Ni vue, ni reconnue.
with @Clive W. Bergmann
warning : érotomanie, voyeurisme.
25.02.24 Clive's
La jalousie la mordait. La jalousie jouait avec elle comme un chat cruel jouait avec le destin funeste d’une souris. Lui laissant un semblant de liberté, d’espoir, le félin maléfique la rattrapait entre ses griffes, la mordillait au coeur et la trimballait comme une boule de flipper, lui faisant perdre la tête et toute pensée cohérente. Elle lui avait promis qu’elle ne se laisserait plus submergée par sa jalousie maladive. Ils avaient l’un et l’autre convenu que malgré tout l’amour qu’ils se portaient, il était nécessaire qu’elle garde ses distances pour lui laisser le temps de faire le deuil de son mariage. C’était bien elle la femme de sa vie, il n’y avait aucun doute. Mais par respect pour l’Autre, pour ce qu’elle avait été et pour ce qu’ils avaient fait dans son dos, il lui avait demandé du temps. Elle avait alors accepté. En contrepartie, il avait accepté de rencontrer ses parents, de les rassurer sur sa situation, sur l’amour qu’il portrait à leur enfant chérie et de ses louables intentions à son égard. Elle serait unie à lui pour la vie. Elle serait la mère de ses enfants et nulle autre. Il n’y avait qu’elle et uniquement elle. Alors, pourquoi se trouvait-elle présentement tout en haut de ce sapin bleu au bout du jardin, les mains égratignées d’être montée telle une enfant rebelle et casse-cou ?
La jeune femme émit un petit rire satisfait alors que préservé du regard des rares passants en cette fin de soirée, elle s’installait sur son mirador, entourée de quelques oiseaux qui se demandaient sûrement l’origine du curieux animal aux cheveux sombres à leur côté. Une princesse en attente de son prince sûrement. La sève lui collait à la peau. Les épines se glissaient dans ses vêtements. Voyant sans être vue, elle se pencha légèrement pour observer la maison de son amant, tenter d’y déceler la moindre trace de vie. La moindre preuve de ses nouveaux mensonges. Sa plus grande honte avait été de le croire. Il lui avait demandé du temps ; elle lui avait laissé le temps. Il lui avait demandé de la distance ; elle lui en avait laissé. Et il en avait profité de se rapprocher d’une autre. Il en avait profité pour se jouer d’elle à nouveau. De lui arracher le coeur et de le piétiner comme il l’avait tant fait par le passé. Elle s’était persuadée que ce n’était qu’une passade. Qu’il avait bien trop de respect pour elle et pour leur belle histoire d’amour pour l’utiliser comme vulgaire mouchoir. Il fallait toujours un mouchoir après une longue histoire. Helena était la bonne ; elle n’était pas un kleenex.
Serrant le tronc de l’arbre comme si elle serrait le sémillant professeur, elle n’observe cependant rien. Aucune âme qui vive dans ces lieux. Où est-il ? Que fait-il ? Est-il avec elle ? D’un battement d’aile, les oiseaux s’envolent de l’arbre protecteur, la laissant plus seule que jamais tandis que sur ses joues glacées, des sillons de larme tracent leur chemin. Les sanglots l’étreignent et enserrent si fort sa cage thoracique qu’elle a dû mal à respirer, du mal à voir. Tout à sa peine, elle ne remarque pas la nuit qui l’entoure de son manteau de ténèbres et à peine entend-elle une voix qui l’interpelle venant d’en bas. L’espace d’un instant, stupide, désespérée, elle espère que c’est lui.
(Helena Walsh)
❝ fleur de saison❞ so it's gonna be forever or it's gonna go down in flames. you can tell me when it's over if the high was worth the pain. got a long list of ex-lovers, they'll tell you i'm insane 'cause you know I love the players and you love the game.