Carnage (Steincer)

Distractions. Tu acquiesças doucement, tandis que Julia prêchait un convaincu. C'était exactement ça, il y en a qui oubliaient pourquoi ils étaient là. "Je suppose que c'est plus facile quand on est bien assis sur ses privilèges. Il suffit d'appeler papa maman à la rescousse pour être sortis d'affaire, quand d'autres devront trimer toute leur vie pour en arriver là, et encore, quand on n'entre pas par la grande porte, on peut toujours rêver, pour monter les échelons." Parce que la volonté seule ne suffisait pas, tu étais bien placé pour savoir que la méritocratie était un leurre. Tu ne manquais pas de volonté et d'ambition, pourtant, tu étais honnête et travailleur, tu avais même travaillé très dur pour pouvoir compléter tes études tandis que d'autres pouvaient se permettre tous les excès en toute impunité. Il y avait quelque chose de profondément injuste dans tout cela, mais tant que tu pouvais encore te regarder dans le miroir et être fier de ce que tu avais accompli, le reste t'importait peu, être à leur place ne t'intéressait pas le moins du monde. Tu rangeas cependant tes convictions au fond d'un tiroir parce que ce n'était ni le lieu, ni le moment pour se lancer dans des débats passionnés. La lueur amusée ne quittait pas ton regard tandis que Julia te disait que tu n'étais pas difficile à vivre. Tu ricanas. "Cadeau du ciel, carrément?" Mais en réalité, ça te faisait vraiment plaisir parce que tu n'avais pas vraiment l'impression d'en être un ces derniers temps, de cadeau du ciel, tu avais plutôt l'impression d'être un boulet, un fardeau plus qu'autre chose. "J'imagine que tout est dans le presque. Tu mérites même une médaille pour ne pas avoir écorché mon nom. "L'humour utilisé comme arme, toujours, maigre tentative de dissimuler ce que tu ressentais vraiment. Poker face inefficace puisque Julia t'avait percé à jour quant à tes intentions sur la suite de cette soirée. Ce n'était pas la première fois que Julia t'incitait à te sortir les doigts du cul, notamment dans ce domaine. Encore une fois, elle t'encourageait à envoyer un message à celle qui était dans ta tête pour provoquer le destin, comme elle le disait si bien.  "La débarrasser de son cavalier, carrément?" Tu persiflas, légèrement moqueur. "Tu en parles comme si elle était au bagne." C'était d'autant plus insensé qu'elle avait l'air vraiment proche de lui, mais peut-être que dans le fond, elle avait juste fait comme toi, y aller avec un ami? "OK OK, je lui envoie un message de ce pas." Tu dis en sortant ton téléphone de la poche de ta veste. Tu remarquas que tu avais reçu quelques notifications de Veritas mais tu regarderas plus tard, ou pas du tout, simplement parce que ce n'était pas ta priorité. Tu pris Julia par les épaules et tu l'embrassas sur la joue. "Merci." Dans le fond, tu étais content d'avoir pu clarifier avec elle votre relation, et être amis t'allait tout aussi bien. Après tout, même en matière d'amitié, on pouvait aussi avoir un coup de foudre. "On y va?" Tu proposas en lui présentant ton bras, dans l'optique d'aller voir vos tables, et les autres.