la crainte d'être jugée mais, surtout de le décevoir. Lui, Marshall, ma famille. De tous les décevoir. Non Lexie n'était pas aussi parfaite que ce que tous le monde pouvait penser. J'était même loin d'être parfaite. Je relevais une fois de plus mes yeux dans les prunelles de mon frère avec cette fois-ci un sourire bien plus appuyé et surtout tellement sincère. Il m'avait grave manqué. Et si on passait la journée ensemble. Ca fait tellement longtemps! Le temps est précieux. Il avait failli mourir, j'avais merdé. Il fallait aller de l'avant maintenant non?

Le dog tag de l'armée avait quitté le cou de l'ancien militaire depuis plusieurs semaines, lui permettant de remettre le médaillon que sa famille lui avait offert des années plus tôt. Le signe d'une famille contre une autre. Le métal arrondi et froid, presque rassurant, n'avait rien en commun avec les balles qui s'étaient frayées un chemin sous son torse, lézardant jusqu'à ses valeurs les plus fondamentales. Sa pomme d'Adam effectua un aller-retour tandis que Lexie évoquait la guerre, à demi-mot. Une discrétion inhabituelle et dont elle s'affranchissait généralement. Le sourire fatigué qu'il lui offrait maintenant suffisait-il à donner le change ? A masquer une vérité qui le suivait depuis le Sahel ? Coleman n'en était jamais réellement parti, son inconscient persistant à lui garder un pied sous les décombres de l'amitié qu'il partageait avec Marshall. Tellement contente. Un enthousiasme que Lewis n'arrivait pas à partager avec sa soeur tant l'armée faisait partie de lui depuis toujours. Ne pas repartir était pour lui davantage synonyme d'échec que de rassurance. Pas pour le moment, en tout cas, répondit-il, plongé dans les yeux clairs de sa soeur mais surtout dans des souvenirs que Lexie ne pouvait pas soupçonner. Il me reste un check-up à passer d'ici quelques semaines et la décision sera prise à ce moment. La décision de l'armée mais aussi la sienne. Lewis offrit un nouveau sourire à sa soeur, conscient que sa réponse à lui était déjà prête. Il avait une promesse à honorer et elle serait lourde de conséquences, lui demandant d'abandonner tout ce pour quoi il s'était battu pendant près de 20 ans. Mais pour la mémoire de Marshall, Lewis le ferait. Ses oreilles qui bourdonnaient par moment, ces éclats de voix qu'il ne percevait plus alors que d'autres bruits parvenaient à le faire sursauter... Tout lui rappelait que son dernier déploiement avait laissé des traces indélébiles.

Toute la journée ? Sûre et certaine ? l'interrogea t-il amusé, en haussant les sourcils. Un quota d'heures qu'elle ne lui avait octroyé depuis bien longtemps... Lewis était aussi surpris qu'heureux à cette perspective. Bien sûr... Evidemment, dit-il avec un entrain à peine dissimulé. Etait-ce sa façon de rattraper le temps avec lui ? Si lui ne comptait pas, ne pouvait pas s'étendre sur des images de Marshall qui le hantaient une fois la nuit tombée ; il voulait retrouver la place de grand frère qu'il avait failli perdre. Comprendre l'éloignement de Lexie sans jamais la brusquer. Tu m'as manqué, Lexie, finit-il par avouer en se tournant vers elle. Parce que c'était là le vrai fond de sa pensée.

"Pas pour le moment..." venait-il de dire! Il n'en fallut pas plus pour qu'une petite moue réprobatrice ne se forme sur les traits délicats de mon visage. Pourquoi parce qu'il compte réellement retourner prendre des risques après ce qui lui est arrivé?? Il était sérieux? Oui je sais l'armée c'est son métier et c'est sans doute ce pour quoi il se pense fait. Mais, cette évocation ne me réjouis pas du tout. Pas après ce qu'il y avait eu, pas après avoir failli le perdre. Pourquoi tu voudrais repartir là-bas? T'as failli y rester! dis-je sur un ton accusateur plus que je ne l'aurais souhaité. A vrai dire ce n'était peut-être pas le meilleur des moments pour lui faire un reproche. Car si lui savait il pourrait m'en faire un millier de reproches. En mon fort intérieur j'espérais que ce check up soit un désastre et qu'ils se contente de le démobiliser tout simplement. J'étais peut-être égoïste sur ce coup, oui je l'avoue je le suis!

Je referme la valise d'un coup un peu sec et un peu rapide décidant finalement de la laisser trôner à son triste sort sur mon matelas. Je lèves mes yeux et arbore alors le plus clinquant de mes sourires. Je ne te laisse même pas le choix frérot. Je vais m'accrocher à toi comme une petite teigne. Et puis, je dois bien me faire pardonner non? Et pas juste de l'avoir abandonné à son sort à l'hosto mais, ça c'est une autre histoire. J'avoue je peux être un peu capricieuse parfois et dire que je voulais mon frère juste pour moi pendant une après-midi était réel. Il m'avait manqué et ça bien plus qu'il ne pourrait jamais se l'imaginer. C'est à Lewis que je me raccrochais dans le passé, il faisait partie de mon équilibre. Et lorsqu'il s'était engagé, j'avais pris cela comme un abandon. Non bien évidemment, il n'était pas un fautif dans cette histoire mais pour l'ado que j'étais: hyperémotive et instable émotionnellement le voir partir avait été un calvaire. Je le prenais une nouvelles fois dans mes bras, m'écartais et posais mes prunelles irisées dans les siennes.A moi encore plus Lewis, à moi encore plus... Mais, j'ai la sortie parfaite pour nous. Allez vient tu le fais confiance? lui dis-je clairement avec une idée derrière la tête comme on disait.

La mélodie du taps résonnait encore, un 4 tons parasitant involontairement les quelques rares heures de sommeil que Lewis parvenait à trouver une fois la nuit tombée. Le pliage du drapeau, lors de l'enterrement militaire de Marshall, avait été le signe qu'une page se tournait définitivement. Pour les Thompson autant que pour le soldat Coleman. Son décès avait ouvert une brèche étroite mais réelle, celle d'une voie qui l'éloignait de l'US Army. De l'institution que Lewis avait servi de toutes ses forces pendant près de deux décennies. Un serment, une allégeance envers son pays qui avait été plus qu'ébranlée ces derniers mois. Je reste un soldat de l'US Army sous contrat, et pour le moment en tout cas, engagé. Jusqu'à temps que le contraire ne soit décrété par les médecins de la base... ou par ton frère. L'apparente irritation de sa soeur lui était familière et Lewis savait qu'elle n'agissait que dans son propre intérêt. Le leur, celui d'une famille qui l'avait accompagné - même à distance - dans chacune de ses OPEX. C'est à la porte de la maison familiale que des gradés de la base auraient pu venir sonner pour déposer ses effets personnels. Lewis afficha un sourire qui manquait d'énergie - tant il avait puisé dans ses réserves depuis son rapatriement - mais qui retrouvait de l'éclat au seul contact de sa soeur. Il sentait qu'il venait de vivre son dernier déploiement et que l'armée serait un deuil supplémentaire à faire.

Le moitié de valise qui se refermait fit brièvement se plisser ses yeux tant le son l'agressait. Oh, crois-moi... Je sais de quoi tu es capable, Lexie Coleman, répondit Lewis, amusé. De tout lorsqu'il s'agissait de sa famille, un trait de caractère prégnant chez les Coleman. Mais te porter à 10 ans et te porter maintenant... Lewis échangea un regard complice avec sa soeur. Le temps pouvait enlever beaucoup mais le lien qu'ils avaient... jamais. Bien. Dans ce cas, quel est le programme des réjouissances ? l'interrogea Lewis en se relevant, les deux paumes sur ses cuisses. Les dernières semaines avaient été rythmées par ses séances de rééducation, demandant à Lewis de conjuguer avec des douleurs physiques et mentales qui s'estomperaient, mais sans jamais vraiment disparaître. Si je te fais confiance ? Absolument pas, plaisanta t-il en laissant sa soeur quitter ses bras. Le regard doux dont il enveloppait sa soeur, sur le moment, indiquait pourtant le contraire : Evidemment.

Voir repartir mon frère était pour moi un crève cœur comme le fait de savoir qu'il pourrait à nouveau risquer sa vie. A l'époque j'étais petite mais à présent je pouvais aussi comprendre son engagement envers sa patrie mais, aussi que cela pouvait être ce que lui désirait dans la vie. Si un jour, il devait quitté US Army ce serait parce que c'était son choix à lui. J'acquiesçais d'un signe de tête et d'un sourire doux alors que je relâchais mon étreinte sur mon frère. J'avais prévu de réparer ce temps perdu en lui demandant de passer toute sa journée avec moi. Il m'avait tant manqué. Je ne pu m'empêcher de rire oui c'est vrai je n'avais plus dix ans, loin de là même. J'étais aujourd'hui une femme accomplie même si j'aurai sans doute toujours besoin de mon frère pour m'épauler. Il y a certaines chose difficiles à partager avec son frère mais, je jouais souvent cartes sur tables avec Lewis. Dis tout de suite que j'ai pris trente kilos aussi. Ce qui en soit était une demi vérité depuis presque vint années. J'arquais alors un sourire. Tu vois dans le coin il y a la maison de Lizzie Borden, je ne sais pas si tu as déjà entendu parler de cette histoire. Il paraît qu'elle serait hantée et j'ai toujours rêvé d'aller la visiter sans jamais en avoir le temps. Qu'en dis-tu prêt à tenter l'expérience?

Je n'étais pas sûre que cela emballerait mon frangin mais, je n'avais encore jamais pu faire cette visite ni même trouver quelqu'un prêt à me suivre dans cette fichue baraque qui filait la frousse à bon nombre de Bostoniens. Après tout il y avait eu un crime sanglant dans cette endroit. Lizzie avait massacré son père et sa belle mère à coups de haches. Meurtre violent, haineux je dirais même. Beaucoup soutiennent que c'était pour l'héritage et d'autres penchaient pour la théorie de la vengeance. Moi je penchais pour l'aliénation mentale, peut-être la schizophrénie. Je me questionnais sur ce qui pouvait conduire une personne à commettre l'irréparable. J'espérais que Lewis adhère à mon idée et attendait sa réaction à la tirade que je venais de lui faire.

Lumineux, le sourire de Lewis s'agrandit de plus belle. Retrouver Lexie était une percée dans l'ombre de son retour. L'armée l'avait formé autant qu'elle ne l'avait usé et la légèreté de ce moment était un cadeau précieux dont Lex' ne pouvait pas avoir conscience. Un espace temps sans armes. Lewis disposait d'antalgiques qu'il ne prenait que lorsque les douleurs devenaient trop lourdes mais aucune procédure à suivre ne lui indiquait comment conserver le dos droit lorsque l'on assistait à la disparition d'un frère. C'est un terrain sur lequel je ne m'aventurerais absolument pas, plaisanta doucement Lewis, avec un mouvement de tête, sans pouvoir la quitter des yeux. Et quand bien même, le paquetage habituel de l'US Army était conséquent, lourd de matériel. Au fil de ses OPEX, Coleman avait soulevé autant de charges, porté autant qu'armes que d'hommes et de femmes. En temps normal, Lewis aurait pris sa soeur par la taille et laisser ses pieds quitter le sol mais son corps récupérait d'une plus grande épreuve encore. Pour les Coleman, seul son torse auréolé de cicatrices brunes trahissait ses derniers mois de déploiement. lls savaient son audition partiellement endommagée mais ses cauchemars restaient au secret du soldat. Protéger son pays incluait tout autant de sauvegarder les siens.

Les traits de Lewis se figèrent imperceptiblement à la mention de Lizzie Borden et, dans une inspiration, son torse se souleva sans qu'il ne réponde. Coleman était un soldat de plomb, nullement impressionnable mais la maîtrise de son corps, de ses réactions n'était plus totale depuis son retour. Redonne-moi la présentation utilisée tout à l'heure... sortie parfaite, si je ne m'abuse ? Le ton amusé de Lewis allait de pair avec le regard qu'il posait sur sa soeur. Je vois très bien de quelle maison il s'agit, elle est du côté de Fall River, commença Coleman en s'approchant de Lex'. Je vais te dire oui mais pour une autre fois, si ça ne te gêne pas. Sa tête s'inclina alors qu'il poursuivait : C'est ma soeur que je suis venu voir pas Lizzie Borden. Ils avaient déjà perdu tellement de moments ensemble que l'idée de la partager, noyée dans une foule de visiteurs avides de sensations fortes, le gênait. Tu aurais d'autres recommandations qui n'incluraient pas une tueuse de sang-froid ? Un déjeuner pour commencer ?