SANTA SECRET. [Yuri d'Harcourt]

Le message de Saga, j’ai dû le lire et le relire au moins quinze fois pour être certain qu’il ne s’agisse pas d’une erreur. Mais non, elle a bien mentionné mon prénom – difficile de se dire qu’elle ait deux Yuri d’Harcourt dans ses contacts – ainsi qu’un lieu de rendez-vous. Le suspens est à son comble quant à la raison, et ma curiosité me titille les sens alors que je me rends bonne en mal an à destination, sans autre moyen de locomotion que les transports en commun. A croire que je sois le genre de « gosse de riche » qui refuse d’étaler la chose sur la place publique. Hélas pour moi, ralentissement du métro et me voilà à la bourre pour rejoindre la jolie blonde, m’obligeant à courir afin de la rejoindre. Faut-il que mon endurance soit bonne pour n’accumuler que cinq minutes de retard. J’ai du bol, je suis en plein quart d’heure de politesse que je lance en arrivant devant elle, tâchant de ne pas la faire sursauter en prime alors qu’elle prononce mon prénom. Si tu veux beugler contre quelqu’un, c’est le métro le responsable que je reprends en passant une main sur mes cheveux noirs, complètement mis en bataille par ma course. Yuri d’Harcourt, à votre service demoiselle ! J’essaie de la dérider, mais quelque chose me susurre que c’est pas gagné-gagné. Tu voulais me voir ?

Okay, pas franchement délicat de lui dire que beugler contre moi ne sert à rien, mais je reste réincarné en éléphant dans un magasin de porcelaine, je n'y peux rien. Plus j'essaie d'être doux et moins je parviens à l'être. La dernière fois qu'on m'a demandé de m'asseoir, c'était mon paternel parce que je voulais pas accepter un suppositoire... que je baragouine en la regardant droit dans les yeux de mes iris saphirs, pas encore persuadé que Mia capte mon trente-sixième degré. L'image du riche Harcourt chassant son fils adoptif dans l'intégralité d'une propriété anglaise pour qu'il accepte ce genre de médicament m'arrache cependant un rire amusé. Après tout, si personne d'autre ne se marre face à ma connerie, autant que j'en ai la primeur, pas vrai ? Père N... Pour le coup, si je m’assoie, c'est de surprise. D'ordinaire Noël n'est rien de plus qu'une date comme toutes les autres sur un calendrier. Du moins le pensais-je jusqu'à me retrouver avec un sac, avec un je-ne-sais quoi d'apparemment fragile. Mes mains se mettent légèrement à trembler et il me faut user de toute ma force pour ne pas prendre mes jambes à mon cou sous l'effet de l'émotion. Des infos sur moi, hein... je serais curieux de savoir lesquelles que je reprends, luttant contre un silence qui n'aide en rien l'émoi intérieur qui me secoue. J'ouvre un premier paquet, puis un second, et me retrouve plus gâté que jamais avec des objets que je n'aime pas... mais j'adore. Incapable de la regarder dans un premier temps, je dépose soigneusement mes présents à mes pieds pour m'emparer d'un paquet conséquent apporté pour l'occasion. Je... c'est pour toi que je bafouille maladroitement, tâchant de retrouver un rien de cervelet en occupant les mains de Mia, non sans me rendre compte que ce dernier s'est définitivement fait la malle.