Abby Galilea Lange ► Julianna Hough

- Taylor, mon garçon, finis de manger ton bol de céréales. Shannon, chérie, assieds toi correctement. Reed, Melly, arrêtez de danser à table. Attention! Preston je t'en pris! Tu vois bien que ta soeur était en train de boire! ,Cheyenne ça va? Stop.. Stop! ça suffit arrêtez-vous tous! Stop! PUTAIN ABBY DESCENDS DE LA-HAUT TOUT DE SUITE ET VIENS CALMER TES FRÈRES ET SŒURS !!!!

Depuis mes 12 ans, je vis chez ma tante à Santa Barbara. C'est la soeur de ma mère, décédée aux côtés de mon père dans un terrible accident de voiture. Personne n'aurait pu préméditer cette disparition, encore moins moi. Je me retrouvais seule, la grande soeur si jolie, si gentille, si mature, si responsable, si parfaite, avec mes deux petits-frères et mes trois petites-soeurs. Tout le monde ne cessait de me répéter que grâce à moi, il n'arriverait jamais rien à ces six petits bambins, qu'ils seront toujours sous une bonne protection, que l'exemple que je leur servais était des plus nécessaires à leur épanouissement personnel. Toutes leurs espérances reposaient sur mes épaules. Et ce qui devait arriver arriva. Que voulez-vous qu'il se passe à 12 ans, lorsque l'on vient de perdre ses parents, qu'on vient d'emménager dans un environnement totalement différent, chez une personne que l'on ne connaissait que très mal, voir pratiquement pas, et qu'en plus de ça, tout le reste de la famille, des proches, vous répètes constamment que vous êtes tout ce qu'il reste pour vos frères et soeurs afin de garder une vie convenable, que chacun de vos gestes peut leur apporter ce qui les construira plus tard! Trop de pression tue l'efficacité. Et à seulement 12 ans, où mes notes et mon comportement restait toujours au plus haut de sa forme, je partis dans une sorte de dépression post-traumatique, ou quelque chose dans ce genre là, avec un nom bien compliqué qu'il est impossible de prononcer. Je n'ouvrais plus la bouche, je ne souriais plus, je ne regardais plus les gens dans les yeux, mes notes dégringolaient, je ne me faisais pas de nouveaux amis... Pendant une année entière, j'étais changée en un véritable fantôme. C'est à la naissance de Shannon, la fille unique de ma tante, que je recommençais à prendre vie, redoublant mon année scolaire mais reprenant une force incroyable.

J'ai deux petits-frères, Taylor et Preston, ainsi que trois petites-soeurs, Cheyenne et les jumelles Reed & Melly. Taylor est le plus âgés. Il est né lorsque j'avais huit ans. Cheyenne suivie de près, deux années après, lorsque j'avais 10 ans. Preston était la petite surprise de l'année suivante, pas tellement réfléchis, mais tellement aimé à la sortie. Quand Reed et Melly ont vu le jour, c'était aux urgences de Chicago. Maman était presque à terme lors de l'accident. Étant déjà décédée à son arrivée aux urgences, ils ont dû se dépêcher de faire naitre les jumelles, en excellente santé toutes les deux. A 12 ans, donc, je me retrouvais à la tête d'une fratrie de quatre, deux et un an, en plus de deux nouveaux-nés. Je n'arriverais jamais à remercier ma tante pour le geste qu'elle a fait, nous empêchant ainsi de rejoindre les bancs d'un orphelinat, et donc de risquer de nous séparer. Car en effet, nous sommes extrêmement liés. D'ailleurs, ils n'obéissent qu'à moi et moi seule. Sauf quand je n'oublie pas de leur rappeler chaque matin à qui d'autre il faut obéir également. Je ferais absolument tout pour mes frères et soeurs, et ils feraient absolument tout pour moi, même du haut de leur petit âge.
Depuis que je suis toute petite, l'image que je renvois aux autres à toujours beaucoup comptée pour moi. Il fallait que je sois belle, gentille, polie... C'est peut-être aussi pour cela que durant toutes mes années passées à l'école, que ce soit de la première année de maternelle ou à l'université, j'ai toujours été très sérieuse. Même si j'aimais m'amuser et sortir avec mon entourage, je portais énormément d'attention à mon travail. Je visais toujours le plus haut, pour moi bien évidemment, mais je pense aussi beaucoup pour l'opinion des gens sur ma personne. Il fallait que j'atteigne les sommets dans tous les domaines. Sauf qu'au moment de choisir ma FAC, il y avait tellement d'opportunités qui se sont ouvertes à moi que je n'ai pas pu faire un choix. Favoriser certaines choses au profit d'autres me semblait démesurément impossible. Je ne me sentais pas capable de faire des sacrifices. J'avais presque 18 ans et je ne voulais pas faire un choix trop rapide, un choix définitif qui scellerait ma vie. J'ai donc pris une année "sabbatique", travaillant dans un magasin de vêtements afin de mettre un peu d'argent de côté pour aider ma tante mais aussi pour plus tard. Je pris le temps de réfléchir, pesant le pour et le contre. Harvard fut mon choix déterminant et déterminé. Dès lors, je pris des cours de rattrapage, le plus possible, pour maintenir un bon niveau, afin de pouvoir intégrer la deuxième année d'études. Ce que je réussis avec brio!