CORNELIA BILLIE CLARK ► Charlavail Effron

Je suis née un premier avril, comme une bonne blague me dit on souvent. J'adore ma date de naissance, tout le monde s'en souvient, même les gens que je ne connais pas. Mes parents m'ont appelé Cornelia ce jour là, comme ma grand mère que je n'ai jamais connue, morte six mois après ma naissance. Papa m'a dit qu'elle me ressemble beaucoup au fil du temps. Il me dit souvent que, comme elle, "je vois des choses que personne d'autre ne peut voir". Je sais pas vraiment comment le prendre mais ça expliquerai pourquoi j'ai toujours fait peur aux gens.
J'ai vécu à San Francisco pendant 15 ans avec de m'enfuir dans un lycée Suedois avec ma mère. Elle a fuit l'absence de mon père, j'ai fuit l'absence de relations sociales. Je croyais vraiment que la bas, les mentalités étaient différentes, que les gens m'accepteraient avec toutes mes bizarreries. J'avais tort. J'ai passé mes trois années de lycée à protester contre cette injustice, à colorer mes cheveux, à marquer ma peau pour me prouver que c'était cette apparence différente qui rebutait les gens, et pas ma personnalité. Un jour, pendant l'hiver de mes 16 ans, maman a ramassé une petite chouette chevêche blessée, probablement tombée du nid. Je l'ai mis dans une boite à chaussure avec du coton, sous une lampe pour la maintenir au chaud. Je crois que mon manque d'affection jouant, j'ai pris soin d'elle une semaine entière sans bouger de la chaise que j'avais posé à coté d'elle. Elle a survécu et je l'ai appelé Athena. Elle et moi on est frangines de coeur depuis bientôt 6 ans, elle me suit partout et personne ne me pose trop de question, on leur fait peur.
Je vois rarement mon père, il est Directeur d'une grosse boite qui s'appelle ACME et qui vend je sais pas trop quoi à je sais pas trop qui. Pour compenser son absence, il me donne beaucoup d'argent. Mes grands parents maternels, dont ma grand mère Cornelia, m'ont légué plusieurs baraques à Stockolm. Je suis riche. Je sais pas vraiment à quoi ça sert mais j'aime bien ça. Pas mal de gens ont essayé de me plaire à cause de ce détail, mais je crois qu'ils ont rapidement lâché l'affaire.

C'est ma mère qui m'a demandé de partir à Harvard pour mes études. J'ai toujours voulu faire architecte, ça correspondait bien à ce que je savais faire, dessiner en créant des trucs différents. J'ai postulé à sa demande, je me fichais pas mal de l'endroit où j'allais étudier, je voulais juste avoir un diplôme pour exercer en libéral. J'ai été prise. Sans vie sociale, on a le temps d'étudier pour avoir un bon dossier. De toute façon, j'ai une mémoire eidétique. C'est le psy qui l'a dit.
J'ai pris l'avion avec Athéna, Papa a fait marché ses relations avec la mafia aéronautique ou je ne sait quoi. Il a acheté un immeuble pas loin du campus, j'ai acheté le dernier étage, sous le toit. C'est une immense pièce éclairée par une tout aussi immense fenêtre toute ronde sur laquelle j'ai posé plein de coussins pour regarder les gens aussi petits que des fourmis aller et venir. Y a une trappe dans le plafond qui s'ouvre sur le grand toit terrasse. J'ai mis plein de guirlandes lumineuses, j'ai fait une endroit cool pour Athéna aussi, mais elle dort le plus souvent sur le petit perchoir qui pend au dessus de mon lit... On se sépare rarement, seulement quand elle chasse ou quand je vais en cours.

En fait, pour ces premières années de ma vie, je n'ai rien à raconter. J'ai pas eu d'histoire d'amour, j'ai pas eu d'histoire d'amitié. Je m'en fiche, j'ai pas vraiment de problèmes, sexuellement il suffit que je joue un rôle pour avoir des coups d'un soir. Ma première fois, je me souviens l'avoir fait avec un type mignon d'un groupe de rock qui jouait dans une salle de concert de Papa. Il savait pas qui j'étais, je lui ai pas dit mon nom et je ne voulais pas savoir le sien. C'était sympa.

En fait, je suis une fille foncièrement gentille qui a plein de trucs à offrir. Mais faudrait vraiment que je commence à chercher à qui je pourrais bien les offrir.