ALASKA K. WESTWOOD ► Nastya Shmakova

J'ai jamais compris pourquoi on se cassait le cul avec des civilités complètement hypocrites au lieu de dire les choses comme elles sont. Depuis que je suis petite, mes parents font tout ce qu'ils peuvent pour ressembler à une famille dite "parfaites" aux yeux de leurs amis, de leurs voisins. Enfin, je dis bien "ressembler" parce que même si cette image qu'ils donnaient d'eux, de nous, était assez convaincante pour que tout le monde y croit, il y a toujours une face cachée que les gens n'arrivent pas à saisir. Et la notre était particulièrement sordide. J'étais petite alors je n'ai pas tout de suite compris pourquoi moi père insistait pour rester à la maison avec ma nourrisse quand nous allions à l'église. Ma mère ne disait rien mais elle savait, elle. Elle savait mais tenant plus à sa fierté et à cette image de petite femme parfaite qu'elle s'était donné du mal à créer, elle préférait laisser son couple se dégrader au fil des ans.
J'aurais grandi seule si mon frère, Oliver, n'avait pas été là. Il avait quatre ans de plus que moi pourtant il se comportait comme un adulte, comme un parent, certainement parce qu'il savait que sans ça, personne ne se serait montré aimant, compréhensif et responsable avec moi. Je pense que si à cette époque, un de mes parents serait mort, ça ne m'aurait fait ni chaud ni froid. La mort d'Oliver, par contre, m'aurait anéantie. Seulement, avec quatre ans de plus, il était logique qu'un jour, il allait finir par partir à l'université et que j'allais me retrouver à nouveau seule face à cet obsédé et cette dépréssive psychorigide qu'étaient mes parents. Et ça, je m'en suis rendue compte à environ douze ans. J'ai donc essayé de prendre mes distances avec Oliver afin de moins souffrir quand il partirait. J'ai d'abord été très seule mais j'ai ensuite rencontré Jackson.
Fils de multi-milliardaires lui aussi, il avait comme moi, grandi sans aucune attention de la part de ses parents qui avaient fini par l'envoyer vivre chez ses grands-parents dans le Winsconsin afin de ne plus avoir de boulet à trainer. Nous avions la même vision du monde, nous étions aussi seuls tous les deux et franchement, sans l'autre, nous aurions probablement finis pendus ou morts d'une overdose. Mais justement nous nous étions croisés et malheureusement pour les habitants de notre ville, nous nous sommes tout de suite adorés. Ainsi, en quelques mois nous avions réussi à mettre la ville à feu et à sang, juste histoire d'envoyer un petit message à nos géniteurs. La première chose que nous avons fait était d'arriver au lycée complètement bourrés et de dessiner un pénis géant avec une bombe de peinture sur la porte du bureau du principal. Jackson a ensuite décidé de faire un strip-tease intégral lors du 24e gala de charité pour je sais plus quoi tandis que je chantais du britney spears avec une bouteille de whisky en guise de micro sur une table. Il n'a jamais été soucis d'amour entre nous. Ca ne nous intéressait pas voire même : nous n'y croyions pas. Probablement à cause du fiasco qu'on été les mariages de nos parents respectifs. Quand on a été surpris en train de coucher ensemble sur les bancs de l'église que fréquentaient nos familles, il s'agissait juste de symbolique et absolument pas de sentiments.
Ca a continué comme ça jusqu'à notre remise de diplômes. Jackson était mon meilleur ami mais Oliver était mon frère, j'ai donc décidé que je postulerais pour l'université d'Harvard, là où il étudiait. Je ne m'y attendais pas mais je fus acceptée et Jackson décida de m'accompagner.