BILLIE ► Brynja Jónbjarnardóttir

1er janvier 1992, Indianapolis.
Alors que tout le monde fête la nouvelle année et trinque au champagne, moi j'oblige mes parents à rester coincer dans un hôpital. J'ai eu la merveilleuse idée d'arriver quelques jours plus tôt que ce qui était prévu et ma famille, assise dans le couloir en tenue de soirée, attendait que ma mère veuille bien finir ce qu'elle avait à faire. Certains auraient peut-être préférés danser jusqu'au bout de la nuit, mais pas le choix ! Maintenant que vous y êtes vous restez jusqu'au bout.
C'est aux alentours de trois heures du matin que mon premier cri ce fit entendre. Ma mère se rallongea, épuisée, mon père faillit vomir, j'aurais pu sortir propre, et ma famille dans le couloir, épuisée, n'avait qu'une chose en tête: "putain c'est pas trop tôt". Me voilà enfin, la deuxième fille de Kacee et Yan Mathesson. Ma grande sœur Joyce âgée de trois ans nous attendais sagement à la maison.

1er janvier 2002, Indianapolis.
Mes 10 ans. Je me souviendrai toujours de cette journée je crois. Je me tenais devant un magnifique gâteau, prête à souffler mes 10 bougies. Je me sentais grande, c'est peut-être débile mais 10 ans m'a toujours semblé être une grande étape de ma vie. C'est comme pour la majorité. Bon, honnêtement je n'ai pas vu de grande différence. Voir aucune, ma vie est restée telle quelle. En parlant de ma vie, je crois devoir dire quelques mots sur cette enfance qui venait, pour moi, de se terminer.
Mon père travaillait dans le commerce international et n'était donc pas souvent à la maison. En fait, très rarement. Les moments que je passais avec lui se passaient en cout de vent car il avait toujours quelque chose à faire: un rendez-vous, un grand meeting, un avion à prendre... Quant à ma mère... Ah ça, c'est une autre histoire. Pas de travail. Pourquoi travailler lorsqu'on a un merveilleux mari qui gagne énormément ? Mais ce n'est pas pour autant qu'elle était présente. C'est le genre de femme qui, elle aussi, avait toujours quelque chose à faire: coiffeur, manucure, shopping, restaurant entre amies... En fait c'est surtout ma grand-mère qui nous a élevé moi et ma sœur. Et jusqu'à l'adolescence, je n'y voyais aucun problème. C'est en grandissant que je me suis rendue compte qu'en réalité, ce n'est pas ça une famille.

15 juin 2010, Cambridge.
Pendant longtemps j'avais envié ces familles unies dont les parents soutenaient toujours leurs enfants. Mais maintenant que j'avais 18 ans, je réalisais que j'avais toujours su me débrouiller sans et que je pouvais très bien continuer ainsi. Après tout, j'avais toujours ma grande soeur. Étant très proches, je ne me souviens d'aucun mauvais moment à ses côtés. Joyce étant plus âgée elle m'a toujours épaulée et conseillée. Mais je reconnais qu'aujourd'hui, j'ai besoin d'indépendance et j'aimerai voler de mes propres ailes. Ce qui pour moi signifie: adieu Indianapolis, bonjour Cambridge. Ma sœur et moi avions décider de nous rendre dans cette ville et intégrer la prestigieuse université d'Harvard. Je ne crois pas que mon père soit au courant d'ailleurs...

Mais ce n'est pas le plus importants. Cela fait deux ans que nous sommes ici et à aucun moment je n'ai regretté cette décision. Pour l'instant, ce sont les plus belles années de ma vie.