Judandra ✧ Do I throw out everything we built or keep it?

On a eu beaucoup de hauts et beaucoup de bas. Je porte une grosse responsabilité pour les bas, si seulement j'avais été une meilleure personne, si j'avais fais les choses proprement. J'ai été égoïste et je le sais. J'espère que c'est quelque chose que je pourrais changer, j'aime à croire que oui mais la vérité c'est que dans le feu de l'action, je risque de refaire les mêmes erreurs. D'où ma distance. Il mentionne le fait qu'il n'a pas été toujours sain lui-même, et la suite de son dialogue amène lentement de l'eau à mes yeux. Je sais pas l'expliquer, mais ça fait du bien de l'entendre. Dire qu'on partage le blâme, même s'il ne prends que dix pourcent de ce dernier, c'est déjà dix pourcent en moins sur mes épaules. Je secoue la tête ; T'étais simple à aimer... c'était juste... plus difficile de gérer la relation. c'était pas de lui c'était de l'ensemble. Lui, j'ai jamais eu aucune difficulté. Personne d'ailleurs, c'est bien pour ça qu'il a réussi à aimer après moi, et à être aimé, surtout. Je secoue la tête à sa dernière phrase, quitte à jouer carte sur table, autant le faire totalement. Non tu... tu comprends pas, parce que t'as pas toutes les informations et parce que sur le coup, je ne les avais pas non plus. J'ai mis du temps, à comprendre. Quand on s'est rencontré, quand on s'est mis ensemble, je pense que j'avais pas totalement fais mon deuil de ma relation passée avec Jasper. Je l'ai compris seulement il y a peu. je m'éclaircis la gorge, et il... il match avec tous mes démons. Les pires choses que je peux faire, les idées les plus mauvaises que je peux avoir, il les comprends et il les encourage... et ça rassure, d'avoir quelqu'un qui partage le diable avec toi. Je renifle un peu en rigolant légèrement ; Je pense qu'on s'est rencontré à un bon moment. T'as fais sortir le meilleur de moi-même quand j'en avais besoin et notre histoire est belle, et sans ça, on aurait jamais eu Riley, j'aurais jamais adopté Aaron et c'est vraiment les deux plus belles choses dans ma vie. et la fondation, que j'aurais jamais lancé sans Jude non plus. Personne n'aurait pu me garder, et je pense que pour ça, le soucis vient de moi. c'est pour ça que je porte le blâme, parce que c'est la vérité, parce que j'y ai fais face, parce que je le sais. Malgré ce qu'il dit, je ne pense pas que j'ai ou que j'aurais un jour la chance de rencontrer "le bon". Parce que ce n'est pas Jude qui est compliqué à aimer, ce n'est pas lui qui a des problèmes d'addictions, ce n'est pas lui qui a du mal à aimer non plus. C'est moi. Tout le monde le voit. J'ai de la chance et j'ai eu de la chance que Jude ai été aveugle pour ne pas voir quelle type de femme je suis, de la chance de Jasper le soit tout autant. La douleur veut juste dire qu'on s'est fait du mal. J'attrape un snack et croque dedans pour faire passer tout les sentiments qui viennent de monter, et je repasse dans une conversation plus légère. Pourquoi je me noie dans une masse énorme de travaille, tu crois ? "Dans ton beau salon qui change des petites chambres étudiantes dans lesquelles ont a été bloqué pendant des années.." je rigole légèrement ; Ouais enfin j'ai encore pas mal de boulot dans cette maison mais ça prends forme, je trouve. j'essaie d'en faire un endroit qui me ressemble mais aussi, où les enfants pourront grandir en étant à l'aise, en étant heureux de vivre dans une telle maison.

Je ne peux pas m'empêcher de sourire quand elle confesse que Riley et Aaron sont les meilleures choses qui lui soient arrivées. Parce que je me rappelle de la Leandra que j'ai rencontré : la carriériste, celle qui disait détester les enfants et ne vouloir que devenir juge. Pourtant, il devait y avoir une part de mensonge dans la manière dont elle se présentait, car le fait que j'ai Aaron ne l'a jamais fait fuir. Au contraire, elle s'est occupée de lui comme une maman le ferait assez rapidement et ça n'est pas pour rien qu'à l'époque, il l'a vite considérée comme telle. Je sais qu'elle n'a pas toujours été certaine de son envie de garder Riley quand elle est tombée enceinte et parfois, je me dis que j'ai peut-être un peu trop poussé pour qu'elle la garde mais cette pensée s'évapore quand je les vois ensemble. Quand je vois tout l'amour qu'il y a entre Leandra et notre fille. Peut-être qu'elle se refusait l'idée d'être mère à l'époque mais qu'elle a fini par se laisser tenter. Peut-être que cette histoire de s'interdire de rencontrer quelqu'un est pareil : peut-être que ça finira par lui passer. J'espère sincèrement, que ça finira par lui passer. "Elle est parfaite moi je trouve" Je regarde autour de moi. "Jamais rien n'est terminé, tout est toujours constamment en cours d'amélioration" Ça vaut pour nos maisons, mais ça vaut pour nous aussi. Nous en tant qu'humains. Nous en tant que.. amis ? Exs ? Parents ? Peu importe l'étiquette qu'on peut bien mettre sur notre relation. Je prends mon verre et je me décide de me lever pour contourner le paravant et enfreindre la règle de son petit jeu. Je pose mon verre à côté de ses snacks et je viens m'installer à ses côtés, ma main qui glisse dans son dos jusqu'à son bras opposé pour l'attirer contre moi. Mes lèvres viennent poser un baiser sur le côté de son front et je la garde contre moi, perdant mon regard sur le paravant en face. "Si je peux te rassurer, moi aussi je suis souvent le problème" Dans l'échec de mes relations. Si je ne compte pas Erika, j'ai clairement été le problème dans ma relation avec Hope. Et dans ma relation avec Alaska. "Parce que je suis pas sûr que j'arriverai un jour à aimer quelqu'un d'autre comme je t'aime toi" C'est la triste réalité. Elle a beau ne pas vouloir choisir, j'ai beau m'éloigner d'elle, j'ai bien peur que nous ne soyons bloqué dans cette situation jusqu'à la fin. Comment on peut aimer quelqu'un aussi fort que je l'aime elle à nouveau ? J'ai l'impression qu'on vit et qu'on ressent ce genre de chose qu'une seule fois dans sa vie. Des fois, ça finit bien car les deux finissent ensemble et parfois.. parfois, on est destiné à ce que ça s'arrête plus tôt que prévu.

"Elle est parfaite moi je trouve" J'hausse les épaules. Le bureau est dans un état attroce, le jardin est toujours en cours, j'ai des pièces qui servent de débarras pour le moment et des meubles que je dois encore monter. Disons que la partie visible se débrouille bien. "Jamais rien n'est terminé, tout est toujours constamment en cours d'amélioration" je fais oui de la tête en grignotant un quelque chose. Quand je relève les yeux, je le vois de mon côté de la pièce et je fronce les sourcils ; Jude c'est pas... c'est pas le... Il s'en fout, bien sûr et il vient se poser à côté de moi, me rapprochant de lui, et je sais pas, cette étreinte fait du bien ? Il pose un baiser sur mon front et même si mes yeux sont toujours sur le reste de la pièce, ma tête se laisse aller contre lui. Une inspiration plus légère que les autres. Je sais pas, j'ai l'impression qu'on vient de me retirer un poids sur mes épaules, je saurais pas expliquer. "Si je peux te rassurer, moi aussi je suis souvent le problème" C'est pas la vérité. Je suis ton problème, et là, y a une nuance. Parce que sans moi, il n'aurait jamais été un problème, donc ça ne compte pas vraiment, du moins, pas pour le même nombre de point ? "Parce que je suis pas sûr que j'arriverai un jour à aimer quelqu'un d'autre comme je t'aime toi" mes sourcils se haussent. Il le conjugue au présent. Il vient de conjuguer au présent. Quand je réfléchis à la phrase, je me demande si c'est réellement un problème. Parce que ça ne l'empêche pas d'en aimer d'autres, si ? Là, contre lui, je suis bien. Jude je... je suis toujours cette foutue incapable. Je suis là pourtant, à me raccrocher à des morceaux de toi, des morceaux de lui, à me nourrir d'un sourire, d'un regard, d'un geste, de loin. Pourtant mon cœur me crie une chose que mon cerveau réfute. Depuis un moment j'écoute mon cerveau, et c'est encore le cas aujourd'hui. J'ai appris que mon cerveau vous protégeais, quand mon cœur jouait à l'égoïste. Sans forcément choisir, je laisse le silence remplir la pièce, parce que je me sens bien. Alors, là, contre lui, je ferme les yeux. Quelques secondes, je dirais. Juste parce que je suis apaisée, sans savoir l'expliquer.

Je vois bien la surprise sur son visage lorsqu'elle me voit faire le tour pour la rejoindre de son côté. Je sais que ça n'est pas le but du jeu, qu'on essaie de faire comme dans les capsules, mais c'est pas grave. Pour la première fois depuis très longtemps, je m'autorise ce petit écart. Je m'autorise à baisser ma garde le temps de quelques minutes, à m'installer près d'elle, à passer mon bras autour d'elle pour qu'elle vienne se caler contre moi, à poser mes lèvres sur sa peau. Je ne nous impose pas cette distance entre nous parce que je n'ai pas envie d'être proche d'elle, au contraire. Je nous impose cette distance car mon coeur bat encore un peu trop fort quand elle est contre moi. Mon problème, c'est le même que celui de Jasper. Mon problème, c'est le même que le sien à elle. On a tous les trois un problème commun : on trouve plus l'interrupteur pour stopper les sentiments. Oh, on arrive à les enterrer quelques temps, à faire semblant, mais ils reviennent toujours à la surface. Surtout quand on a eu une conversation aussi franche et aussi ouverte que celle qu'on vient d'avoir elle et moi. Alors bien sûr, que je la conjugue au présent. Je la conjuguerai toujours au présent. Y'a des gens comme ça, qu'on peut pas arrêter d'aimer. C'est comme ça. Mon pouce qui caresse tendrement son épaule alors que je secoue doucement la tête quand je sens qu'elle ne sait pas quoi dire. "T'as rien besoin de dire, t'en fais pas..", que je lui dis doucement en regardant devant nous, ma tête calée contre la sienne qui s'est autorisée à se laisser aller sur mon épaule. Est-ce que c'st quelque chose que j'aimerais entendre ? Peut-être. Est-ce que ça serait bon pour moi ? Probablement pas. C'est drôle comme quelque chose qu'on a envie d'entendre n'est pas forcément la bonne chose. Mais elle n'a pas besoin de le dire, je le sais. Je sais qu'elle a le cul entre deux chaises. Je sais qu'elle le conjuguerai aussi au présent, mais qu'elle ne le se permet pas. Cette proximité avec elle me fait du bien et je tourne la tête vers elle pour lui sourire. L'envie de l'embrasser est là. Vraiment, vraiment là. Mais la peur de me prendre un stop de sa part ou d'engendrer quelque chose qui nous fera du mal par la suite me stoppe; "On va chercher les enfants ensemble à l'école ce soir ? On pourrait se faire une soirée sushis ?", que je finis par demander pour casser ce silence. Pas besoin de revenir sur ce que j'ai dit, je pense. "J't'aurais bien proposé de faire les sushis mais j't'avoue que j'en ai pas fait depuis des années alors ça risquerait d'être une catastrophe..." Moi qui avait appris à les faire quand on était ensemble, parce qu'elle a toujours été dingue de ça. La privation de ses sushis pendant sa grossesse avait été une torture.

Parfois c'est pas seulement mes sentiments que j'ai enterré, c'est ma vie entière. C'est moi en entier, sous une tombe, à ne vivre qu'en soutient des autres. Ce que j'aurais fais, sans les enfants ? Je me serais probablement enfuis, j'aurais disparue aussi vite que possible. Je sais qu'une fois hors de votre paysage, ça aurait été plus facile pour vous de faire votre vie, refaire votre vie. On garde ce lien parce qu'on se voit, souvent. Forcément, je ne sais pas quoi lui répondre. C'est pas que j'en ai pas envie, c'est que j'essaie d'apprendre et de comprendre comment faire passer ton bien avant le mien. J'aurais pu te dire que c'est mon cas, parce que c'est le cas, mais est-ce que ça veut pour autant dire que c'est bien ? "T'as rien besoin de dire, t'en fais pas.." C'est probablement quelque chose qu'il aimerait entendre, mais est-ce que ce serait bon pour lui ? J'essaie de faire le moins de vague, dans l'océan de tes sentiments. Alors je reste là, calme, contre lui, et ça fait du bien. Bien sûr, que ça m'a manqué. Bien sûr que j'y pense souvent le soir, seule dans mon lit. Je serais mieux avec de la compagnie, mais impossible de n'en choisir qu'un, impossible de m'y donner entièrement, alors comment on fait, quand c'est comme ça ? On attends. On attends que ça se fane, on attends que les sentiments s'efface ou alors qu'on en fasse de nouveaux, avec un nouveau corps, une nouvelle âme. "On va chercher les enfants ensemble à l'école ce soir ? On pourrait se faire une soirée sushis ?" Je fais oui de la tête, ça me tente bien, une soirée sushis. En plus, ça fera très plaisir aux enfants. "J't'aurais bien proposé de faire les sushis mais j't'avoue que j'en ai pas fait depuis des années alors ça risquerait d'être une catastrophe..." Je rigole légèrement ; Ecoute si tu veux reprendre, j'crois que j'ai tout ce qu'il faut. je me redresse un peu et le regarde ; Il doit me manquer un ou deux trucs mais j'peux faire les courses pendant que tu fais cuire le riz. ça nous fera pas de mal un peu de légèreté après tout ça. Non pas que ce soit négatif, au contraire, cette conversation posée et en toute honnêteté m'a fait beaucoup de bien. Et si jamais vraiment c'est une catastrophe... on commandera ! toujours avoir un plan b.