the moon knows. — (( aleph ))

les doigts effleurent frénétiquement les touches de ton clavier, l’esprit se laisse aller à trouver des mots à tes maux, à coucher l’histoire sur la feuille blanche. les lettres défilent à la vitesse de la lumière, emportée par tes songes, ton inspiration prenant source au fond de ton âme d’écrivaine au cœur brisé. rupture volontaire et pourtant amère, les regrets flottent désormais dans l’air, si proche de te retourner sur ton chemin pour le retrouver que t’en as des nausées. idée malsaine de replonger tête la première dans le bain d’une relation passionnelle, ta raison te rappelle pourtant sans cesse à quel point c’était la bonne décision. l’ordinateur abandonné pour enfiler ta veste, quinze minutes de retard déjà sur ton heure de départ ; la carcasse qui dévale les escaliers de l’immeuble pour fouler l’asphalte à la recherche d’un taxi pour t’emporter sur le lieu de rendez-vous. vingt-cinq minutes de retard lorsqu’enfin les talons s’écrasent aux abords du lieu de rendez-vous, tes billes qui parcourent les alentours à la recherche de sa silhouette que tu trouves à quelques dizaines de mètres de là. « aleph ! » que tu lances au loin, trottinant pour aller le retrouver et l’étreindre dans tes bras. « désolée, je suis super en retard, je me suis perdue dans mes pensées et… c’est une mauvaise excuse, c’est ça ? » tu t’arrêtes toi-même dans tes explications, comme si un souffle avait porté à ton oreille que tes excuses étaient mal trouvées.

La main qui revient recoiffer tes mèches en bataille, tu envoies le dernier mail de la journée au nom de ta supérieure. Un message loin de ravir son destinataire mais nécessaire pour coordonner la jeune autrice en retard dans ses délais d’écriture. D’ordinaire ce n’est pas ton job mais la dite personne en charge de le faire s’est faite porté pâle pour soit disant maladie. Le reste ne te regarde pas mais tu doutes tout de même. Ceci étant fait, tu fermes ton ordinateur portable que tu ranges dans ta mallette avant de récupérer ta veste que tu enfiles et de quitter les lieux. Tu ne prends pas la peine de saluer tes collègues qui occupe la salle de pause depuis près d’une heure. Tu prends l’ascenseur pour rejoindre le parking où tu as laissé ta voiture. Tu laisses ta mallette à l’intérieur avant de te diriger à pied en direction du centre de Boston où tu dois rejoindre Simo. Un regard à ta montre t’indique que tu es largement dans les temps pour rejoindre le point de rendez vous à pied. Dix minutes plus tard, tu arrives à destination le premier sur les lieux. Tu en profites pour jeter un oeil à tes appels dont un de ta figure maternelle qui te menace d’appeler ton frère si tu ne réponds pas. Tu reconnais bien là Mme Wertheimer, elle a beau être malade et elle reste toujours la même. Ton appellation retentit dans la ruelle principale du centre ville, la voix de la jeune brunette. Tu esquisses un sourire en la voyant, range ton téléphone alors qu’elle t’offre une étreinte. Tu secoues la tête en l’entendant évoquer une excuse … « C’est un bon argument en soit … tu penses trop souvent il faut le dire ! ». Commences-tu en rigolant amusé avant de poursuivre sur le même timbre bienveillant et mutin à la fois. « Tu es toute pardonné. Bon alors comment ça va sinon ? ».

les excuses fusent à peine ton corps arrivé à hauteur du sien pour l’étreindre, t’arrêtant toi-même dans ton monologue en estimant que celles-ci sont potentiellement mauvaises. aleph t’assure que c’est un bon argument et, surtout, que tu penses trop souvent, ce qui a le don de t’arracher un rire franc, adoucissant dès lors les traits de ton visage. tu t’écartes finalement, le laissant désormais libre de ses mouvements alors qu’il en profite pour te demander comment tu vas, t’assurant par la même occasion que t’es pardonnée. haussement d’épaules qui se fait naturellement. « j’ai quitté arnold… mais ça va, hein ! » que t’assures, tes yeux s’écarquillant pour appuyer tes mots et convaincre ton interlocuteur. « enfin, ça dépend des jours… voire même des heures, en fait. » à deux doigts de craquer à chaque instant pour lui renvoyer un message. pourtant, interdiction pour toi de céder à la tentation que cela représente pour tout ce que ça t’apporterait de mal. « mais ça va, promis ! » t’insistes. cette fois, c’est surtout toi que tu tentes de convaincre, pourtant d’ordinaire toujours positive. « et toi, comment tu vas en ce moment ? » demandé à ton tour en commençant à marcher sans but précis.

Les deux mains dans les poches, tu la taquines un peu en lui disant qu’elle pense encore trop souvent. Elle hausse les épaules avant de te dire de but en blanc en répondant à ton interrogation qu’elle a quitté Arnold, mais que ça va.  « Je suis désolé ma belle ... » fronces légèrement ton sourcil gauche, quelque peu sceptique. Elle finit par te dire que ça dépend des heures, des minutes. Tu la connais assez pour savoir qu’elle prend sur elle parce qu’elle est à deux doigts de craquer devant toi. Sims insiste encore et ton silence la pousse à te poser la même question, histoire de changer de sujet. Elle entame la marche et tu la rattrapes rapidement en passant une main autour de ses épaules. Une étreinte légèrement, apaisé histoire de lui ravir un sourire. « Je vais comme je vais j’ai envie de te dire mais bon en ce moment avec la reprise, j’ai des stagiaires à m’occuper. Et aujourd’hui on s’occupe de toi ! »