après la tempête (yuri)

T'es plus tendue que tu ne le devrais, avec les conneries de ta confrérie. T'aimes pas trop que les gens s'en prennent si facilement à ton pote d'avance et la patience ça te connaît pas. T'es plutôt du genre à montrer les crocs et taper dans le tas, même si ça blesse - toi et les autres, tu fais pas de distinction. Et là pour te détendre t'as rien trouvé de mieux que de t'assoir dans l'herbe, loin de l'agitation, la clope au bec. C'est pas des conneries que tu songes à quitter la confrérie, t'as assez d'choses à gérer avec l'entreprise familiale pour supporter ça. Un soupir effleure tes lèvres quand une silhouette entre dans ton champs de vision. ❝ Toi aussi t'as quitté l'monde des bisounours pour prendre l'air ? ❞ pas de bonjour, remarque presque agressive. Pourtant c'est pas après lui que t'en as mais tu comprends pas pourquoi ta confrérie tombe en ruine, tu retrouves plus la solidarité du début et ça te flingue. ❝ Cigarette ? ❞ tu lui tends ton paquet de clopes.

Dire que l'ambiance est pourrie est un doux euphémisme. J'essaie d'apaiser les tensions mais je crois que n'importe qui d'autre s'en sortirait un milliard de fois mieux que moi. Avec mon passé d'enfant des rues, on ne peut pas dire que la langue de bois ou l'arrondissement d'angle soit mon dada... et pourtant, après mon retour de deux mois d'absence, je fais tout ce que je peux pour épauler Lex, qui a ni plus ni moins tout géré tout seul. Bisounours j'aime l'idée... que je réplique en osant un petit sourire, qui ressemble davantage à un rictus. Millie me connaît suffisamment pour savoir qu'en temps normal je tranche dans le vif sans état d'âme. Mais avec le poste de vice-président je dois apprendre à conjuguer avec autrui... tout un programme. Allez, j'ferai attention demain que je reprends en lui chipant une cigarette tout en songeant à quel point mon oncologue s'arracherait les cheveux s'il me voyait. Comment tu te sens au milieu de la dictature ? Ironie du jour bonjour. Mais au pire j'userai de mon humour dans un deuxième temps, en lui rappelant qu'on a un concours alakon sur le feu.

La fumée s'échappe de tes lèvres et forme un masque devant ton visage. Tes yeux cherchent ceux de ton ami, heureusement que t'en as quelques uns au sein de la confrérie, sans quoi t'aurais déjà claqué la porte. ❝ Les gens sont trop tendus, ils prennent tout mal. Ça fait chier. ❞ d'un mouvement de la main, cigarette entre les doigts, tu fais un large signe pour montrer tout le paysage. ❝ Ils font tous chier. ❞ à commencer par la personne derrière veritas qui a bien foutu le bordel entre toutes les confréries et t'as du mal à accepter que ton ami d'enfance soit la cible. Tu t'autorises un sourire en coin quand la dictature est évoquée. ❝ J'ai des passe-droit donc je le vis bien. ❞ haussement de sourcils significatif. ❝ Lex n'y est pour rien, je comprends pas pourquoi ils sont tous là à lui tourner le dos. Tu l'imagines vandaliser une confrérie, toi ? Je veux dire ... moi ça étonnerait personne, mais lui ?! ❞

Un petit rictus étire mes lèvres dont s'étire un écran de fumée. Cela me détend, et m'offre la perspective, couplée à la présence de Millie, de tourner un brin la situation en dérision. Ils devraient péter un coup, m'est avis. Parce que pour l'instant ça reste, ça remonte au cervelet et ça donne des idées de merde !! Pour un peu je serais fiérot de ce jeu de mot laid, car il définit absolument tout ce que je déteste dans l'ambiance actuelle : une guéguerre intestine et inutile alors que le bon sens voudrait qu'on se serre les coudes à ne plus pouvoir les décoller. Pour connaître Lex, je peux d'entrée te dire que non. Et surtout pas en sachant que ça pourrait rebondir sur les dorés. Mais même venant de toi je l'imagine pas en fait. Ce qui est ouf, c'est que moi j'aurais davantage le profil, surtout si j'ai un coup de haine... mais j'étais pas là ces deux derniers mois, donc on va dire que mon alibi parle pour moi que je reprends avant de laisser la nicotine détendre une fois de plus chaque alvéole de mon arbre pulmonaire. T'sais quoi ? C'est devant leurs confréries qu'on devrait aller pisser.