The War Inside of Us (Emily and William)

tw ✧ activités criminelles  

 

Self-destruction draws patterns in me
It will bring us down, I don't know why
I keep on playing the games of power and need
You're the only way out, I am my own enemy

Fidèle à son habitude, c’est vêtu d’une chemise bleue et d’un veston noir qu’il fit son entrée dans le bar à tapas qu’on lui avait chaudement recommandé. À 20h30, un mardi soir, l’endroit ne foisonnait pas de clients. William se dirigea doucement au bar et s’y attabla, avant de se saisir d’un menu.

Sa situation personnelle ne s’améliorait guère. Il s’attendait encore, à tout moment, que le partenaire avec lequel il trempait dans des affaires illégales ne finisse par le trahir. Et que cette dite trahison se manifeste par une balle derrière la nuque, ou par des aveux gênants au FBI, organisme pour lequel il travaillait toujours… Il déployait des efforts considérables pour maintenir le statu quo dans l’espoir de pouvoir reprendre le contrôle de la situation. Mais malgré ceux-ci, les deux hommes demeuraient coincés dans une espèce de bras de fer sans fin.

Dernièrement, William en était venu à la conclusion que pour pouvoir se débarrasser de lui, il aurait besoin d’un nouveau ‘money guy’. Quelqu’un capable de blanchir les sommes qu’il générait à travers ses activités illicites. Il s’était donc mis à éplucher tous les dossiers sur lesquels il pouvait mettre la main, que ce soit par des voies officielles ou non, afin d’identifier autant de compétiteur que possible sur Boston.

C’étaient ces démarches qui expliquaient son nouvel amour pour la gastronomie espagnole.

Ça, et les aveux d’un type qu’il avait coincé pour évasion fiscale. Dès qu’il avait été question d’allégement de peine s’il leur permettait de mettre la main sur de plus gros poissons, il s’était mis à chanter comme un rossignol. L’adresse où William se trouvait ce soir correspondait à l’une de celles qu’il avait révélé.

«Une pinte de Sam Adams, s’il vous plait, », demanda-t-il à la personne qui lui demanda ce qu’il désirait.

«Et si possible, croyez-vous que je pourrais échanger quelques mots avec le propriétaire ? J’aurais quelques questions extrêmement spécifiques sur votre jambon serrano. »

Pour appuyer sa requête, il sortir un billet de 100$ de la poche intérieure de son veston qu’il déposa sur le bar et poussa en direction de l’individu.

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L'ambiance était assez calme ce soir. Pas de soirée à thème de prévue, ni de parties de poker clandestines dans l'arrière salle du bar. Il en serait tout autrement ce week-end mais pour un mardi soir, c'était somme toute assez normal. J'en avais profité pour m'enfermer dans mon bureau, nez sur l'ordinateur devant mes tableaux de comptes et autres logiciels plus ou moins légaux. Des heures que j'étais dessus, à tout compter et vérifier scrupuleusement. Jongler avec les chiffres était devenus tellement aisé avec le temps que j'en oubliais presque parfois qu'il ne s'agissait pas d'une activité banale comme pouvait le faire monsieur tout le monde. Je parvenais à faire passer l'argent tranquillement et sans encombre, tout était calme depuis plusieurs mois maintenant. Presque un peu trop calme.
Alors que je commençai à fatiguer, quelques coups léger furent donnés à la porte. — Oui ? Walter, un de mes jeunes employés entrait, demandant à ce que j'aille voir un client qui me réclamait pour des questions sur le jambon. J'haussais un sourcil, surprise. Sérieux ? — Ok j'arrive répondis-je néanmoins assez vite. J'avais justement besoin d'une pause clope, autant faire d'une pierre deux coups. J'attrapais ma veste en cuir sur le dossier de ma chaise pour l'enfiler, puis saisissais mon paquet de cigarettes, avant de sortir du bureau pour rejoindre la salle. D'un signe de tête, Walter me désignait le client. Tête inconnue au bataillon ou du moins, il ne m'avait pas marqué. — Bonsoir, je peux vous aider ? demandai-je avec un sourire.

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«Bonsoir, » répondit-il en continuant de détailler la jeune femme que son généreux pourboire était parvenu à faire déplacer. À la recherche d’il ne savait trop quoi. Jeune, jolie et d’apparence joviale, certes, mais ça ne l’avançait guère pour les raisons qui le conduisaient ici.

«Vous êtes la propriétaire ? », demanda-t-il pas si innocemment que ça. Il n’attendit toutefois pas la réponse avant de poursuivre, se disant qu’elle trouverait bien un moyen de le contredire si jamais il faisait fausse route dans ses assomptions.

«Ça fait plusieurs fois qu’on me vante votre établissement. Je regrette de ne pas être arrêté avant. J’adore l’ambiance. »

Le compliment sonnait peut-être un peu faux, considérant le bas niveau d’achalandage, mais le restaurant cochait honnêtement plusieurs des cases de ce qu’appréciait Bennett dans ses sorties culinaires.

Il regarda à droite, puis à gauche, avant de se pencher légèrement vers l’avant et de poursuivre.

«On m’a aussi dit que certains… items de choix ne figuraient pas sur le menu. Et que les individus aventureux et discrets pouvaient découvrir un monde de richesses…culinaires… »

Il tendait l’appât, encore incertain d’à quel moment il révélerait son affiliation professionnelle. Et de si ça s’avèrerait nécessaire ou non…

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Mon regard glissait sur l'homme attablé devant moi, notant rapidement son regard perçant derrière son allure affable. Charismatique. Non à présent, j'étais sûre de ne l'avoir jamais vu ici. Une légère moue peignait mon visage en entendant ses compliments... presque étranges au vu du calme plat de ce soir. — Je ne peux que vous inviter à revenir à partir du jeudi soir si vous cherchez de l'ambiance. Mais merci répondis-je, soudain intriguée. J'attendais la suite, à présent convaincue qu'il ne m'avait pas fait venir pour quelques compliments polis et commenter le jambon qui ornait ses pinchos. Le voyant jeter des regards autour de lui avant de reprendre la parole, j'écoutais attentivement, comprenant assez vite où il voulait en venir. Un nouveau client pour les parties de jeux clandestines ? Peut-être. Ou peut-être juste un fouineur. Le problème était que je ne le connaissais pas... et que tout intéressé qu'il était, il sortait de nulle part. — Qui ça, "on" ? demandais-je avec un sourire innocent, sachant très bien jouer le rôle de l'idiote qui ne comprenait rien.

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La partie se compliquait. Elle ne mordait à aucun de ses appâts, ne laissant aucune bribe d’information filtrée. Le contraire eut été étonnant, ceci dit. Après tout, dans ce genre de milieu, ceux qui l’ouvraient trop ne faisaient pas vieux os.

Bon joueur, il changea de tactique et opta pour se compromettre en premier. Il ne risquait pratiquement rien de toute façon, et il avait été conquis par sa contenance. Elle méritait bien qu'il se dévoile en premier.

«Quelqu’un qui a suffisamment de gros ennuis pour avoir envie de partager son fardeau… »

Au tour de la jeune femme, maintenant, de se creuser les méninges.

Sans geste brusque, il passa la main droite dans la poche intérieure de sa veste pour en sortir son badge, qu’il vint déposer, bien ouvert, sur le bar. Entre lui et son interlocutrice. Puis, en la fixant des yeux, il poursuivit.

«Y aurait-il un endroit confortable où nous pourrions discuter du menu en détail ? »

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Sourire aux lèvres, battements de cils innocent. J'avais beau jouer la carte de l'ingénue, mon coeur lui battait déjà avec force contre ma cage thoracique en entendant sa phrase lâchée à demi-mots. Immédiatement, les questions fusaient. Qui ? Pourquoi ? Comment ce type était-il arrivé jusqu'à moi ? Et comme pour me répondre, voilà qu'il posait tranquillement son insigne sur le bar. FBI. Immédiatement mon sang se glaçait, vieille haine bien ancrée contre cette institution qui avait fait de ma vie un enfer. Pourtant je restais impassible, mon regard passant de l'insigne à ses yeux perçants avec un calme presque anormal, quand toute personne un peu saine d'esprit se serait mise à paniquer. J'allais même jusqu'à prendre l'insigne, la retournant entre mes doigts pour en vérifier l'authenticité. — Bien sûr. Suivez-moi dis-je avec assurance. Je faisais un léger signe à mon employé, lui faisant comprendre que je ne souhaitais pas être dérangée, et entraînais le flic jusqu'à mon bureau que je fermais derrière moi. — Excusez-moi mais, je ne vois pas bien ce que je peux faire pour vous... ? dis-je, suspendant ma phrase pour le laisser se présenter. Quelques pas me faisaient traverser la pièce pour m'appuyer sur mon bureau, lui faisant face les bras croisés.

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Dans ce qui devait constituer une master class sur la maîtrise de soi, la gérante parvint à garder son sang froid en examinant son badge. Probablement pour s’acheter un peu de temps. Puis, le plus naturellement du monde, sans laisser paraître quoi que ce soit, elle l’entraîna à l’arrière. Elle s’installa dans ce qui devait être son bureau, sans vraiment l’inciter à se mettre à l’aise.

«Bennett. Agent William Bennett. »

Il prit quelques petites secondes pour examiner son environnement, jetant de bref regard sur la décoration de l’endroit, ainsi que sur ce qu’il pouvait apercevoir sur la surface du bureau de travail. Plantant finalement son regard dans ceux de celle qui lui faisait face, il poursuivit.

« Nous avons obtenus des informations qui suggèrent fortement que quelqu’un utilise cet établissement pour différentes manœuvres d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent. Mais, vous savez…»

Il la contourna légèrement vers la droite pour aller examiner une affichette sur le mur. Comme s’il était le bienvenu ici.

« J’ai toujours eu un grand amour pour la classe ouvrière américaine. Les gens qui bossent vaillamment pour se construire leur propre fragment de rêve américain. Et je me suis dit, tiens, si jamais j’allais plutôt lui rendre une petite visite de courtoisie…»

À nouveau, il se retourna vers elle.

« Pour discuter un peu, d’être humain à être humain. Avant que je ne sois forcé de débarqué ici avec un mandat et un autobus d’agents. Après tout, ça serait bête d’effaroucher votre fidèle clientèle, non ?»

Parce que, officiellement, c’était eux qu’il voulait attraper.

Officieusement par contre…Sa proie se trouvait droit devant lui. Sa compétitrice.

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Si je restais maître de moi-même, voilà bien longtemps que je n'avais pas dû garder ainsi mon sang froid sans défaillir. Sans doute trop longtemps, devenue faible à force de baisser ma garde. Assurance décontractée à l'extérieur quand à l'intérieur, c'était la panique. Coeur qui tambourinait, craignant d'être démasquée. Qu'après toutes ces années à fuir, on m'avait finalement retrouvée. Pourtant au fil de son monologue, je comprenais que ce n'était pas ma réelle identité qui avait été mise à jour... mais bien mes activités actuelles. Ne me laissant guère attendrir par le beau discours de l'agent fédéral, j'observais ces moindres faits et gestes, analysais son attitude sans manquer une miette des informations qu'il me donnait. Enfin il se tournait à nouveau vers moi, plantant son regard dans le mien. « Elégant de votre part de ne pas vouloir faire de scandale dans mon bar » répondis-je doucement, sans me démonter. « Quelque chose me dit pourtant que rien ne vous aurait empêché de le faire si vous n'aviez pas de la suite dans les idées » ajoutai-je, croisant les bras sur ma poitrine. « Maintenant que nous sommes là, que je vous accueille avec courtoisie malgré vos conclusions étonnantes... peut-être pourriez-vous me dire ce qui vous amène réellement ici, seul, agent Bennet ? »

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L’emphase avec lequel elle appuya sur le ‘seul’ parvint à le rendre légèrement mal à l’aise. Certes, il estimait à un niveau très faible les risques associés à cette visite dite de courtoisie. Mais très faible ne rimait absolument pas avec zéro et, statistiquement, un beau jour, à force de lancer les dés, il finirait par tomber sur un ou une déjantée qui lui tirerait dessus sans coup de semonce. Ou un junkie, qui le poignarderait dans son délire. Ou, plus réalistement, quelqu’un de protégé par un plus gros poisson qu’il ne l’était…

Dans ce milieu de prédateur, cependant, il ne fallait jamais montrer sa peur.

William prit un petit instant avant de répondre, évaluant la pertinence de différents angles d’attaque. Le regard fixé sur son interlocutrice dans le processus.

« Ok. Je suis d’accord : votre courtoisie mérite ma franchise. Je suis venu ici pour pêcher, mademoiselle. Un petit suspect nous a conduit à vous. Depuis 72h, mon équipe s’est déployée pour dessiner une esquisse de toute votre infrastructure financière.»

Il s’agissait d’un bluff. Lancer officiellement l’enquête limiterait ses opportunités personnelles. Selon ses estimations, il devait être 4 ou 5 jours d’avance sur la procédure officielle, avant que les analystes n’identifient les incongruités financières de ce restaurant et ne les lient à l’affaire.  

« Je n’ai pas la prétention de croire que nous avons tout capté encore. Vous êtes douée dans ce que vous faites, j’en suis persuadé. Sinon, je ne serais pas là. Mais, en toute humilité, nous en avons suffisamment pour lancer des perquisitions officielles, conduire quelques arrestations, et patati et patata…»

Encore une fois, ils en étaient bien loin. Et le fait qu’il débarque aujourd’hui pourrait bien suffire à tout faire foirer le cas, si les choses tournaient mal…

« Mais c’est là où je trouvais ça important de vous rendre visite, seul. Parce qu’au fond, ça m’emmerderait que ce soit encore une entrepreneure américaine, qui travaille fort avec acharnement pour accomplir ses rêves, qui se retrouve seule à payer pour des méfaits qui, au fond, profitent surtout à une tranche d’individus beaucoup mieux nantis que nous.»

« Alors, je me suis dit, et si je lui proposais plutôt de travailler avec moi, et de m’aider à attraper un trophée encore plus gros ? .»

La ligne était lancée. Il ne restait plus qu’à attendre de voir si l’appât l’intéresserait.

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Il avait l'art de manier les mots, il fallait le reconnaître. Mais cela ne faisait qu'attiser ma méfiance, laissant mon cerveau tourner à plein régime à mesure qu'il dévoilait le fond de sa pensée. Puis soudain, mon coeur avait un raté en l'entendant dire que j'étais surveillée. Démasquée même, à deux doigts d'être coffrée. La panique laissait immédiatement place au rationnel. Comment ? Comment auraient-ils pu avoir accès à tout ça, alors que j'avais moi-même codé mon système ? Que j'étais la seule à le maîtriser ? « Vous n'avez aucune preuve de ce que vous avancez » rétorquai-je, sourcils à présent froncés en entendant la suite de sa tirade. Admirant sa façon de jouer à la fois sur la menace et la séduction. J'avais beau garder mon sang froid au fond, tout mon être voulait hurler cette peur qui tenaillait mes tripes. Cette peur qui ne m'avait jamais réellement quittée pendant toutes ces années de cavale, toujours prête à ressurgir comme maintenant. Puis finalement, il parvenait à me cueillir. A attiser ma curiosité. Malmenant mon esprit qui passait par toutes les émotions en un temps record. « Travailler avec vous ? » répondis-je sans comprendre. Quoi, il me demandait d'être une espèce d'indic ?