(marley) don't give up on me

Le voir ou pas aller le voir, c'était le dilemme que je n'avais pas cessé de retourner dans ma tête. Le mieux aurait été que je lui laisse le temps de se calmer, de digérer tout ça. Loin de moi l'envie de vouloir l'étouffer mais la.. l'heure était archi grave. Parce qu'une fois de plus, les nuages noirs s'abattaient sur nous. Y'avait une explication à tout ça mais je savais qu'en connaissance de cause, il allait bien m'envoyer chier. Je payais le chauffeur de taxi qui s'immobilisait devant l'hôtel où vivait Marcus, sortant du véhicule pour me diriger à l'intérieur. J'étais venue ici quelques fois, je savais exactement quel chemin emprunter pour prendre l'ascenseur qui allait me mener jusqu'à sa suite. Je m'étais renseignée au préalable à la réceptionniste pour savoir s'il était là et faut croire qu'il ne m'avait pas encore blacklisté de sa liste puisque j'avais eu le droit à un bonne soirée mademoiselle Morelli. Un oublie? Ou.. il voulait pas m'empêcher l'accès? Aucune idée. Les portes s'ouvraient et je m'avançais jusqu'à sa porte, pendant deux secondes j'hésitais avant de cogner. J'étais pathétique, so what? Fallait bien communiquer un jour ou l'autre. Et j'avais pas les mains vides, je lui avais apporté des lasagnes que j'avais fait plus tôt dans la journée pour me vider l'esprit.  

Voilà plusieurs jours que je ruminais dans mon coin, toujours plus agacé, toujours plus sur les nerfs. Un seul et unique tourment pour inonder mes pensées: Brinley. Je n'arrêtais plus de penser à elle. A la fièvre de nos corps enlacés le week-end dernier. A cette lettre que j'avais trouvée dans la poche de ma veste, dans laquelle elle s'était livrée sur notre relation et sur sa relation avec Braden. Dans le tumulte de nos disputes, elle avait ouvert une voie, attisé un espoir que les choses pouvaient s'arranger si on arrivait un peu à s'ouvrir, autant elle que moi. Alors quand elle m'avait demandé si elle me plaisait juste, ou s'il y avait plus... Je m'étais ouvert. Prenant sur moi, sur mon côté control freak, sur cette fierté qui me caractérisait et qui repoussait toute émotion chez moi. Je lui avais dit ce que je ressentais pour elle, essayant d'être le plus honnête possible, posant les armes l'espace d'un instant. Un instant seulement car, juste après, j'apprenais d'une part qu'elle avait embrassé son ex juste après qu'on ait fait l'amour, mais également qu'elle était actuellement à Dubaï avec Braden pour un séjour en tête à tête. Pas besoin de me faire un dessin pour comprendre de quoi était fait ce voyage. Je n'avais cessé d'être hanté par des images d'elle en train de se faire sauter par ce mec, dans toutes les positions et tous les lieux imaginables inventés par mon esprit tourmenté. Mais le coup de massue avait sans doute été ce post sur veritas un peu plus tôt dans la journée, annonçant leur... fiançailles ? J'étais écoeuré et profondément blessé. Je n'avais plus envie d'entendre parler d'elle. J'avais même, de rage, supprimé toutes les photos qu'on avait prises ensemble ou celles que j'avais prises à son insu, déterminé à passer à autre chose. Je ne cessais de penser aux paroles d'Apo d'il y a quelques semaines, qui auraient dû me ramener sur le droit chemin. Brin n'était pas une fille pour moi, point barre. J'avais donc ignoré ses demandes, l'avais éconduite quand elle avait cherché à me voir. Et pour m'empêcher d'y penser je m'étais plongé dans mes cours, travaillant d'arrache pied.
Après avoir bossé pendant des heures, je me décidais à prendre une pause. En réalité, j'avais la dalle. Prenant mon porte feuille, je décidais d'aller m'acheter quelque chose au resto japonais au bout de la rue. J'enfilais une veste et ouvrais la porte... me retrouvant nez à nez avec Brinley. D'abord surpris je ne disais rien mais rapidement, la colère et la peine se rappelaient à moi. « Qu'est-ce que tu fous là ? » demandai-je sèchement.

Veritas t'es qu'une pute, voilà cordialement. Crève, j'te hais. Y'a rien à rajouter. Je nageais en plein cauchemar, c'était pas possible. J'aimerais pouvoir me réveiller et me dire que tout ça était tout faux, revenir à ma vie normale. Je savais pas si Marcus avait lu l'article, j'espérais tellement fort qu'il ne l'ait pas lu. J'espérais que son téléphone ait eu un bug pour l'empêcher d'aller zieuter les réseaux sociaux. Dans le feu de l'action j'avais pensé à rien. Je m'étais déplacée avec mes lasagnes dans l'espoir d'avoir une longueur d'avance, essayer de sauver le tout. Les informations étaient pas totalement véridiques, ouais Braden avait bel et bien posé un genou au sol pour m'faire une demande. Mais en aucun cas c'était pour de vrai, j'étais encore et toujours Brinley Morelli. C'est dingue de s'approprier un truc pour déformer le contexte hein? Et puis la bague en question je la portais même pas, je l'avais laissé chez moi sur un meuble. J'veux bien prendre des risques dans l'impulsivité mais j'avais pas pour objectif d'aggraver le tout non plus. Au moment où je m'apprêtais à cogner, la porte s'ouvrit et direct je tombais sur Marcus qui semblait bien déterminé à partir je sais pas où avec sa veste sur le dos. Mon coeur se serrait dans ma poitrine face à cette phrase qui me glaçait le sang. « Faut qu'on parle. » encore une fois, j'vivais dans l'ignorance. Je préfère vivre dans le déni le plus total que de confronter Marcus mais hélas ça fonctionne pas comme ça. Je comptais pas bouger ni faire demi tour, c'était trop tard. J'essayais de détecter quelconque émotions sur son visage mais tout ce que je voyais c'était une personne totalement renfermée et froide. « Est-ce que.. t'as lu ce qui se dit sur les réseaux? Ça servait à rien de tourner autour du pot. Je déposais les lasagnes sur la table à côté, histoire d'avoir les mains libres parce que je gesticulais beaucoup trop.      

Elle était sérieuse elle à se pointer chez moi comme une fleur ? Elle espérait quoi en venant me voir ? Que j'allais l'accueillir à bras ouverts et lui demander comment c'était passé son voyage à Dubaï ? « J'ai rien à te dire. Casse-toi » répondis-je, glacial. J'avais pas envie de lui parler. J'avais pas envie d'une énième dispute pour au final reculer de trois pas face à une nana incapable de reconnaître ses erreurs. Pire, je ne supportais pas de la voir là à cet instant. Je sentais la tension grimper en flèche et l'envie de lui hurler dessus de plus en plus présente. A l'évocation du post de veritas sur les réseaux, je bouillonnais intérieurement. « Quoi, c'est pour ça que t'es là ? Tu veux que je te félicite en personne ? » lançai-je d'uen voix sarcastique, au summum de l'ironie. « Félicitation Brinley, tu t'es bien appliquée à me prendre pour un con. ». Ca pour le coup, il fallait le reconnaître. J'avais cette terrible sensation d'avoir été son passe-temps, sa distraction du moment. Son jouet. Je m'étais fait pigeonner de a à z. « Vivez heureux avec beaucoup d'enfants. Maintenant prends ton truc et dégage » ajoutai-je en désignant du menton son tupperware qu'elle avait posé sur le guéridon dans le couloir, faisant un mouvement de recul pour lui fermer la porte au nez.

« J'ai rien à te dire. Casse-toi » En tant normal j'aurais pas accepté qu'il me parle comme ça, qu'il m'envoie promener. Je l'aurais très certainement provoqué, quitte à le pousser à bout en jouant avec ses nerfs. La situation allait peut-être prendre un tournant inattendu, on était au bord du précipice et honnêtement.. si c'était le seul moyen de communication possible je prenais tout. « Et moi j'ai plein de choses à te dire. » Je crois pas qu'il allait m'écouter mais je m'en fous, je m'en voulais pour tout. Pour ce malentendu de fiançailles, j'lui avais bien dit qu'il se passait rien avec Braden putain. C'était et ça restera toujours mon ami, qu'il soit en mesure d'accepter ou pas ça c'était pas mon problème. Est-ce moi que moi je lui avais fait une scène quand il était allé recoucher avec Nora? J'crois pas non, j'étais beaucoup trop en mode wtf pour lui envoyer un message. Je le laissais cracher son venin, ça servait à rien que j'essaye de lui couper la parole. J'faisais preuve de maturité, j'avais activé mon mode écoute active. Comme ça j'étais certaine de rien louper. Il venait de m'appeler Brinley et ça.. ça voulait dire beaucoup. J'étais un peu rassurée qu'il m'appelle pas Morelli, pire, il aurait pu se limiter à rien du tout. J'étais prête à tout entendre, littéralement tout mais l'entendre me dire que je m'étais appliquée à le prendre pour un con, comment il pouvait penser ça un SEUL instant? C'était pas lui le problème, c'était moi. Quoique attendez, c'est lui qui voulait qu'on soit honnêtes non? « Vivez heureux avec beaucoup d'enfants. Maintenant prends ton truc et dégage » MAIS LAISSE MOI PARLER PUTAIN?! Il reculait pour.. me fermer la porte au nez. « Merveilleux, quel homme respectable Marcus. Tu m'fais quoi là ? C'est très mature c'que tu fais. » J'étais pas mieux en restant là mais j'devais quand même exposer mon point de vue, c'était pas dans mon caractère de partir parce qu'on me le demandait. « Je reviens à ce que je t'ai dit dans ma lettre, Braden et moi on s'aime PAS. On est pas amoureux. J'savais pas que t'étais le genre de mec à suivre veritas et à croire aux conneries qui y figurent là-dessus. Ouvre grand tes oreilles parce que j'me répéterais pas. » Je lui laissais le temps de comprendre que j'étais loin d'avoir terminé. «J'ai parlé au principal concerné et j'ai mis fin à ce qu'il y avait entre nous parce que j'ai réalisé et ce, trop tard, que moi aussi j'avais des sentiments pour toi. De base, je voulais te voir POUR ça et te le dire en personne. Si j't'ai dit tout ça dans les messages après que j't'ai demandé d'être plus explicite c'est parce que ton désir c'était qu'on soit honnêtes avant tout et je l'ai fait. J'aurais pu te cacher la vérité et te mentir mais ma conscience aurait pas été d'accord avec ça. » je soupirais, j'adore parler à une porte. « J't'ai pas pris pour un con, j'aurais dû.. » Mettre fin dès le départ avec Braden? Oui, too late les actions sont faites, On peut pas changer le passé. « Et pour les fiançailles, c'est de l'intox. J'aime pas parler aux noms des absents mais j'tiens à dire que Braden c'est pas dans ses projets de se marier, ni d'avoir des gosses. Moi encore moins, j'ai 23 ans putain. Tu veux que j'fasse quoi avec des enfants ? Les inciter à prendre des calmants pour les détacher de leur trauma ?! Super comme plan. Si j'te dis que faut pas se prendre au sérieux avec lui tu m'croirais ? C'était une inside joke entre nous et ça a été déformé et amplifié. J'sais pas quoi te dire de plus. C'est ni mon fiancé, ni le père de mes futurs enfants ! » J'avais pu de salive à force de parler.   

A bout de nerf je lui claquais violemment la porte au nez, puis de colère, écrasais mon poing contre le mur. J'avais envie ni de la voir, ni de lui parler. Je comprenais même pas par quel culot elle osait se pointer ici en fait. Prochaine action, la blacklister au niveau de l'accueil. Je soupirai en l'entendant me traiter d'immature à travers la porte, exaspéré. C'était l'hôpital qui se foutait de la charité ça non ? J'entendais sa voix marteler la porte depuis le couloir, écoutant sa tirade malgré moi, les poings de plus en plus serrés. La gorge nouée malgré moi en l'entendant me dire qu'elle avait des sentiments pour moi. C'est ça. C'est bien pour ça qu'elle s'était barrée avec son amant à Dubaï n'est-ce pas ? Qu'elle arrête de se donner le beau rôle avec son honnêteté à deux balles. J'en avais assez entendu. Sauf qu'elle enchainait sur cette histoire de fiançailles, m'expliquant que tout était faux. En réalité je n'étais pas surpris. Moi-même j'avais été dubitatif vu le ramassis de conneries que publiait veritas... mais ça changeait quoi au fond ? Ca la faisait marrer ce genre de blague à la con dans une situation comme la nôtre ? Et puis, qu'est-ce qui me disait qu'elle était sincère là ? Je rouvrais vivement la porte pour lui faire face. « Arrête avec ces fiançailles, bidon ou pas j'en ai rien à foutre d'accord ?! Tu te prends pour qui à m'afficher comme ça ?! » lâchai-je avec mépris, la colère déchirant mes traits. Oui j'étais blessé. Blessé dans ma fierté et mon ego. « Et ne me parle pas de sentiments alors que tu te barres à Dubaï pour des parties de jambes en l'air avec l'autre connard, tout en sachant très bien que ça me fait chier ! » continuai-je sur le même ton, écœuré. « Maintenant va t'en. Je ne le répèterai pas. T'as préféré privilégier ta relation avec Braden, très bien. C'est ton choix, assume-le. T'as rien à faire ici » terminai-je durement en refermant la porte une nouvelle fois.

Aurait-il valu mieux que je lui cache la vérité en sachant très bien qu'on aurait douillé plus tard? J'étais spécialiste dans les mensonges ces derniers temps, un mensonge de plus ou de moins.. non j'voulais pas faire ça à Marcus. J'assumais les conséquences, j'assumais mon manque de tact, j'assumais que j'étais une égoïste et une biatch c'est pas fantastique ça rien qu'un peu? J'allais pas partir avant qu'il me dise quelque chose, je m'étais pas tapée tout le trajet pour venir jusqu'ici pour lâcher un monologue sans avoir des réponses derrière. J'sais pas qu'est-ce qui lui fallait de plus pour lui prouver que ce que je disais c'était pas fake. Que j'étais encore et toujours honnête. Du moins, fallait pas impliquer moi, mes sentiments, mes émotions et ma tête parce que y'avait beaucoup d'illogique. Là, j'mettais l'accent sur ma qualité qui était la franchise. J'étais pas insensible à ce qu'il pouvait ressentir, je banalisais rien. J'étais pas en train de me féliciter, j'étais très très consciente que j'avais merdé. « Arrête avec ces fiançailles, bidon ou pas j'en ai rien à foutre d'accord ?! Tu te prends pour qui à m'afficher comme ça ?! » Non c'est clair qu'il en a rien à foutre, y'a trois minutes il me disait que je l'avais pris pour un con. « J'me prends pour Brinley Morelli, aka celle qui n'est pas ta copine. » Afficher de quoi? On était en couple? Nah, ferme-là darling. « Et ne me parle pas de sentiments alors que tu te barres à Dubaï pour des parties de jambes en l'air avec l'autre connard, tout en sachant très bien que ça me fait chier ! Maintenant va t'en. Je ne le répèterai pas. T'as préféré privilégier ta relation avec Braden, très bien. C'est ton choix, assume-le. T'as rien à faire ici » J'arrivais pas à détourner le regard, j'me sentais pas déstabilisée. Ça me touchait de le voir dans cet état.. parce qu'il était réellement blessé, il se sentait trahi tout comme il était en colère de me voir là. Il refermait la porte, j'restais là un instant le temps de comprendre le fil de la discussion. Il venait de me jeter de sa vie. Je prenais mes lasagnes que je refilais à la réceptionniste avant de me barrer de son hôtel, une bonne fois pour toute le coeur meurtri face à mes conneries.