(billowyn) you're still my safe place

Y'a peu de personnes dans ma vie en qui je peux avoir confiance comme en Billie. Malgré tout ce qu'on a traversé, malgré nos désaccords et nos coeurs brisés, j'étais persuadée en venant ici qu'elle m'ouvrirait sa porte sans aucune hésitation. Bien sûr, il y a eu la surprise. Oh, crois-moi Billie, je suis la première surprise. Pas surprise d'être venue jusqu'ici, d'être venue à toi, mais surprise d'avoir baissé les armes, animée par la peur. La peur. C'est quelque chose que j'ai essayé de bannir de ma vie depuis ma soeur. Je ne veux pas être cette petite chose fragile qu'on essaie de défendre. Femme forte, femme indépendante et pourtant, j'ai toujours eu l'impression d'être cette petite demoiselle sans défense aux côtés de Billie. Peut-être parce que j'ai trouvé plus forte que moi ? Je ne regrette pourtant pas la décision de partir, parce que bien qu'angoissée à l'idée qu'ils m'aient suivi, la familiarité de ces lieux apaise légèrement mon esprit tourmenté. La familiarité de ces lieux, mais pas que. La familiarité de cet accent Irlandais qui ressort encore un peu plus lorsqu'elle sort une injure, une réaction à laquelle je m'attendais en lui racontant ce qu'il s'est passé. Les yeux encore humides se posent sur elle quand ses doigts effleurent ma peau et ça serait mentir que de dire que ça ne me fait rien. "Je vais arrêter, oui..", que je dis dans un souffle. Trop occupée cette nuit à plier bagage sans me retourner pour continuer quoi que ce soit, je sais que je n'en dirai pas plus pour ne mettre personne d'autre dans la merde et que je ne fouillerai pas d'avantage. La tête qui se balance de haut en bas à nouveau, essayant de m'auto-persuadée également qu'on ne viendra pas me chercher ici. Quand ils verront que je ne suis plus à New York, j'imagine qu'ils auront compris. "D'accord..", que je dis d'une voix tremblante, me dégoûtant presque moi-même de cette faiblesse qui émane de mon timbre de voix et de ma complaisance à la laisser bousculer toute sa vie dans les prochains jours pour ma petite personne. Moi qui d'habitude, lui aurait dit de ne pas faire ça, de continuer de vivre comme si je n'étais pas là. Je sais déjà que je ne resterai pas trop longtemps et j'imagine que Sofia sera plus que ravie de m'accueillir dans sa deuxième chambre, elle qui s'est plaint plus d'une fois de se sentir seule là-bas. Le regard posé sur la blonde, je pose ma main sur sa cuisse en souriant faiblement. "Merci..", que je chuchote. Si on met de côté la peur et l'angoisse de ces dernières vingt-quatre heures, je peux affirmer sans aucun doute que Billie m'a manqué. Qu'elle est belle, l'Irlandaise. Et dans un moment de faiblesse, alors que c'est quelque chose que je me serais également interdit en temps normal, je me penche afin de poser un baiser sur le coin de ses lèvres, agitant le battant tellement fort dans ma poitrine que le baiser dévie une deuxième fois sur ses propres lèvres, dans un baiser doux, presque innocent, comme s'il n'avait aucune connotation particulière, alors qu'avec notre passé, on sait bien que ça n'est pas le cas.