Hé, je te connais toi. / Feat Jamie

Sortir. En me levant ce matin, je n'avais déjà eu que cette idée en tête : j'avais grandement besoin de me changer les idées, et de sortir. Je n'étais pas mal, je n'étais pas triste, je n'étais plus rien. Comme si tout glissait sur moi sans me toucher, et j'étais comme ça depuis deux jours, c'était affolant, ça ne me ressemblait pas du tout. J'avais même regardé The Impossible sans pleurer, alors c'est que je devenais carrément insensible, ce film c'était une usine à larmes avec moi habituellement. Du coup, j'avais décidé de sortir un maximum, histoire de profiter un peu de la vie et donc de retrouver plus ou moins des réactions normales au lieu de rester paisible face à toute situation. Cet après-midi j'étais sortie boire un verre avec des amies cabots, pour parler préparatifs du summer camp. Elles avaient réussis à me mettre de bonheur, et à me changer les idées, du coup je voulais rester sur du positif, et sortir ce soir. Après un rapide maquillage avec juste du crayon noir et un peu de mascara, j'enfilais une robe noire à bretelles, courte, légère, pour être à l'aise. Tant pis pour le froid, de toute façon je n'allais sûrement pas sortir de la boite. En rentrant, j'avais choisis de ne pas trop boire, pour ne pas finir bourrée comme lors du voyage à Paris sur la scène du moulin rouge, ou j'avais fini en culotte devant une assemblée d'hommes. Après avoir dansé non-stop jusque une heure et quart du matin, j'avais vraiment très très soif, et je me dirigeais vers le bar, pour me rafraichir. M'asseyant sur un tabouret, je glissais un regard à mon voisin par habitude, histoire de voir par qui j'étais entourée, et j'eus une sorte de bug en voyant la personne à ma gauche. Je le connaissais.. Prenant mon verre de tequila, je retrouvais enfin dans ma mémoire qui c'était. Jamie quelque chose, on s'était rencontrés à Paris quand je devais avoir 17 ou 18 ans, et on avait passé la soirée à parler sur les bords de scène. Une des nuits les plus magiques de ma vie, car je m'étais confiée, j'avais ris, bref, j'avais été moi-même. Je pense qu'il ne va pas se rappeler de moi, mais je tentais ma chance quand même, lançant la conversation., après l'avoir cogné du coude volontairement. Minable, je sais, mais en ce moment aborder des gens c'était plus trop mon fort.. "Oh, désolée. Je ne t'ai pas fait mal j'espère? Je suis assez maladroite, comme fille.. " Là, c'était juste la vérité, j'étais vraiment maladroite, et c'était parfois embêtant.

Ce soir, c'est soirée entre mathers. On a décidé de sortir faire la fête pour fêter la fin de l'année et se retrouver une dernière fois avant de partir au summer camp et de se retrouver tous décimés dans de nouvelles équipes. Même si en ce moment je ne suis pas trop chaud pour faire la fête, n'ayant pas grand chose à célébrer mise à part le fait que j'ai mon année en dépit de mes quatre mois passés dans le coma, je n'ai pas envie de les lâcher. Car malgré tout, si j'ai tenu le coup cette année, c'est bien grâce à eux. J'ai enfin l'impression d'avoir trouvé ma place à Harvard parmi eux. Du coup, pas question de me défiler, ce soir je leur fais honneur. Et puis ce n'est peut être pas une mauvaise idée de sortir un peu et de me changer les idées. C'est décidé, ce soir j'oublie tout, le vrai Jamie est de retour. Après un apéro à la mather house, une petite tournée des bars, nous voilà maintenant en boîte. Si la soirée a jusqu'ici été parfaite, je me demande bien qui a lancé l'idée d'aller danser. Car autant dire que ce n'est pas du tout mon point fort -et encore, c'est peu de le dire. Après avoir fait un effort pendant dix minutes, m'étant laissé prendre au jeu, limite en exagérant la chose pour faire croire que ma maladresse en danse est volontaire, je me dirige vers un terrain plus connu, celui du bar. Je commande un verre et commence à boire, reprenant doucement mes esprits, sans remarquer la jeune femme qui s'assoit près de moi. Je tourne régulièrement la tête et souris à mes amis sur la piste, bien content qu'ils ne reviennent pas me chercher. Je ne m'énerve pas lorsque je reçois un mauvais coup de coude. A vrai dire, c'est à peine si je tourne la tête, mais ça me suffit pour reconnaître la fille de la bibliothèque. Lorsque j'y allais régulièrement en début de semestre, je la voyais souvent. Elle me rappelait quelqu'un, mais impossible de savoir qui, alors je l'observais simplement lorsque je perdais toute concentration sur mes cours. Il faut dire qu'elle aussi me regardait, alors ça ne m'intriguait que d'avantage. Et puis ce soir, pour la première fois, elle me parlait. Je lui souris, visiblement de bonne humeur ce soir. " C'est pas grave t'inquiète pas ! " J'hésite un instant puis ajoute. " Moi c'est Jamie, je peux t'offrir un verre ? " Bon ok, elle en a un dans les mains, mais j'ai pas vraiment fait attention.

Sortir pour oublier, je ne le faisait que très rarement, mais je pense que j'en avais besoin ces derniers temps. J'attendais le Summer Camp avec tellement d'impatience que ma vie me semblait fade et monotone, j'avais besoin de m'éloigner de tout ça un moment, d'oublier la dispute avec mon père, d'oublier le fait que j'ai rompu des fiançailles qui m'unissais à l'homme que mon père avait choisit pour moi, et d'oublier surtout les déceptions que j’enchainais. Du coup j'étais sortie pour me changer les idées, et la seule chose que j'avais trouvée à faire, c'était me poser au bar pour boire un verre, ou deux, ou quinze, peut importe au fond. J'avais trop dansé, j'avais mal aux pieds, alors je pouvais bien m'accorder un pause boisson quand même.
Alors que j'étais au bar, je regardais à droite et à gauche pour voir si l'une des personnes présentes pourrait ou non m'offrir des verres, parce que c'était toujours sympa de voir que l'on plait et que les hommes veulent nous offrir quelque chose pour nous attirer dans leurs filets. Mais la personne que je trouvais en regardant à mes côtés me fit plus un peu peur qu'autre chose. J'avais mis quelques secondes à le reconnaitre la première fois en le voyant à la bibliothèque, mais son visage avait ensuite fait tilt dans mon esprit : il s’appelait Jamie, je l'avais rencontré à Paris, et il m'avait fait visiter la ville en pleine nuit, alors que j'étais encore une jeune fille un peu perdue et innocente. Il n'avait pas l'air de me reconnaitre, je voulais savoir si il m'ignorait ou si il ne se souvenais pas du tout de moi, alors je me débrouillait pour le toucher avec mon coude, et m'excuser, histoire de lancer la conversation. " C'est pas grave t'inquiète pas ! " Je fis un petit sourire gêné, comme si j'étais vraiment désolée je l'avoir dérangé dans son calme.  " Moi c'est Jamie, je peux t'offrir un verre ? " Exactement la même approche qu'à Paris, mais il n'a pas l'air de me remettre. Mais bon, je ne vais pas l'envoyer bouler juste parce qu'il m'a oublier, en plus il m'offre un verre. Je fini le miens d'un trait, souriante. " Maintenant que je n'ai plus rien dans le miens, très volontiers. Moi c’est Olympe. " J’espérais que mon prénom ferrait remonter des souvenirs, car ce n'était pas vraiment un prénom courant, mais j'avais peu d'espoirs. Si ça se trouve il faisait le coup de la visite tout les soirs, il ne pouvait pas se souvenir de chacune des filles.