feeling lit, feeling right, 2am, summer night + jeno

Je sais pas trop quelle heure il devait être, mais assez tard quand même. Je ne dormais pas, à vrai dire, je n'arrivais plus à fermer l'oeil depuis bien longtemps. C'était con, mais j'avais tout le temps peur, je faisais n'importe quoi, je jouais avec la mort comme si c'était un jeu de télé-réalité. Je sais pas trop ce qu'il se passait dans ma tête, mais j'avais la trouille. J'étais descendue de ma chambre pour me poser un peu dehors, contre le mur. La nuit était douce et calme, le vent était chaud et s'il y avait bien un truc qui était agréable c'était ça et la cigarette que je venais de m'allumer. Depuis quelques jours, je me piquais niveau drogue, avec Luke, mais là je ressentais le besoin de reprendre cette drogue puissante qui m'envoyait dans les étoiles. Oui, je voulais atteindre ces étoiles là haut car au moins je suis sur d'être en sécurité. Je crois bien que j'étais folle. J'appuyai ma tête contre le mur et fermais mes yeux, écoutant le silence de la nuit. J'étais trop bien, posée là. Il manquait quelque chose mais je sais pas quoi. Mais soudain, j'entendis des pas se rapprocher de moi. Je me redressai sans vraiment me lever. Soit un mather était pas couché, soit quelqu'un voulait vraiment me faire chier. Mais le jeune homme qui vint me rejoindre dehors c'était Jeno. J'étais soulagée et quand même contente de le voir. C'était un bon pote, sincèrement et on prenait l'habitude de fumer quelques joints ensemble à n'importe quelle heure. « tu m'as foutu les boules. »  dis-je en riant doucement. Le vice-président mather s’essaya à côté de moi et je tournais ma tête vers lui, en détaillant les traits de son visage. « t'as pas sommeil non plus?» je tirais une dernière latte sur ma cigarette avant de la jeter.

Alors que j'étais toute seule dehors à terminer ma clope, un garçon sortit aussi à son tour, s'asseyant à côté de moi. C'était mon petit Jeno, ou le mec avec qui je me prenais jamais la tête. C'était une crème ce gars, le genre de personne qu'on a pas envie de lâcher une fois qu'on apprend à la connaître. J'avais tissé quelques liens donc c'était normal que j'étais contente de le voir. Je ne fus pas indifférente au fait qu'il était torse nu avec un simple jogging. Vu son visage, il ressemblait à quelqu'un qui était resté longtemps dans son lit, à essayant de trouver le sommeil sans doutes. Sa réflexion m’arracha un petite rire aigu. « je comprends pourquoi il te manque des vêtements alors. » répliquai-je en lui souriant. Jeno me faisait souvent rire avec ses réflexions. Sérieux je crois que c'était la seule personne dans cette ville de merde qui arrivait à me distraire. Les autres, je les trouvais chiants. Le vice-président mather semblait un peu à l'ouest pendant quelques secondes. Je pouvais pas m'empêcher de jouer ma curieuse lorsqu'il me dit qu'il n'arrivait pas à dormir non plus. C'était un signe ou quoi? Tous les deux vers deux heures du mat' limite, à se retrouver comme deux clampins devant la maison. Il me demanda qu'est-ce que je foutais ici et je soupirais en haussant les épaules. « j'aime bien la nuit. c'est reposant, ça me permet de réfléchir à pleins de choses. et puis d'ailleurs ça fait un petit temps que je ne trouve pas le sommeil. j'ai l'impression que quelque chose va m'arriver, mais je ne sais pas quoi.» avouai-je un peu embarrassée qu'il puisse me prendre pour une folle. Je sortis une deuxième cigarette pour la cause. « j'arrive à un stade de ma vie où je réfléchis beaucoup, et je réfléchis tellement que ça me fait peur. je crois que je suis en train de gagner de la maturité, mais je suis pas prête pour ça.» tout le monde connaissait Emma comme la petite fifolle complètement inconsciente du danger. Mais je sais pas, quelque chose n'allait pas. Je pouvais pas tout remettre la faute sur Konrad et Grace, ça serait trop facile. Il y a autre chose aussi, mais quoi, je ne sais pas. 

Jeno faisait un bon vice-président. Franchement il était super sympa et le premier qui me dit qu'il ne l'aime pas je crois que je lui démonte la tête. Jeno c'était un peu le pote de tout le monde. Mais il savait faire la différence avec ses amis, car être ami avec tout le monde c'est être ami avec n'importe qui. Je lui parlais de mes pensées et je me rendais compte à m'écouter comme ça on pouvait me prendre pour une folle. Je ris doucement à sa remarque. Ouais c'est même pire que philosophique. La philosophie selon Emma Müller ça serait, tout le monde s'enjaille à boire à l'infini pour être heureux. N'importe quoi. Mon regard se perdait dans la fumée que Jeno recrachait, alors qu'il posa sa main sur mon genou. Je baissais le regard vers sa main en esquissant un faible sourire. Je pouvais rien lui cacher aussi. Lui mentir m'empêcherait encore plus de dormir. Je sentais son souffle à mon cou et il glissa une petite phrase à mon oreille. Je grimaçais faiblement. Je voulais pas me faire passer pour la petite victime auprès de tout le monde. J'avais l'air si mal que ça, Il était marqué sur mon front "attention danger". Mais Jeno, c'était Jeno, pas n'importe qui. « on s'est foutu de ma gueule. » avouai-je en serrant les dents. Je repris nerveusement une bouffée de ma cigarette. Rien que d'y penser ça me donnait envie de pleurer sa mère. Mais je savais pas trop comment aborder ça avec lui, car il connaissait Konrad et Grace était sa meilleure amie. Ça le faisait pas trop.  « j'ai été en quelques sortes trahie par deux personnes que j'aimais.» je posai main main sur la sienne, jouant un peu avec ses doigts histoire de me distraire un peu sinon j'allais m'effondrer. « dis-moi, ce que je te raconte, tu diras rien à Grace hein? car je sais que vous êtes très proches, beaucoup plus que moi.» en fait, Grace elle avait toujours quelque chose en plus que moi. J'étais toujours en second plan, un peu comme un jouet avec lequel on pouvait jouer si le premier était absent. Jeno n'était pas comme ça, mais Konrad si.